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reils; comme les parties qui sont au centre de la terre sont visibles par elles-mêmes, quoiqu'elles ne doivent jamais paroître à la lumière de soleil, et que jamais personne n'y descende avec un flambeau.

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5. Est seulement comme la faculté de rire dans » l'homme, le proprium quarto modo de logique. » . Si la raison convenoit aussi aux autres animaux, il seroit mieux de définir l'homme un animal risible qu'un animal raisonnable; mais personne n'a encore démontré que la faculté d'être touché, ou l'impénétrabilité, soient des propriétés qui conviennent à la substance étendue, quoique tous les philosophes avouent avec raison qu'elles sont les propriétés du corps. Je puis bien à la vérité concevoir une substance étendue, qui ne soit en aucune façon tactile ou impénétrable; donc la faculté d'être touché, ou l'impénétrabilité, ne suivent pas immédiatement la substance étendue en tant qu'elle est étendue.

6. «Mais je nie qu'en Dieu il y ait une véritable » étendue, etc. »

Par véritable étendue, vous entendez celle qui est accompagnée de la faculté d'être touché et de l'impénétrabilité. Je conviens avec vous qu'elle ne se trouve pas en Dieu, dans un ange, et dans l'âme, qui sont dépouillés de matière; mais je soutiens qu'il se trouve dans les anges et dans les âmes une

étendue aussi véritable, quoique moins connue du vulgaire de l'école; que cette étendue a ses termes comme sa figure sujette à varier suivant la volonté de l'ange ou de l'âme, et que nos âmes et les anges peuvent se resserrer ou s'étendre en conservant toujours néanmoins leur même substance.

7. «Que toute idée de pure intellection vient » des images sensibles, etc. »

Je me sens quelque penchant pour cet axiome d'Aristote, il n'y a rien dans l'intellect qui n'ait passé par les sens; mais là-dessus que chacun consulte les forces de son esprit.

PREMIÈRE INSTANCE SUR LA RÉPONSE A LA SECONDE DIFFICULTÉ.

1. En sorte que l'imagination peut en trans» férer l'une à la place de l'autre. »

C'est ce que mon imagination ne peut faire ni concevoir dans un tel transport, que les parties de l'espace vide n'absorbent les autres, qu'elles ne tombent les unes dans les autres, et qu'elles ne se pénètrent mutuellement.

2. «En quoi je n'ai pas fait difficulté de m'é>> loigner du sentiment de ces grands hommes, Epicure, Démocrite, etc. »

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Je ne doute point que vous n'ayez toutes les raisons du monde de le faire; car je vous regarde bien au-dessus, non seulement de tous ces philoso

phes, mais encore de tous ceux qui ont expliqué les secrets de la nature.

3. « On ne sauroit nier que tout espace ne soit » rempli de quelque substance. >>

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Je l'ai accordé pour le bien de la paix, mais je n'en ai pas une idée bien claire; car si Dieu anéantissoit l'univers, et qu'il en créât un autre de rien long-temps après, cet inter-monde ou cette privation du monde auroit sa durée, dont la mesure seroit un certain nombre de jours, d'années, ou de siècles. Il y a donc la durée d'une chose qui n'existe point, laquelle durée est une espèce d'extension; et par conséquent l'étendue du néant, c'est-à-dire du vide, peut être mesurée par aunes ou par lieues, comme la durée de ce qui n'existe point peut être mesurée dans son inexistence par heures, par jours et par mois. Mais je vous passe, sans y être néanmoins forcé, qu'en tout espace il y a quelque substance; je ne la ferai pas néanmoins corporelle, puisque l'extension ou la présence divine peut être le sujet de ce qui peut être mesuré je dirai, par exemple, que la présence ou l'extension divine occupe une ou deux lieues dans un tel ou tel vide, sans qu'il s'ensuive que Dieu soit corporel, comme nous avons dit ci-dessus dans l'instance cinquième. Mais nous traiterons ailleurs cette question.

4. « Je dis qu'il implique contradiction qu'une » telle étendue, etc. »

Je demanderois ici volontiers s'il est nécessaire, ou qu'il y ait une étendue telle que vous la concevez dans le corps, ou qu'il n'y en ait aucune. En second lieu, puisque vous convenez qu'il y a d'autres choses que le corps qui sont étendues à leur manière, cette étendue d'analogie ou de rapport, comme vous l'appelez, ne peut-elle pas tenir la place de l'étendue corporelle, sans que cela implique contradiction, surtout cette extension d'analogie ayant tant de rapport à la véritable étendue, qu'elle est capable d'être mesurée, et qu'elle remplit un certain nombre de pieds ou d'aunes?

5. «Que tout mouvement est en quelque façon >> circulaire. »>

J'avoue que c'est une conséquence nécessaire de nécessité physique, en supposant seulement que tout est rempli de corps, et qu'aucune étendue n'excède l'étendue entière du monde, et je n'en doute point; mais je vous avoue que je n'ai pu encore comprendre comme il faut cette contradiction insurmontable dont vous parlez.

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A LA RÉPONSE sur la TROISIÈME DIFFICULTÉ.

Que l'on conçoit étendues et en même temps » indivisibles. >>

Après l'explication que vous venez de donner, il n'y a plus de différents entre nous.

PREMIÈRE INSTance sur la réPONSE A LA QUATRIÈME DIFFICULTÉ.

1. « J'avoue que je ne sais point si elles sont >absolument infinies ou non. »

Vous ne pouvez pourtant pas ignorer qu'elles sont absolument ou infinies ou véritablement finies, quoiqu'il ne vous soit pas si facile de déterminer si c'est l'un ou l'autre : toutefois ce pourroit être pour vous un signe assez certain de l'infinité du monde, que vos tourbillons qui ne se rompent point, et auxquels il ne se fait pas la moindre fente. Pour moi en mon particulier, je déclare librement que, bien que je puisse souscrire hardiment à cet axiome, le monde est fini, ou non fini, ou, ce qui est ici la même chose, le monde est infini, mon esprit ne sauroit pourtant comprendre comme il faut l'infinité de quelque chose que ce soit; mais il arrive ici à mon imagination ce que Jules Scaliger dit quelque part de la dilatation et de la contraction des anges, qu'ils ne peuvent s'étendre à l'infini, ni se réduire à un point imperceptible; cependant quand on recon

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