Page images
PDF
EPUB

pourquoi le pluriel, sinon pour rendre ne prétendons pas que cette correction ne laisse plus compte jusqu'à un certain point de йiów Tɛ? Il en est rien à désirer, mais nous la donnons ici comme préde même du pluriel didaszahív. Xperty Tε quia, choses férable encore à celle de Werfer, et pour qu'elle fraye utiles au peuple, se rapportant au sous-entendu la route à une meilleure.

πραγμάτων, et non à διδασκαλιών, est totalement inad- La seconde époque de la philosophie grecque, qui missible, sans compter que si Héraclite eût voulu dire va depuis Socrate jusqu'aux Alexandrins, et embrasse que le peuple n'a pas le sentiment des choses qui sont les cinq grandes écoles des platoniciens, des péripatéutiles au peuple, il aurait répété dý. M. Creuzer ticiens, des épicuriens, des stoïciens et des scepticite la correction de Werfer sans se prononcer d'au-ques, a laissé beaucoup plus de monuments que la cune manière ni fournir aucune lumière. Il se contente première, et il en devait être ainsi. En effet, c'était de remarquer que cette pensée d'Héraclite a été imi- alors le temps où l'esprit grec, dégagé de tout élément tée par Euripide (Iphig. Taur. 678), et d'indiquer et presque de tout contact étranger, après avoir trales variantes de ses manuscrits. Voici ces variantes : versé les mythes qui présidèrent et suffirent à son enau lieu de tis yàp pyoi, le manuscrit de Hambourg et fance, et les deux tendances opposées de l'empirisme deux manuscrits de Munich donnent ris yàp aùtv, ionien et de l'idéalisme dorien, les combat et les réfute pyo; au lieu de ¿ów, un manuscrit de Munich ziw; l'une par l'autre, ou plutôt les combine ensemble, et, au lieu de dìdoxaλi, un manuscrit de Munich didas- réunissant à la sévérité dorienne la liberté des Ioniens, xáλ, et rien de plus. Le manuscrit de Paris donne (1): vivifiant la première par la seconde, épurant la seconde Tíc yàp aùt☎v, pyci, vćos y ppùv, dýμwv aidous yπíówv te par la première, commence dans Athènes, c'est-à-dire, καὶ διδασκάλῳ χρειῶν τε ὁμίλῳ, οὐκ εἰδότες ὅτι... Διδασκάλῳ non plus dans une petite ville d'une colonie obscure, óμia est une très-bonne leçon qui peut aider à ré- mais dans la capitale même de la civilisation grecque, soudre les autres difficultés. Le point fondamental que une philosophie véritablement grecque, une ère noun'a pas aperçu M. Werfer, est qu'il faut mettre ouvelle qui, dans les arts de la pensée, est précisément ɛidores en rapport avec ce qui précède; et pour cela ce qu'est celle de Phidias et de Sophocle dans les arts il faut trouver quelque verbe au pluriel or ce verbe se présente à nous dans xpɛião te qui est peut-être là pour xpãyτai, ce qui éclaircirait déjà la phrase controversée. Quelle peut être, dit Héraclite, l'intelligence ou le bon sens de pareilles gens, víc gàp aûtāv v005

; car nous regardons encore comme un point incontestable que aútŵy vôos y ppù”, que donnent les manuscrits, doit subsister et former une phrase séparée; quel peut être leur bon sens, eux qui prennent le peuple pour maître, ne voyant pas que..... didxoxáλw χρῶνται ὁμίλῳ, οὐκ εἰδότες ὅτι. Reste δήμων αἰδοῦς ἐπιόων Tɛ xai'; mais il est probable qu'il en est du Tɛ de

