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les a fait difparaître au point qu'on ne les voyait plus. Et ainfi nous avons connu qu'il eft né un grand roi à Ifraël & nous fommes venus l'adorer. Or Hérode dit: Allez & cherchez-le foigneufement : & fi vous le trouvez, redites-le-moi afin que venant moimême je l'adore. Et les mages fortirent, & voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les conduisait, jusqu'à ce qu'elle (entra dans la caverne &) elle s'arrêta fur le haut de la caverne. (Et les mages. virent l'enfant avec Marie fa mère : & ils l'adorèrent.) Et tirant des dons de leurs bourfes, ils lui donnèrent de l'or, de l'encens & de la myrrhe. Et ayant reçu réponse d'un ange de ne pas revenir à Hérode, ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin.

X X I.

MAIS Hérode irrité de ce qu'il avait été trompé par les mages, envoya des homicides tuer tous les enfans (k) qui étaient dans Bethleem depuis deux ans & au-deffous. Et Marie apprenant que l'on tuait les enfans, frappée de crainte prit l'enfant, & l'ayant enveloppé de langes elle fe coucha dans la crèche des bœufs, (1) parce qu'il n'y avait point de place pour lui dans l'hôtellerie. Or Elifabeth apprenant que fon fils (Jean) était recherché, elle monta fur les montagnes, & regardait de tous côtés où elle le cacherait, & il n'y avait pas de lieu fecret Et Elifabeth gémiffant, dit d'une voix haute: O montagne de DIEU, (m) recevez la mère avec le fils :

(k) Les Arabes disent auffi qu'un roi des Perses fit mourir tous les enfans, à cause de Daniel. Bochart. parte 1. Hieroz. lib. & cap. 3. (1) Luc. 2, V. 7. (m) Apocal. 6, v. 16.

car Elifabeth ne pouvait pas monter. Et tout d'un coup la montagne se divifa & la reçut. Une lumière les éclaira car l'ange du Seigneur était avec eux qui les gardait.

X X I I.

OR Hérode cherchait Jean. Et il envoya des miniftres à Zacharie (fon père) qui fervait à l'autel, difant : Où avez-vous caché votre fils? mais il répondit, difant: Je fuis prêtre fervant DIEU & j'affifte au temple du Seigneur, je ne fais point où eft mon fils. Et les miniftres s'en allèrent & rapportèrent toutes ces choses à Hérode. Et étant en colère, il dit: Son fils doit régner fur Ifraël. Et il envoya une feconde fois à Zacharie, disant : Dites-nous la vérité, où eft votre fils? Ne favez-vous pas que votre fang eft fous ma main? Et les miniftres allèrent & en firent le rapport à Zacharie même. Mais il dit: DIEU eft témoin que je ne fais où eft mon fils. Si vous voulez, répandez mon fang; car DIEU recevra mon efprit, parce que vous répandez le fang innocent. Zacharie fut tué dans les veftibules du temple de DIEU & de l'autel auprès de l'enclos. Et les enfans d'Ifraël ne favaient pas quand il avait été tué.

XXIII.

Er les prêtres allèrent à l'heure de la falutation, & felon la coutume, la bénédiction de Zacharie ne vint pas au-devant d'eux. Et les prêtres attendaient pour le faluer & bénir le Très-Haut. Or comme il tardait (ils craignaient d'entrer. Mais) un d'eux eut le courage d'entrer dans le faint où était l'autel, &

il vit le fang caillé. Et voici qu'une voix cria : Zacharie eft tué, & fon fang ne fera point effacé jufqu'à ce qu'il vienne un vengeur. Ce qu'ayant entendu il craignit, & étant forti il rapporta aux prêtres (que Zacharie eft tué. Et l'entendant & devenant plus hardis) ils entrèrent & virent le fait, & les lambris du temple pouffant des hurlemens & ils étaient entr'ouverts du haut jufqu'en-bas. (n) On ne trouva point fon corps, mais fon fang dans les veftibules du temple était devenu comme de la pierre. Et tout tremblans ils fortirent, & annoncèrent au peuple que Zacharie avait été tué. Et toutes les tribus du peuple l'apprirent, & portèrent le deuil & le pleurèrent trois jours & (trois nuits. Mais après trois jours) les prêtres tinrent confeil, lequel ils mettraient à fa place. Et le fort vint fur Siméon. Car il avait été affuré par un oracle du St Esprit qu'il ne verrait point la mort, qu'il ne vît le CHRIST en chair.

