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riche coiffure, semblable à la couronne des anciens rois de Perse.

Devenus riches, ils affectaient la hauteur la plus insultante. Léontius, évêque de Tripoli, avait fait dire à l'impératrice Eusébie, qu'il n'irait point la voir, à moins qu'elle ne le reçût d'une manière cohforme à son caractère épiscopal, qu'elle ne vînt au devant de lui jusqu'à la porte de son appartement, qu'elle reçût sa bénédiction en s'inclinant, et qu'elle se tînt debout jusqu'à ce qu'il lui permît de s'asseoir.

Constantin avait donné à l'église de Rome mille marcs d'or et trente mille d'argent, avec quatorze mille sous de rente et quelques terres dans la Calabre. Chaque empereur augmenta ce patrimoine. L'ambition brigua la place d'évêque de Rome, devenue considérable. Il y eut deux anti-papes vers le milieu du quatrième siècle, et le consul Prétextatus disait : Faites - moi évêque de Rome, et je me fais chrétien. Une partie des cérémonies en usage dans les temples des dieux, s'étaient introduites dans l'église chrétienne. On plaçait solemnellement dans le ciel ceux d'entre les hommes qui s'étaient distingués par des actions extraordinaires. Ainsi Constantin fut placé parmi les saints par les chrétiens, et parmi les demi-dieux, par les sec

Quatrièm. siècle,

tateurs de l'ancienne religion. Il eut, dans les Quatrièm. deux calendriers, le même titre de Divus Cons

siècle.

tantinus.

L'eau lustrale avec laquelle se purifiaient ceux qui entraient dans les temples, devenue eau bénite chez les chrétiens, servit aux mêmes usages.

Les pontifes chrétiens, pour augmenter le nombre de leurs néophites, convaincus que la multitude veut être frappée par les objets extérieurs, célébraient les mystères avec la magnificence des fêtes les plus somptueuses. On sait que lorsque les édiles allaient donner des jeux au peuple romain, ils ornaient d'étoffes précieuses, de statues et de tableaux, toutes les rues et toutes les places que devait parcourir une procession solemnelle qui précédait toujours ces solemnités; procession où les pontifes, les augures et tous ceux qui avaient quelque emploi dans les temples, marchaient en habit de cérémonie, où l'on portait en pompe les images des dieux les chrétiens adoptèrent bientôt ces promenades sacrées, et les rendirent plus fréquentes.

Mais à mesure que le culte extérieur de la religion chrétienne devenait plus auguste, les mocurs des chrétiens s'étaient corrompues. On

ne

siècle,

ne voyait parmi eux, pour me servir des expressions d'Eusèbe, qu'envie, médisance, dis- Quatrièm. corde, sédition. A peine leur caractère avait acquis, par les lois, le droit de se développer en public, qu'ils s'étaient livrés brutalement à la soif de la vengeance, alors que le triomphe devait leur inspirer l'esprit de paix. On les vit massacrer, dans la Syrie et dans la Palestine, les magistrats qui avaient sévi contre eux. Ils assassinèrent Candidien, fils de l'empereur Galère, un fils de l'empereur Maximin, âgé de huit ans, sa fille, âgée de sept, et noyèrent leur mère dans l'Oronte ainsi que je l'ai déja dit.

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Valeria, veuve de Galère, fuyait vainement les chrétiens; ils l'atteignirent à Thessalonique, la massacrèrent, et jetèrent son corps dans la mer. Les querelles, au sujet de la consubstantialité du verbe, troublèrent long-temps le monde et l'ensanglantèrent; enfin Ammien Marcellin disait que les chrétiens se déchiraient entr'eux comme des bêtes féroces.

Les écrivains ne partageaient que trop les passions de leurs contemporains; il ne nous reste de ces temps-là que des panégyriques et des satires. Le même homme, qui nous est représenté par les chrétiens comme un modèle

de vertu, les auteurs de l'ancienne religion le Quatriem, peignent chargé de crimes. J'ai déja fait cette siècle. réflexion au sujet de Constantin. Tous les auteurs catholiques se réunissent dans les louanges données à Constant, que les païens ont dépeint comme un homme abominable. La même diversité règne au sujet de Julien; c'est ainsi, dans la suite, qu'on écrivit l'histoire. Cet Alexandre, si lâche dans Hérodien, paraît plein de courage dans Lampride; ce Gratien, tant loué par les orthodoxes, Philostorge le compare à Néron.

I

CHAPITRE XX X I.

Tableau économique de l'Italie, Arts,
Commerce, Etudes.

ES

Les arts, qui auraient attiré à Rome l'argent des étrangers, étaient absolument négligés. On détruisait, dans toute l'Italie, les morceaux les plus précieux des anciens maîtres. Avait on besoin de matériaux ? tantôt on renversait les mausolées, tantôt on abattait les arcs et les colonnes. Lorsque le sénat voulut élever un arc de triomphe en l'honneur de Constantin, il

siècle.

ne se trouva dans Rome aucun architecte en état de diriger cette construction; on prit le Quatrièm. parti de détruire un des arcs de Trajan, dont les morceaux de sculpture, réunis, formêrent celui de Constantin: mais comme il fallait nécessairement changer quelques pièces, leur lourde composition, qui discorde avec les 'autres morceaux restés entiers, montre que la barbarié s'était introduite à Rome avant l'invasion des Barbares. L'art dramatique était encore plus dégradé que la sculpture et l'architecture; sous Tibère, la multitude cessait déja d'être sensible aux beautés de l'art : la passion pour les fêtes pompeuses et bruyantes, pour les combats de gladiateurs, de lutteurs, de bêtes féroces, pour les courses de chevaux, devint tous les jours plus dominante.

T

Les autres branches de la littérature n'étaient pas cultivées avec plus de goût. Au lieu des gens de lettres qui avaient brillé à Rome sous Auguste, on voyait des astrologues, des charlatans qui, sous le nom de philosophes, débitaient leurs secrets aux ignorans ; Symmaque eût à peine été remarqué dans un siècle éclairé, le magnifique éloge qu'en ont fait les écrivains mêmes du christianisme, démontre la médiocrité des autres orateurs de Rome. L'étude de

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