du dessin et de la parole. Deux hommes ont attaché leur nom à cette grande époque, deux hommes d'un génie différent mais égal; car si Platon est supérieur à Aristote pour les idées, Aristote est supérieur à Platon pour la forme. Depuis Platon, le fondement de la philosophie et toutes les bases de son développement ultérieur sont posées ; depuis Aristote, la forme et la méthode de ses ouvrages est restée et restera la forme nécessaire de la philosophie, pour jamais arrachée à toute autre autorité et à tout autre guide que la raison seule, l'évidence naturelle et la puissance de la vérité, libre de toute alliance étrangère. Heureusement il était impossible que ces deux grands hommes, entourés comme ils l'étaient de toutes les ressources d'une civilisation avancée, n'élevassent point des monuments assez nombreux et assez solides pour résister au moins en partie à toutes les causes de destruction. Aussi la plupart de leurs ouvrages sont-ils arrivés jusqu'à nous ; et si quelques-uns ont péri, en revanche on leur en a beaucoup attribué qui ne leur appartiennent pas. Platon et Aristote, comme auparavant Pythagore, Orphée et peutêtre Homère, ont éclipsé de leur gloire celle de leurs successeurs et imitateurs immédiats, et l'on a rapporté aux maîtres les meilleurs ouvrages sortis de leur école. Voila pourquoi il n'est pas inutile de constater quels sont, aux différents âges de l'antiquité, les écrits que l'on a regardés comme appartenant ou n'appartenant

Tɛ comme du tɛ de Xpɛ, et qu'il est la terminaison d'un verbe passif ou moyen au présent et à la troisième personne du pluriel. C'est ce verbe qu'il faut retrouver dans αἰδοῦς ἐπιόων τε. Μπιόων τε est vicieux et ne peut rester. Il y a sur ce mot une variante, elle ne sert à rien, mais elle prouve que íów Te est douteux, et autorise sur ce point une correction un peu forte. Or, en fondant ziwy te avec aidous, on peut obtenir aids vrai, et si aidõõvτai paraît trop court pour la place matérielle des deux mots qu'il remplace, on peut y substituer aiʊxúvyrai, en changeant du en μov. Ainsi en résumé on lirait : Tís yàp aùtív, quoi, νέος ἢ φρὴν; δῆμον αἰσχύνονται καὶ διδασκάλῳ χρῶνται ὁμίλῳ oùx eidóteg őt.......... Insensés qui prennent garde à l'opinion du peuple et prennent pour maitre la multitude, ne voyant pas que le grand nombre ne vaut rien. Nous pas à Platon ou à Aristote; et un des moyens de par

(1) Voyez l'édit. de Paris, t. ш, p. 115-116.

venir à ce résultat est de constater d'abord quels sont, à ces différents àges, ceux de leurs écrits qui sont

mentionnés par les auteurs. Quand, par exemple, nir dans la partie perdue ce qui manque dans celle qui

ouvrage qui peut être ou le Traité de l'Ame, ou les Caté-
gories, ou les Topiques (25): car il est à remarquer que,
pour Aristote, les ouvrages ne sont jamais expressément
désignés, et que ç'a été la tâche, toujours habilement
remplie, du savant éditeur, de retrouver les écrits
d'Aristote auxquels se rapportent les allusions indi-
rectes du philosophe alexandrin (26). Les péripatéticiens

