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sifs, nous voulons offrir des prières et non Quatrièm.faire assaut de vaines paroles, »

siècle. Trois écrivains chrétiens répondirent à Sym

maque: Orose composa son histoire pour prou

ver qu'il y avait toujours eu dans le monde d'aussi grands malheurs que ceux dont se plaignaient les séctateurs de la religion romaine. Salvien écrivit son livre de la Providence, dans lequel il soutint que c'étaient les déréglemens des chrétiens qui avaient attiré sur l'empire les ravages des Barbares. Salvien était un prêtre marié, sa femme s'appelait Palladie; il vivait, dit-on, avec elle comme si elle eût été sa sœur. Enfin saint Augustin voulut prouver, dans la Cité de Dieu, que les Romains, pour quelques vertus humaines, avaient reçu de l'Etre-Suprême des récompenses aussi vaines que ces vertus.

Enfin l'empire romain, après la mort de Jovien, qui ne régna que quelques mois, ayant été divisé réellement en deux royaumes, dont les intérêts furent différens, les Barbares trouvèrent moins d'obstacles. L'empire d'Occident fut le premier abattu, l'Europe occidentale fut divisée en un grand nombre de souverainetés dont quelques-unes subsistent aujourd'hui avec éclat.

FIN DU SECOND LIVRE.

LIVRE

TROISIÈME.

CHAPITRE PREMIER.

Les principes du gouvernement changent chez les Romains, depuis la destruction de la République.

L'ESPRIT de la république romaine était un esprit de conquête. Lorsque les Romains reconnurent eux-mêmes que leur empire était trop vaste, lorsqu'ils ne purent plus étendre leur domination, l'esprit de conquête les abandonna; il ne fut pas remplacé par celui de conservation, la grandeur romaine s'éclipsa.

L'ambition et la jalousie devinrent les guides des chefs chaque officier prétendait au trône', chaque armée se croyait en droit de nommer un empereur et de l'assassiner pour en nommer

un autre.

On a vu précédemment que, pour mettre un terme à ce désordre, Dioclétien ordonna que deux augustes et deux césars partageraient dans la suite la puissance impériale, sans, pour cela,

Cinquièm. siècle.

que l'empire fût partagé lui-même. Les lois Cinquièm. faites par l'un d'eux, étaient ou devaient être siècle. exécutées dans toutes les provinces. Cet établissement rendait les guerres civiles moins fréquentes; mais en même temps il devenait plus difficile de recruter les légions.

Les soldats romains jouissaient de trois sortes d'avantages, la paye ordinaire, les libéralités passagères des empereurs, et les récompenses qui leur étaient dues après le service. Quand ils n'eurent plus le pouvoir de disposer de l'empire à leur gré, on les réduisit bientôt à leur paye. Nous avons vu que, sous César, des colonies de vétérans avaient été imaginées pour repeupler quelques provinces d'Italie. Il n'était plus question de ces colonies au troisième et au quatrième siècles; les soldats romains se refusaient même à ce genre de récompense. Aurélien avait formé le projet d'envoyer dans la Toscane et dans la Ligurie, des colonies d'esclaves rendus à la liberté, la brièveté de son règne et l'opposition de ceux qui se prétendaient les inutiles propriétaires de ces régions, arrêtèrent l'exécution de ce dessein.

er

Pendant plus d'un siècle aucun empereur ne reprit le projet d'Aurélien. Valentinien 1o yoya quelques Barbares faits prisonniers dans

siècle.

les guerres germaniques, pour cultiver les pays voisins du Pô. Quelques années après, Frige- Cinquièm. rid, général de Gratien, établit un grand nombre de prisonniers de guerre dans les pays situés entre Parme, Modène et Reggio. Les désordres qui avaient dépeuplé l'Italie, et qui augmentaient sans cesse, détruisirent ces faibles établissemens. Il est certain que sous le règne de Théodose, la partie de la Lombardie entre Milan et Bologne, pays si gras et si abondant, était presqu'entièrement inculte; la Campanie ellemême, appelée par excellence terre de labour, partageait la dépopulation générale de l'Italie. Honorius fut contraint d'exempter d'impôts plus de cinq cent mille arpens de cette province, absolument stériles.

Les récompenses promises aux soldats n'étaient reçues qu'en métaux; et dès que la disette du numéraire les fit supprimer, on vit disparaître l'empressement que les habitans de l'empire témoignaient auparavant d'entrer dans la milice.

Les empereurs firent des traités avec des nations barbares qui ne connaissaient pas le luxe des soldats romains, et qui n'avaient pas les mêmes prétentions. Ces nouveaux défenseurs devaient succomber à la tentation de conquérir

un pays plus riche que le leur, qui se mettrait Cinquièm. à leur disposition, et dans lequel ils étaient trai

siècle.

tés comme des mercenaires.

J'ai déja observé que la multiplicité des dépenses occasionnées par la multiplicité des empereurs, rendit les impôts si insupportables, que les peuples soupiraient après la révolution qui désunit tous les membres de l'empire.

Cependant ce superbe monument politique se soutenait par sa masse imposante, malgré les assauts qui lui étaient portés de toute part. Cet avantage disparut lorsque l'empire fut réellement divisé. Les empereurs d'Orient se contentaient de garder leurs provinces. Les Barbares venus du Nord, ayant passé le Danube, se trouvaient arrêtés par les armées rassemblées auprès de Constantinople, ils se tournaient à droite dans l'Illyrie occidentale, et se portaient vers les Alpes ou vers le Rhin. Il se fit un reflux de nations de ce côté moins gardé, et l'empire d'Occident fut détruit.

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