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SOMMAIRE HISTORIQUE

DES QUATRE EVANGILES.

Βίβλος γενέσεως Ιησοῦ Χριστοῦ, υἱοῦ Δαβίδ, υἱοῦ Αβραάμ.

Livre de la génération de JESUS-CHRIST, fils de David, fils d'Abraham &c. Matth. chap. I.

CETTE

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ETTE génération de JESUS, fils de David, a fait naître d'interminables disputes entre les doctes. Je ne parle pas des incrédules, à qui ces mots fils de David ont paru une affectation, & qui ont dit que JESUS avait été réellement le fils de DIEU même, il n'était pas néceffaire de le faire fortir de David, & qu'un roi & un berger font égaux devant la Divinité; je parle de ceux qui ne veulent avoir que des idées nettes des faits, & c'eft ce que nous allons expofer.

ΙΙ. Πᾶσαι οὖν αἱ γενεαὶ ἀπὸ Αβραὰ ἕως Δαβίδ, γενεαὶ δεκατέσσαρες.

Toutes les générations d'Abraham à David font quatorze &c. Matth. chap. I, v. 17.

L'auteur en compte encore quatorze de David à la transportation en Babylonie; & quatorze encore de la transportation à JESUS: ainfi il suppose quarantedeux générations d'Abraham à David en deux mille ans; mais, en comptant après lui exactement, on

La controverse la plus forte eft ici entre St Matthieu & St Luc. Le premier fait naître JESUS-CHRIST par Jofeph fils de Jacob, fils de Mathan, fils d'Eliud &c... Le fecond lui donne pour père Jofeph fils d'Héli, fils de Mathat, fils de Lévi, fils de Janna &c..... De forte qu'un homme peu au fait ferait tenté de croire que ce n'eft pas le même Jofeph dont il est queftion.

Il y a une difficulté non moins embarraffante. Luc compte treize générations de plus que Matthieu de Jofeph à Abraham; & ces générations font encore

différentes.

Ce n'eft pas tout. Quand ils s'accordent tous deux, c'eft alors que l'embarras devient plus grand. Il fe trouve qu'ils n'ont point fait la généalogie de JESUS, mais celle de Jofeph qui n'est point fon père.

Pour concilier ces contradictions apparentes, voyez Abadie, Calmet, Houteville, Thoinart.

ΙΙΙ. Μνηστευθείσης γὰρ τῆς μητρὸς αὐτοῦ Μαρίας τῷ Ιωσήφ, πρὶν ἢ συνελθεῖν αὐτοὺς, εὑρέθη ἐν γαστρὶ ἔχο υσα ἐκ πνεύματος ἁγίου.

Marie, la mère de JESUS, étant fiancée, avant de fe conjoindre avec Jofeph, fut trouvée portant dans fon ventre par le faint fouffle (le St Efprit.) Matth. chap. I, v. 18.

Or l'auteur facré n'ayant point encore parlé du St Eprit, on a prétendu qu'il y avait là quelque chofe d'oublié.

L'auteur du commentaire imparfait de St Matthieu dit, que Jofeph ayant fait de violens reproches à fa femme, elle lui répondit : En vérité, je ne fais qui m'a fait cet enfant.

On voit dans l'évangile de St Jacques, que fur la plainte de Jofeph contre fa femme, le grand-prêtre fit boire à tous deux des eaux de jaloufie; & que leur ventre n'ayant point crévé, Jofeph reprit fon épouse.

Nous n'entrons point ici dans le mystère de l'incarnation de DIEU : nous révérons trop les mystères pour en parler.

IV. Καὶ οὐκ ἐγίνωσκεν αὐτὴν, ἕως οὗ ἔτεκε τὸν υἱὸν αὐτῆς τὸν πρωτότο κου.

Et il n'approcha pas d'elle jufqu'à ce qu'elle enfanta fon premier né. Matth. chap. I, v. 25.

C'eft ce qui fait croire à plufieurs chrétiens, déclarés hérétiques, que Marie eut enfuite d'autres enfans, qui font même nommés dans l'évangile frères de JESUS-CHRIST.

V. ιδού, μάγοι ἀπὸ ἀνατολῶν παρεγένοντο.

Voilà que des mages arrivèrent d'Orient &c. Matth.

chap. II, v. 1.