on trouve que tel ouvrage, répandu aujourd'hui sous nous a été conservée, et qui forme déjà un vol. in-8°
leur nom, n'est pas cité une seule fois avant une épo- de 340 pages. L'autorité d'Aristote est moins souvent
que assez récente, on peut tirer de ce silence, quoique invoquée par Proclus que celle de Platon : les seuls
avec une extrême circonspection, des inductions sur ouvrages cités sont les Analytiques postérieures (20), le
le plus ou moins d'authenticité de cet ouvrage. C'est | Traité du Ciel (21), les Morales à Nicomaque (22), la
dans cette vue que nous donnerons ici la liste des écrits Métaphysique (23), la Rhétorique (24), et un autre
de Platon et d'Aristote que Proclus cite dans ce com-
mentaire sur l'Alcibiade, bien convaincu que de pareils
relevés, quand ils seront nombreux, fourniront des
données utiles à la critique moderne. Les dialogues de
Platon que Proclus cite le plus souvent, outre l'Alci-
biade, sont la République (1), le Timée (2), le Gorgias (5),
le Théetète (4), le Phèdre (3), le Banquet (8), le Phédon (1)
et les Lois (s). Le Sophiste (9), le Philèbe (10), le Politi-ne sont cités qu'une fois (27), ainsi que Théophraste (28).
que (11), le Cratyle (12), sont moins souvent mentionnés, Nous ne trouvons pas non plus de renseignements
ainsi que le Protagoras (15), le Ménon (14), l'Apo- importants sur les écoles inférieures, qui remplissent
logie (15), le Charmide (16), le Lachès (17), le Théagès (18), la seconde époque. Les épicuriens ne sont cités qu'une
et les Lettres (19). Voilà les seuls dialogues dont il soit ici seule fois (29); et dans un commentaire sur un dialogue
question, et il est à remarquer que, dans tout ce com- tellement empreint de stoïcisme, que M. Boëck a pu,
mentaire sur l'Alcibiade, jamais ce dialogue n'est appelé sans invraisemblance, l'attribuer à un stoïcien, nous
le premier Alcibiade, excepté dans le titre, qui évi- avons trouvé tout au plus quatre ou cinq maximes
demment n'est pas de Proclus, et que jamais il n'est stoïques déjà connues que nous ne rapporterons pas
parlé d'un second Alcibiade, silence bien étrange si ici, mais qui eussent mérité une mention dans l'index
Proclus l'eût connu ou l'eût jugé de Platon. Il est encore de M. Creuzer (50). Il ne faut pas oublier qu'il est plu-
à remarquer que jamais non plus il n'est fait mention sieurs fois question d'Antisthènes, dont il nous reste si
de la seconde inscription du dialogue: ÿæεpì ȧvôρúñοv | peu de chose; et si la première citation (31) ne nous
púcɛws; pour la trouver, il faut descendre un siècle
entier après Proclus, jusqu'à Olympiodore, sans parler
de Diogène de Laërte dont l'autorité représente, il est
vrai, celle des critiques où il a dû puiser. La critique
avait sans doute des arguments supérieurs, et, comme
on dit, des arguments intrinsèques, pour nier l'au-
thenticité du second Alcibiade et de la seconde inscrip-
tion du premier; mais le silence absolu d'un philo-
sophe du ve siècle, dans un commentaire spécial de
F'Alcibiade, est un argument extérieur que la critique Comme la seconde époque de la philosophie grecque
ne peut pas non plus négliger, et que lui fournit la est déjà le résumé et la conciliation des tentatives op-
publication de ce commentaire, avec cette réserve posées de la première, de même la troisième n'est autre
toutefois que le commentaire est incomplet, et pourrait chose que l'entreprise bien autrement difficile de rame-
à la rigueur, mais contre toute vraisemblance, conte-ner à l'unité toutes les écoles, qui, parties du même

[ocr errors]

|

apprend guère que ce que nous savions déjà par Athé–
née, l'opinion sévère du rigide Antisthènes sur l'élé-
gant et voluptueux Alcibiade, si la seconde se rapporte
au même sujet (32), la troisième citation nous conserve
une phrase entière du plus célèbre de ses ouvrages,
dont le nom seul est venu jusqu'à nous, l''Hpaxλÿç (33).
Mais l'importance historique de ce commentaire s'aug-
mente quand on arrive à la troisième époque de la
philosophie ancienne.

[ocr errors]

(1) P. 21, 29, 70, 74, 75, 90, 99, 110, 157, 160, 197, |(14) P. 185, 329. — (15) P. 39, 79, 159. — (16) P. 160.
214, 218, 223, 317. (2) P. 3, 26, 44, 51, 65, 72, 73, 74, | (17) P. 235. — (18) P. 79. — (19) P. 183. — (20) P. 247, 275,
112, 134, 165, 202, 207, 247, 291, 322. — (3) P. 138, 220, 338; on ne retrouve pas dans Proclus la citation des pre-
235, 256, 272, 289, 303, 310, 323. (4) P. 28, 42, 82, mières Analytiques indiquée dans l'index de M. Creuzer,
110, 112, 153, 214, 228, 262 (cette citation manque dans sous la p. 35.—(21) P. 162, et peut-être aussi dans le même
l'index), 284. — (8) P. 26, 29, 36, 56, 77, 79, 84, 117, 147, endroit la Politique.— (22) P. 221.—(25) P. 168.— (24)P. 23.
148, 174, 227, 272, 306, 320, 328; l'index marque, 264, - (25) P. 257.- (20) Ως φησιν 'Αριστ., ὡς εἴρηται ὑπὸ τοῦ
une citation qui manque.· (6) P. 30, 35, 46, 58, 64, 69, Apect. (27) Voyez p. 170, t. m de l'édition de Paris. Cette
72, 89, 129, 131, 189, 313, 329, 330; l'’index marque, p. 183, | indication manque dans l'index de M. Creuzer.— (28) P. 189,
une citation qui manque. (7) P. 5, 75, 174, 191, 217. t. III, de l'édition de Paris. ·(29) P. 170 de l'édition de
− (8) P. 3, 59, 97, 103, 113, 160, 221, 293; l'index | Paris.— (30) Edit. de Paris, t. m, p. 59, 64, 158, 170.—
marque, p. 195, une citation qui manque. (9) P. 210.|(31) P. 98, Creuzer.- (52) P. 114, ibid. — (33) Voyez p. 259
L'index marque, p. 34, une citation qui manque. du t. n de l'édition de Paris; ce morceau précieux n'est
(10) P. 153.— (11) P. 191.— (12) P. 22, 193.— (13) P. 253. - pas dans l'index de M. Creuzer.