X X IV.

Er moi Jacques, qui ai écrit cette histoire, voyant dans Jérusalem un tumulte qu'avait excité Hérode, (0) je me retirai dans le défert, jufqu'à ce que le tumulte fût apaifé dans Jérufalem. Or je glorifie DIEU, qui m'a donné la tâche d'écrire cette hiftoire. Mais que fa grâce foit avec ceux qui craignent le Seigneur (JESUS-CHRIST) à qui la gloire & la force (avec le Père éternel, & l'Efprit-faint bon & vivifique maintenant & toujours, &) dans les fiècles des fiècles. Ainfi foit-il.

(n) Matth. 27, V. 51.

(0) A&. 12, v. 1 & 2.

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Ce fragment de l'évangile de l'enfance du CHRIST étant trop étendu pour entrer dans la notice, nous le ferons précéder l'évangile complet dont nous avons fait mention à fon article n. XIII.

EVANGILE

DE

L'ENFANCE

DU CHRIST.

ARTICLE I.

Moi Thomas j'ai cru néceffaire de faire connaître

à tous les Ifraëlites nos frères entre les nations les œuvres enfantines & magnifiques du CHRIST, qu'a opérées notre Seigneur & Dieu JESUS-CHRIST né dans notre région à Bethléem ; en étant moi-même étonné : dont voici le commencement.

I I.

L'ENFANT JESUS avait l'âge de cinq ans. Or comme il avait plu & que la pluie avait ceffé, JESUS, avec d'autres enfans hébreux, jouait au bord d'un ruiffeau, & les eaux courantes fe raffemblaient dans des foffés. Alors les eaux devinrent incontinent pures & efficaces. Cependant il ne les frappa que de la parole, & elles lui obéiffaient entièrement. Et ayant pris fur leur rive de la terre molle, il en forma de petits moineaux au nombre de douze. Or il y avait avec lui des

enfans qui jouaient. Et un certain juif ayant vu ce que JESUS avait fait avec de la terre un jour de fabbat, s'en alla fur le champ, & l'annonça à fon père Jofeph, disant : voici que votre fils, en jouant près d'un ruiffeau, a pris de la terre, en a formé douze moineaux, & il profane le fabbat. Jofeph donc venant fur le lieu & le voyant, il le gronda en ces termes : Pourquoi faites-vous ces chofes un jour de fabbat, puifqu'il n'eft pas permis? Mais JESUS ayant frappé des mains, cria aux moineaux, & leur dit : allez, volez, & fouvenezvous de moi étant vivans. Alors les petits moineaux s'envolèrent & fortirent en criant. Et les Juifs le voyant, l'admirèrent beaucoup, & s'en allant ils racontèrent aux principaux d'entr'eux le miracle que JESUS avait fait en leur présence.

III.

OR le fils d'Annas le fcribe était là avec Joseph; & ayant pris un rameau de faule, il fit écouler les eaux que JESUS avait affemblées. L'enfant JESUS le lui ayant vu faire, il en fut fâché, & lui dit: fot que vous êtes, quel mal vous ont fait ces foffés, pour que vous répandiez les eaux? Voilà fur l'heure que vous féchiez auffi vous-même comme un arbre, & que vous ne portiez ni feuilles, ni rameaux, ni fruits. (a) Et tout à coup il devint tout fec. Mais JESUS fe retira, & s'en alla dans sa maison. Au refte les parens de celui qui avait féché, l'ayant pris, l'emportèrent en pleurant fa jeuneffe, & le conduifirent à Jofeph qu'ils accusaient : Pourquoi avez-vous un enfant de cette façon qui opère de telles chofes? Enfuite JESUS étant prié par toute l'affemblée,

α) Marc 2, V. 14.

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