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Robert Guiscard la détruisit entièrement à la fin du onzième siècle. Depuis lors, elle était aussi oubliée que les villes d'Herculanum et de Pompeii, lorsqu'un peintre de Naples découvrit, en 1755, les restes de cette ville. Elle est à un mille du rivage de la mer, ce qui prouve que la Méditerranée baisse de siècle en siècle. Les ruines de Possidonia ont été publiées à Londres en 1768; elles donnent une haute idée de la magnificence de cette ancienne métropole.

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Quand on examine la carte de cette partie de la grande Grèce, dressée par Zannoni, on observe que le long du rivage tout y est terres basses et marécageuses. Possidonia était bâtie entre deux petites rivières. A peu distance du fleuve septentrional est un étang connu sous le nom de Laco grande, qui s'étend dans un intervalle de six milles, le long du golfe. Ces considérations annoncent que lorsque la ville fut bâtie, la plaine qui l'environne était presque en entier sous les eaux ; il est probable que les habitans la conquirent sur la mer, par des digues et des talus en maçonnerie. A l'époque de la catastrophe de la ville, les digues se rompirent, la mer

rentra dans ses anciens domaines. Cette inondation explique le silence de sept siècles sur le sol d'une cité qui avait tant de droits à la mémoire des hommes. Cependant la mer, fidelle aux lois de la nature, continuait de s'abaisser graduellement, et comme toute cette plaine est parfaitement unie, du moment qu'un point fut découvert, le pays fut dans toute son étendue ; il est probable que Possidonia n'était sortie des eaux que depuis peu d'années, lorsque le peintre de Naples la rendit aux arts et à l'histoire.

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Il paraît que le nom de Pélasges fut donné long-temps par les Italiens à tous les Grecs qui, successivement, abordèrent dans la grande Grèce. Cette dénomination cessa, lorsque les nouveaux venus s'étant mêlés par des mariages avec les Sicules, les Ombri, les Tyrréniens, formèrent des associations nouvelles sous les noms d'Ombriens, de Sam nites, de Latins, d'Auzones, de Volsques, de Sabins, d'Enotres, de Lucaniens, de Bruttiens, etc. Ces cités conservèrent plus ou moins de ressemblance avec les habitans de la Grèce, suivant que les Pélasges s'y trouvaient dans un nombre plus ou moins grand.

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Les Romains qui se prétendaient issus des Grecs, les regardaient comme les plus anciens habitans de la presqu'ile; en conséquence de ce préjugé, ils donnaient à leurs ancêtres le nom d'Aborigènes, dont l'idée répond aux autocthones des Grecs.

Les noms des Tyrréniens, des Ombri, et des autres nations dont l'établissement en Italie était si ancien qu'elles étaient regardées comme nées dans le pays, n'eurent pas un sort plus heureux que celui des Pélasges; ils furent insensiblement oubliés. Les mêmes causes produisaient les mêmes effets. D'un côté, les relations commerciales dans le pays le plus fertile, le plus heureusement situé, et placé sous le plus beau climat, produisirent de nouvelles combinaisons sociales, dans lesquelles les alliés avaient moins égard à l'origine primitive qu'à des considérations locales; de l'autre, la subdivision de l'Italie en une infinité de petites cités indépendantes les unes des autres, contribuait à faire disparaître les traces démarcatives des anciens colons.

On parle encore aujourd'hui de l'opulence de Tarente, de Capoue, de Locres,

de Thurium, d'Adria, de Rhegium et du commerce immense que faisaient ces villes. Diodore de Sicile, en traçant la peinture des délices de Sybaris, faisait, sans le vouloir, l'éloge de l'industrie et du travail. Les Sybarites étaient si persuadés que la population

constitue la force et la vraie richesse d'un état, que, malgré l'égoïsme dont on les accuse, s'apercevant que leurs terres étaient imparfaitement cultivées, ils appelèrent des étrangers parmi eux, auxquels ils en concédèrent une partie. Cette division des peuples d'Italie, en petites cités indépendantes, favorisa singulièrement l'agrandissement des Romains.

Les Pélasges, les Tyrréniens, les Venètes, les Liguriens, parlaient des langues différentes; mais des liaisons sociales entre ces différens peuples, naquit bientôt un langage commun ; c'est la langue latine, perfectionnée par les Romains: La langue latine n'est évidemment qu'une corruption de l'ancien grec pélasgique, mêlé avec les langues des Liburne set des Etrusques.

La partie antérieure de l'Italie, habitée par des colonies celtiques, avait moins de

relations avec le midi de la Péninsule. Cette disposition fut fortifiée par la grande invasion des Gaulois, environ trois cent cinquante ans après la fondation de Rome. Les Gaulois, maîtres d'une grande partie des provinces qu'arrose l'Eridan, pénétrèrent dans l'Etrurie. Ils étendirent leurs conquêtes jusqu'au fertile territoire de Sienne, où fut bâtie l'ancienne Elusium, célèbre autrefois, et qui n'est plus qu'un petit bourg qui porte le nom de Chiusi.

Les vainqueurs changèrent les lois et les coutumes des pays dont ils s'étaient emparés. Ces pays ne furent connus en Italie que sous le nom de Gaule cisalpine. Alors on considéra l'Italie comme bornée, du côté de la Méditerranée, par l'Arno, et du côté de l'Adriatique, par le Rubicon, petite rivière qui se jette dans la mer entre Ravenne et Rimini, et qui porte aujourd'hui le nom de Pisa-Tello. Les provinces à l'ouest du Rubicon et de l'Arno, étaient regardées comme faisant partie des Gaules.

Tous les historiens s'accordent à nous asles anciens habitans de l'Italie fu

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surer que rent long-temps gouvernés par des rois,

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