-

-

[ocr errors]

tronc, de Platon et d'Aristote, s'étaient, dans leurs | hérésie grave qu'il combat avec soin, s'efforçant de ramifications et leurs développements, tellement divi- prouver, d'après les principes de l'orthodoxie païenne sées et combattues, qu'elles ne présentaient plus, vers telle que la maintenaient les Alexandrins, qu'à la rile premier siècle de notre ère, que le spectacle d'une gueur les démons ne sont pas des dieux, mais des langueur mortelle et d'une complète dissolution. La intermédiaires entre les dieux et le monde, les minisbase exclusive d'une des écoles particulières de la tres des dieux, soit dans la nature, soit dans l'âme seconde époque ne suffisait plus à l'esprit humain, humaine. Porphyre n'est ici mentionné qu'une seule agrandi par le combat même et l'anarchie des anciens fois, mais avec cela de particulier qu'il est désigné systèmes et par ses communications nouvelles avec sous le nom de l'Égyptien, ó Aiyúztios, parce qu'il l'Égypte, la Perse et ce même Orient, qui avait déjà était de Tyr en Célésyrie, et nous ne nous rappelons fourni à la Grèce ses premières inspirations. Le pro- pas que Porphyre soit ailleurs désigné de cette magrès des temps, trois siècles de critique, le goût de nière (3). Mais c'est relativement à lamblique que ce Feradition, la diffusion des connaissances, l'état géné- commentaire de Proclus nous fournit des renseigneral du monde, les conquêtes d'Alexandre et de Rome, ments curieux et complétement nouveaux. En effet, la substitution d'Alexandrie à Athènes comme capitale si nous ne nous trompons, il résulte de plusieurs pasde la civilisation, toutes les religions et toutes les doc-sages qu'Iamblique avait lui-même composé un comtrines se rencontrant perpétuellement dans ce rendez-mentaire sur l'Alcibiade, et Proclus nous a conservé vous de tous les peuples, tout imposait à l'esprit grec de quoi nous faire une idée juste et étendue de l'oula nécessité de s'élever à un point de vue universel, vrage entier. Nulle part ailleurs dans l'antiquité il n'est en restant fidèle à lui-même, c'est-à-dire aux idées de fait mention de ce commentaire d'Iamblique, et le Platon et à la méthode d'Aristote. La philosophie même auteur qui nous révèle la perte que nous avons grecque à Alexandrie, au deuxième siècle de notre ère, faite, nous aide en même temps à la réparer. Nous devait être éclectique, et elle le fut. Voilà ce qui expli- indiquerons ici successivement les passages de Proque en partie l'intérêt qu'elle commence à exciter clus qui peuvent servir à reconstruire en partie le dans un état du monde assez peu différent de celui qui commentaire perdu d'Jamblique. la produisit, aujourd'hui que la philosophie moderne, jeune encore mais déjà embarrassée de ses richesses, songe moins à les augmenter qu'à s'en rendre compte, et sent le besoin d'un sage éclectisme sur la double base de l'ancien spiritualisme et de l'analyse nouvelle; voilà ce qui explique aussi le zèle de quelques personnes à la tête desquelles est assurément l'illustre auteur de la Symbolique, pour tirer de l'oubli et remettre en honneur les monuments de l'école d'Alexandrie, et ce qui justifiera le soin presque minutieux avec lequel nous allons rechercher dans cette publication nouvelle de M. Creuzer les moindres documents qu'elle pourra nous fournir sur la suite des philosophes alexandrins jusqu'au siècle de Proclus. On n'y trouve, relativement à Plotin, que trois passages (1) peu importants; mais on est bien dédommagé par une assez longue citation d'Amélius (4), qu'il faut recueillir et ajouter au petit nombre de fragments qui nous restent de ce disciple célèbre de Plotin. Il parait qu'Amélius, et nous le savions déjà par Porphyre dans la vie de son maître, s'était beaucoup occupé de la question théologique qui agitait alors tous les esprits, celle des démons. Proclus nous apprend positivement que, selon Amélius, les démons n'étaient pas autre chose que les dieux eux-mêmes considérés comme répandus partout, opinion qui semble à Proclus une

