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auprès de moi, et auprès des autres dans le besoin); j'ai donc cru qu'il étoit de mon intérêt de vous proposer toutes ces difficultés : après votre décision, j'aurai, si je ne me trompe, une connoissance parfaite de tous les principes de votre philosophie. Vous ne sauriez croire combien j'estime ce bonheur; et lorsque vous m'aurez servi de sphinx sur ces questions, ce qui me sera d'autant plus agréable que vous le ferez plus promptement, à cause de la passion extrême qui me porte à vos ouvrages, vous recevrez sur la dioptrique les autres difficultés qui vous seront proposées par le plus affectionné de votre philosophie. Je suis, etc.

LETTRE DE M. MORUS

A M. DESCARTES.

(Lettre 71 du tome I. Version.)

MONSIEUR,

Je ressens une douleur bien vive de ce qu'on vous a enlevé si subitement de notre voisinage, et qu'on vous a emmené en un pays si éloigné : mais

pour ne vous rien déguiser, j'ai de quoi adoucir ce déplaisir et cette tristesse, et de quoi me consoler moi-même; en effet, ce n'est pas un petit avantage pour vous que les nations les plus reculées aient rendu un tel honneur à votre mérite, et que l'éclat de votre réputation ait pénétré avec tant de force jusqu'aux sombres climats et aux brouillards épais du septentrion; et ce qui est le plus important, que ce n'ait pas été sans fruit, puisque l'amour des belles - lettres et de ceux qui les cultivent a fait une si forte impression sur le cœur généreux de la sérénissime reine de Suède, cette illustre héroïne, que, non contente de vos. écrits et de votre réputation, elle n'a cessé de vous engager par ses lettres d'aller la voir, jusqu'à ce qu'elle ait été au comble de ses vœux : empressement qui ne manquera pas de tourner, comme je le crois, à l'avantage et à l'ornement de son royaume. Ces considérations m'ont fait supporter, je vous l'avoue, avec moins d'impatience votre départ, et en même temps la perte de cette lettre si désirée que j'attendois, comme vous l'aviez promis, avant votre départ. Bien loin de renoncer à l'espérance que j'avois conçue de la recevoir, j'ai au contraire une ferme espérance que non seulement vous honorerez d'une de vos réponses celle que je vous ai écrite auparavant, mais encore les présentes dès que vous les aurez reçues. Plein de cette confiance,

je passe à votre Dioptrique, pour venir ensuite aux Météores, s'il y a quelque difficulté qui m'y arrête, afin que je puisse décharger une fois pour toutes mon esprit de tout ce que j'avois résolu de vous proposer pour mon avantage. J'espère par là qu'après avoir fait de ma part tout ce qui étoit en moi, je me procurerai une plus grande tranquillité, et que je serai délivré de bien des doutes.

Sur la Dioptrique, discours 2, page 20, ligne 24,
figure 7, planche 1.

A cause que cette toile ne lui est aucunement opposée en ce sens-là. Il me paroît que la toile CE s'oppose en quelque façon à la balle B, même par rapport à la détermination qui la fait tendre vers la main droite; ce que je prouve ainsi :

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GH est opposé à plein à la balle B, et l'empêche entièrement de s'avancer tant du côté HE que du côté IE, c'est-à-dire vers le bas; car, comme CE ne diffère de GH, qui est opposé à plein au mouvement vers HE, que de la quantité de l'angle HBE, ou GBC, il est manifeste que CE, dans la position qu'on lui donne, s'opposera toujours avec une certaine force au mouvement de la balle vers HE; nous en serons convaincus davantage si nous supposons que CE est une superficie d'argile fort molle, et qu'une balle, si vous voulez de cuivre, est poussée d'A vers B:

elle s'enfoncera un peu dans l'argile, mais elle perdra tout d'un coup tout son mouvement, tant vers HE que vers CE, ce qui n'arriveroit point si la balle étoit poussée selon la ligne CBE; elle s'avanceroit vers HE sans aucun embarras, surtout si nous imaginons que cette balle n'a aucune pesanteur: donc la superficie CE s'oppose à la balle qui vient de A vers B par rapport à la détermination qui la porte vers HE, ce qu'il falloit démontrer.

Ibid., page 21, lig. 1.

Car puisqu'elle perd la moitié de sa vitesse. Je veux bien qu'elle perde quelque degré de vitesse, mais je ne puis comprendre, ce que vous supposez dans cet article et dans le suivant, que ce degré de vitesse n'est perdu que par rapport à CE et non par rapport à FE; car, comme cette balle n'a qu'un mouvement réel, quoique nous puissions l'imaginer composé de plusieurs déterminations différentes, si ce mouvement est diminué, quelque part que la balle s'avance, són mouvement sera plus lent après cette diminution. Ainsi ce qui porte la balle en I, et non point en D, n'est pas son plus ou moins de vitesse, mais la résistance qui est plus forte dans le grand angle CBD, et plus petite dans l'angle EBD, parceque la pointe de l'angle aigu EBD, jointe à la fluidité du liquide, doit moins résister à la balle que la pointe émous

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sée de l'angle CBD; sans cela, s'il falloit avoir recours au plus ou moins de vitesse, la balle qui est poussée de A vers B seroit portée vers D: vous n'avez qu'à considérer pour cela votre figure de la Dioptrique s'il est besoin.

Sur le Discours 2 de la Dioptrique, page 22, lig. 24.

Mais si elle est poussée suivant une ligne, comme AB, qui soit si fort inclinée sur la superficie de l'eau, ou de la toile CBE, que la ligne FE étant tirée, etc. Il faut avouer qu'il y a beaucoup de subtilité dans votre manière de montrer le chemin que doit tenir cette balle; mais il me paroît que vous n'arrivez point au but. La véritable et unique cause que vous auriez dû rapporter est la grandeur de l'angle CBD, la petitesse de l'angle EBD, et la grosseur de la balle, qui, pour se réfléchir en l'air vers L, doit d'autant moins faire baisser la ligne AB vers CE que sa grosseur est plus grande; car une grosse balle a plus de peine à ouvrir et écarter la pointe d'un angle aigu qu'à la froisser en se réfléchissant.

Ibid. page 23, lig. 13.

Qui augmente la force de son mouvement. L'augmentation du mouvement ne sert à rien pour détourner la balie, s'il ne se rencontre quelque corps qui, par sa position, en change la détermination; ce qui arrive ainsi, selon que je me l'i

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