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associés, que les défauts de ce gouvernement compliqué ne parurent que lorsqu'ils ne furent plus enchaînés par le génie de ce prince.

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Le respect imprimé par Dioclétien à ses collègues était si profond, que lorsque le césar Galère, ayant été vaincu par les Perses, vint en Mésopotamie lui rendre compte de sa défaite, il le laissa marcher à pied l'espace d'un mille auprès de son char, et ne le reçut en grace que lorsqu'il eut réparé son malheur.

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Dioclétien et Galère vinrent à Rome étaler un triomphe jusqu'alors inoui. C'était la première fois qu'un triomphateur montrait au peuple romain la femme d'un roi de Perse et ses enfans enchaînés. Tout l'empire était dans l'abondance et dans la joie. Les Gaulois, les Africains, les Égyptiens, les Bretons, soulevés en divers temps, avaient été forcés de rentrer sous l'obéissance de l'empire. Tant de succès au dehors, une administration heureuse au dedans, des lois aussi humaines que sages, existantes encore aujourd'hui dans le Code de Justinien; Rome, Milan, Autun, Nicomédie, Trèves et Carthage embellies, tout con

Troisième

siècle.

Troisième

siècle.

ciliait à Dioclétien l'amour de l'empire, au point que, deux cent quarante ans après sa mort, on comptait les années depuis le commencement de son règne, comme on les comptait auparavant depuis la fondation de Rome. C'est ce qu'on appelle l'ère de Dioclétien.

Ce princé ne résidait pas à Rome. Dans le partage des provinces, il avait assigné à Maximien Hercule l'Afrique, l'Espagne, les Gaules, la Grande-Bretagne et toute la partie occidentale de l'empire, et s'était réservé les provinces orientales. Il tenait sa cour à Nicomédie, vers le Pont-Euxin, soit pour veiller de plus près sur les Perses et sur les Barbares, soit qu'il s'affectionnât à un séjour qui lui devait ses principaux monumens. Maximien Hercule presque toujours en prise avec les Germains. avait établi sa résidence à Trèves. L'Italie continuait d'être gouvernée par un juge général, sous le nom de correcteur

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CHAPITRE

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X X II I.

Persécution des Chrétiens.

CE fut au milieu de ces prospérités, que
Galère commença la persécution contre les
chrétiens. Pourquoi, se demande Voltaire, les
avait-on laissés en repos jusque-là, et pourquoi
furent-ils maltraités à cette époque ? Eusèbe
dit qu'un centurion de la légion Trajane, nommé
Marcel, qui servait dans la Mauritanie, assis-
tant avec sa troupe à une fête donnée pour cé
lébrer la victoire de Galère, jeta par terre sa
ceinture militaire et ses armes, déclarant à
haute voix qu'il était chrétien, et qu'il ne vou-
lait plus servir les empereurs. Cette désertion
fut punie de mort
mort par
le conseil de guerre. C'est
le premier exemple avéré de cette persécution
si fameuse. Les armées de l'empire étaient
remplies de chrétiens; l'intérêt de l'état deman-
dait que l'action de Marcel fût réprimée. Si,
dans la fête donnée en Mauritanie, les soldats
mangeaient des viandes offertes aux dieux de
l'empire, Marcel pouvait trouver quelque pré-
texte pour se dispenser de ce repas: mais as-

Quatrièm. siècle.

Quatrièm.

surément la religion chrétienne n'autorisait pas siècle. le mauvais exemple donné par lui, et si elle l'eût autorisé, les empereurs avaient raison d'en prohiber l'exercice.

Depuis l'aventure du centurion Marcel, il ne paraît pas que les chrétiens aient été recherchés jusqu'en 3o3. Ils avaient à Nicomédie une superbe cathédrale en face du palais impérial. Les historiens ne nous disent pas les raisons pour lesquelles Galère demanda instamment à Diociétien, qu'on abattît cette église, mais ils nous apprennent que Dioclétien fut trèslong-temps à se déterminer. Il résista près d'une année. L'église fut abattue en 303. On afficha un édit portant que les églises des chrétiens seraient rasées, leurs livres brûlés, et les chrétiens privés de toute dignité dans l'empire. Un chrétien arracha et mit en pièces publiquement l'édit impérial, il fut puni de mort. A quelque temps de là, le palais de Nicomédie fut dévoré par les flammes. Galère accusa les chrétiens de cet incendie. Il leur fut enjoint, par un second édit, d'abandonner leur religion, sous peine de mort.

Il est incontestable que les chrétiens furent tourmentés dans toutes les provinces, à l'excep tion de celles qui obéissaient à Constance

Chlore, protecteur déclaré du christianismè mais il est difficile de concilier avec les lois Quatrièm siècle. romaines ces tourmens recherchés, toutes ces mutilations ces langues arrachées ces membres coupés et grillés, et tous ces attentats faits publiquement contre l'honnêteté publique. Aucune loi romaine n'autorisa jamais de tels supplices. Il se peut que l'aversion des peuples contre le culte chrétien les ait entraînés à ces excès horribles; mais ces excès furent-ils ordonnés par les empereurs ou par le sénat?

CHAPITRE X XI V.

Diocletien et Maximien abdiquent l'empire; confusion qui suit cette double abdication.

DIOCLETIEN et Maximien abdiquèrent l'empire en 305. Lactance et quelques autres auteurs chrétiens ont avancé que ces deux princes ne quittèrent la pourpre, que de regret de n'avoir pas aboli le christianisme; ils eussent, au contraire, continué de régner pour tâcher de le détruire.

Dioclétien était tombé malade en 304, se

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