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

1o L'Alcibiade (4) étant le point de départ de toute philosophie, c'est sans doute pour cela, dit Proclus, qu' lamblique le met à la tête des dix dialogues dans lesquels, selon lui, est concentrée toute la philosophie de Platon. Mais quels sont ces dix dialogues fondamentaux, quel est leur ordre, et comment contiennentils tous les autres? C'est ce que nous avons expliqué ailleurs. M. Creuzer ne dit point où Proclus avait donné ces explications qu'il serait aujourd'hui si précieux de connaître, et nous avouons que nous ne savons pas plus que lui dans quel ouvrage de Proclus on peut les trouver. D'un autre côté, nous ne voyons, dans aucun ouvrage qui nous reste d`lamblique, la réduction de tous les dialogues de Platon à dix et l'Alcibiade mis au premier rang. Il n'y aurait pas là pourtant de quoi faire conclure précisément l'existence d'un commentaire perdu d'lamblique sur l'Alcibiade, si les passages suivants ne levaient tout doute à cet égard.

2o Proclus (5), après avoir bien fixé le but de l'Alcibiade, passe en revue les opinions les plus célèbres sur la manière de le diviser, et finit par déclarer qu'il adopte entièrement celle d'Iamblique, qui divise l'Alcibiade en trois grands points, auxquels se rapporte tout le reste. Ces trois points, le but fondamental du dialogue, savoir, la connaissance de soi-même, préalablement fixée, sont :

1° L'art de retrancher les erreurs de l'esprit qui s'opposent à la vraie connaissance de nous-mêmes;

2o L'art de retrancher les passions qui s'opposent c'est toujours le point de vue théologique qu'Iamblique à la vertu, troublent la conscience et la vue distincte recherche et préfère.

de nous-mêmes;

Toutes ces citations, tant sur des points importants

3o L'art de rentrer en soi, de s'élever par tous les que sur d'autres qui le sont moins, établissent incondegrés de la conscience à la contemplation de l'essence testablement que Proclus avait sous les yeux un comde l'âme, et l'art de retenir et d'épurer cette contem-mentaire d'Iamblique sur l'Alcibiade, qu'on pourrait plation. presque reconstruire à l'aide des fragments qu'il nous

Tout dépend de ces trois points, qui dépendent a conservés. eux-mêmes du but principal; et c'est dans cette divi

Proclus nous apprend encore qu'outre lamblique, sion vraiment philosophique que trouvent leur place l'Alcibiade avait trouvé beaucoup d'autres commenles autres divisions tirées de l'ordre logique et de tateurs célèbres (5); malheureusement il ne les nomme l'ordre oratoire.

Ce morceau, que nous avons fort abrégé, lève déjà toute difficulté, puisque Iamblique est positivement cité parmi les autres commentateurs de l'Alcibiade, et qu'on nous fait connaître son opinion sur les deux points les plus importants pour un commentateur, le but du dialogue et ses divisions. Resterait à savoir quelles étaient les idées d'Iamblique sur les endroits les plus remarquables et les plus controversés de l'Alcibiade; or on les trouve développées ou indiquées par Proclus, à mesure que l'on avance dans l'ouvrage que nous examinons.

pas.

Ces commentateurs ne s'entendaient pas assez sur le but de l'Alcibiade (6).