Anatole fignifiait l'Orient. Voilà pourquoi les Grecs nommèrent l'Afie Anatolie. Nous devons remarquer, à cette occafion, que la plupart des auteurs & des imprimeurs ont grand tort d'imprimer prefque toujours la Natolie, au lieu d'Anatolie.

Ce qu'il faut remarquer davantage, c'est l'arrivée de ces trois mages, qu'on a transformés en trois rois. L'auteur dit que l'enfant étant né du temps du roi Hérode, les mages arrivèrent un mois après, & demandèrent: Où eft le nouveau né, roi des Juifs? car nous avons vu fon étoile dans l'Anatolie &c.

Toute cette aventure des trois mages, ou des trois rois, a beaucoup occupé les critiques. On a recherché quelle était cette étoile ; pourquoi il n'y eut que trois mages qui la virent; pourquoi ils prirent un enfant, né dans l'étable d'une taverne, pour le roi des Juifs; comment Hérode âgé de foixante & dix ans, & qui avait autant d'expérience que de bon fens, put croire une fi étrange nouvelle. On a fait fur tout cela beaucoup d'hypothèses. Des commentateurs ont dit que la chofe avait été prédite par Zoroastre. On trouve dans Origène que l'étoile s'arrêta fur la tête de l'enfant JESUS. La commune opinion fut que l'étoile se jetta dans un puits; on prétend que ce puits eft encore montré aux pélerins qui ne font pas astronomes. Ils devraient defcendre dans ce puits, car la vérité y eft.

Ces difcuffions occupent les favans. Il n'y a point de difpute fur la morale; elle est à la portée des efprits les plus fimples.

Il eft étrange que la commémoration des trois rois ou des trois mages foit parmi les catholiques un objet de culte & de dérifion tout enfemble, & qu'on ne connaiffe guère ce miracle que par le gâteau de la fève, & par les chanfons comiques qu'on fait tous les ans fur la mère & l'enfant, fur Jofeph, fur le bœuf & l'âne, & fur les trois rois.

VI. ιδού, ἄγγελος κυρίου φαίνεται κατ ̓ ὄναρ τῷ Ιωσήφ, λέγων· Εγερθεὶς παράλαβε τὸ παιδίον καὶ τὴν μητέρα αὐτοῦ, καὶ φεῦγε εἰς Αἴγυπ] ον eis

Voilà que l'ange du Seigneur apparut à Jofeph pendant fon fommeil, difant : Eveille - toi, prends l'enfant & fa mère, & fuis en Egypte. Matth. chap. II, v. 13.

Ce qui a le plus embarraffé les commentateurs, c'eft que ni St Jean, ni Marc, ni Luc qui a écrit fi tard & qui dit avoir tout écrit diligemment & par ordre, non-feulement ne parlent point de cette fuite en Egypte, mais que Luc dit expreffément le contraire. Car après avoir montré la multitude d'anges qui apparut aux bergers dans Bethleem, & dont St Matthieu ne dit rien, & après avoir négligé le voyage & les préfens des trois rois dont St Matthieu parle, il dit pofitivement que Marie alla fe purifier au temple, & qu'elle s'en retourna en Galilée à Nazareth avec fon mari & fon fils.

Ainfi Luc paraît contraire à Matthieu dans les circonftances qui accompagnent la naiffance de JESUS, dans fa généalogie, dans la vifite des mages, dans la fuite en Egypte.

Les interprètes concilient aifément ces prétendues contradictions, en remarquant que les différents rapports ne font pas toujours contraires ; qu'un historien peut raconter un fait, & un fecond hiftorien un autre fait, fans que ces faits fe détruisent.

VII. Καὶ ἀποστείλας ἀνεῖλε πάντας τοὺς παῖδ ας τοὺς ἐν Βηθλεέμ.

Et ayant dépêché des apôtres des envoyés) il fit tuer tous les enfans de Bethléem &c. Matth. chap. II,

v. 16.

Les critiques ne ceffent de s'étonner que les autres évangéliftes fe taisent fur un fait fi extraordinaire, fur une cruauté fi inouïe, dont il n'eft aucun exemple chez aucun peuple. Ils difent que plus ce maffacre eft affreux, plus les évangelistes en devraient parler. Ils

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