Quelques-uns de ces anciens commentateurs, semblables en cela à beaucoup de modernes, ne voyant dans les dialogues de Platon que ce qui est à la surface, гарportaient l'Alcibiade à la personne même d'Alcibiade, et le considéraient exclusivement sous le point de vue de l'histoire et du drame. Proclus, en deux endroits, réfute cette opinion superficielle : « La science, dit-il (7), ne considère pas ce qui est propre à un seul individu, mais ce qui est universel, et s'applique à tous les êtres. Et plus bas: «Un point de vue purement historique et dramati

que est indigne d'un philosophe. Ici le drame et l'histoire ne sont pas le but, comme l'ont pensé quelques commentateurs, mais de simples moyens qui se rapportent au but philosophique de l'ensemble, comme l'ont pensé nos maîtres, et comme ailleurs nous l'a

3° Socrate appelle Alcibiade fils de Clinias; à cette occasion, Proclus ne manque pas de prêter à Platon (1) les intentions mystiques des pythagoriciens, qui se servaient des appellations patronymiques dans un but moral, et il s'appuie sur l'autorité d'Iamblique. Cette expression (fils de Clinias), dit-il, convient merveilleusement dans un entretien où il est ques-vons exposé nous-même (8). » Ces maîtres doivent

[ocr errors]
[ocr errors]

<tion de l'amour, comme le dit le divin Iamblique; car l'appellation patronymique indique un amour ‹ mâle et éloigné de toute idée sensuelle; dans un ‹ordre supérieur, tout amour se rattache au père. Cette explication d'une expression de l'Alcibiade ne pouvait guère trouver sa place que dans un commentaire spécial sur ce dialogue.

4o Proclus cite encore (2) l'opinion d'Iamblique sur le passage célèbre de l'Alcibiade, où Socrate parle de son démon familier, et plus loin (3) sur la question générale des démons. Après avoir exposé les objections, il rapporte et développe, d'après lamblique et d'après Syrien, trois considérations qui, selon lui, peuvent servir à les résoudre. Ce fragment est extrêmement précieux; mais son étendue, qui d'ailleurs est un avantage de plus, nous force à le signaler seule ment à l'attention des amis de la philosophie ancienne.

5o Enfin, sur une expression de Platon, Proclus nous donne d'abord (4) l'explication verbale et ensuite l'explication théologique d'Iamblique, qu'il appelle presque toujours le divin, ó 0ɛos, parce qu'en effet

---

être Iamblique et Syrien, qu'ailleurs, comme nous l'avons dit plus haut, il cite encore, sans les séparer, sur un point important de ce dialogue; ce qui nous porterait assez à croire que Syrien aussi avait réellement commenté l'Abcibiade, ou que, du moins, c'est sous les auspices et d'après les leçons de Syrien, son maître (9), que Proclus avait rédigé ce commentaire, comme Marinus nous apprend que Proclus l'avait fait pour d'autres dialogues de Platon, et entre autres pour le Timée (10). Quant à l'ouvrage de Proclus, auquel Proclus lui-même nous renvoie, nous ne pouvons dire quel il est. C'est probablement un des nombreux ouvrages perdus de Proclus; car, dans tous ceux qui nous réstent, nous ne rencontrons rien qui se rapporte à ce passage, et M. Creuzer, dans ses notes, ne nous fournit aucune lumière.

D'autres commentateurs n'avaient vu à l'Alcibiade qu'un but dialectique et oratoire, comme si (11) la rhétorique et la dialectique étaient autre chose que des moyens. D'autres enfin avaient considéré l'Alcibiade sous le rapport religieux et mythologique, paree

(1) Ρ. 25. — (2) Ρ. 84.- (3) Ρ. 88.- (4) P. 126. (8) "Αλλων Ὥσπερ καὶ τοῖς ἡμετέροις δοκεῖ καθηγεμόσι καὶ ἐν ἄλλοις μετρίως πολλῶν καὶ κλεινῶν ἐξηγητῶν λόγοι. (6) Ibid. Προθέσεις οἱ μὲν ὑπέμνησται. (9) Ibid. Τῷ ἡμετέρῳ καθηγεμόνι. — (40) Marilà coi để đi du thuyenpipat (7)P.7-8.–(8)P.18-19. | nus, Jie de Proclus, édit. de M. Boissonn., p.11.−(tt)P.8,

-

qu'il y est traité du démon de Socrate et de la con- réfuté ailleurs le point de vue historique et dramatemplation de l'essence divine; mais (1) la connais- tique. Le troisième passage est une allusion (4) à un sance de toute essence étrangère, que cette essence autre de ses écrits, dans lequel il avait montré que appartienne aux dieux ou qu'elle appartienne à des chaque dialogue particulier est une philosophie tout démons, a pour condition préalable la connaissance entière, et renferme quelque chose relatif au bien, de l'essence de nous-mêmes, dans laquelle nous est quelque chose relatif à l'intelligence, quelque chose donnée d'abord toute idée d'essence. C'est donc par là | relatif à l'âme, quelque chose relatif à la forme, et que Platon doit débuter, et le vrai but de l'Alcibiade quelque chose relatif à la matière. M. Creuzer ne dit est la nature humaine. pas quel est cet écrit, et il est probable que c'est encore un des écrits perdus de Proclus.

Enfin, sur la situation du monde à cette époque et sur le christianisme, il n'y a dans tout ce commentaire qu'une seule phrase, où Proclus avoue, avec une sorte de dédain amer, que la foule déserte l'ancienne religion par pure ignorance; car nous pensons, avec le glossateur du manuscrit du Vatican (5), que c'est ainsi qu'il faut entendre cette phrase: Ev γὰρ τῷ παρόντι χρόνῳ περὶ τοῦ μὴ εἶναι θεοὺς ὁμολογοῦντες οἱ πολλοὶ, δι' ἀνεπιστημοσύνην τοῦτο πεπόνθασι.

Les commentateurs ne différaient pas seulement sur le but de l'Alcibiade, ils différaient aussi sur la manière de le diviser. Proclus nous rapporte que les uns le divisaient littérairement et oratoirement d'après les catégories oratoires convenues, savoir, l'éloge, le blame, l'exhortation, etc.: mais, dit Proclus, ces commentateurs sont à trois degrés au-dessous de la vérité (2), occupés seulement de ce qu'il y a de moins important, s'attachant aux formes et oubliant les choses. Au-dessus de ces commentateurs sont ceux qui cherchent au moins à diviser l'Alcibiade selon les Tels sont les documents historiques que fournit ce lois de la dialectique, et qui le résolvent en dix syllo- commentaire. En résumé, il nous a donné plusieurs gismes, ovλ20yoμol, c'est-à-dire en dix points logiques. sentences chaldaïques qui ne sont point ailleurs; pluProclus énumère ces dix points, loue cette division sieurs fragments orphiques déjà connus, il est vrai, comme bien supérieure à la division oratoire; mais il mais seulement par cet ouvrage lorsqu'il était encore ne la met encore qu'au second rang (3), parce qu'elle inédit; une phrase nouvelle, mais fort obscure, de n'entre pas assez profondément dans les choses et l'obscur Héraclite; une autre d'Antisthènes, une dés'arrête aux formes et aux moyens. Alors il propose signation de Porphyre assez peu commune ; il appuie la division d'Iamblique en trois points essentiels, aux- la réputation d'apocryphes qu'avaient déjà le second quels peut se rapporter la division dialectique, et lui | Alcibiade et la seconde inscription du premier; il assigne le premier rang, comme étant véritablement nous apprend qu'il existait du temps de Proclus un fondée sur la nature des choses. Nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer de nouveau nos regrets que Proclus ne nous ait pas conservé les noms des différents commentateurs dont il expose et réfute si soigneusement les opinions, tant sur la division que sur le but de l'Alcibiade.

[blocks in formation]

commentaire d'lamblique sur l'Alcibiade, et nous en conserve un grand nombre de fragments qui suffisent pour nous mettre en possession de ce qu'il contenait de plus important; il nous révèle l'existence probable d'un commentaire de Syrien, et l'existence certaine de beaucoup d'autres commentaires célèbres dont Proclus ne nomme pas les auteurs, mais dont il nous rapporte les principales opinions; enfin il met sur la trace de plusieurs ouvrages de Proclus qui ne sont pas arrivés jusqu'à nous. Il nous semble qu'en voilà bien assez pour justifier les travaux de M. Creuzer et les nôtres, et placer cette publication à un rang distingué parmi les diverses publications de monuments écrits de l'antiquité qui ont été faites dans ces derniers temps (6).

citer et discuter ici toutes les locutions nouvelles qu'ajoute aux lexiques ce nouveau monument qui appartient encore à une excellente grécité. Nous nous contenterons de signaler les principales, savoir: velitTWTOs, AÙtóy›wo(5, αὐτοδύναμις, αὐτοενέργητος, πεζοφανέστερον, ἑτεροκινησία, αὐτοολότης, αὐτοφάνης, Λυραίος, μονιμότης, πολυμετάβολος, veapon penès, etc.

« PreviousContinue »