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Son ami, le poëte Auzone, improuvait ce pro

siècle.

jet, qu'il attribuait à une noire mélancolie, Premier ou aux mauvais conseils de son épouse, qu'il nomme Tanaquille.

Si prodi Pauline times nostræque vereris
Crimen amicitiæ, Tanaquil tua nesciat istud.

On ne voit pas trop ce que pourrait avoir de commun Tanaquille, qu'on croit avoir été la femme de Tarquin, avec l'épouse de saint Paulin. Il répondit à Auzone, que sa femme était une Lucrèce, et non une Tanaquil.

Nec Tanaquil mihi, sed Lucretia conjux.

La forme de cet ouvrage ne me permet pas de m'étendre davantage sur les variations des lois ecclésiastiques. Au sujet des mariages des ministres du culte chrétien, j'aurai occasion d'en parler dans la suite. J'observe seulement, comme vérité incontestable et hors d'atteinte que dans les premiers siècles, les prêtres se mariaient comme les autres chrétiens. Le célibat fut conseillé aux ecclésiastiques, comme un état plus parfait, vers le temps de saint Jérôme; cependant quelques-uns s'élevaient dans cette pra

tique. On compte, parmi ces dissidens, le prêtre Premier Vigilantius, célèbre par ses démêlés avec saint Jérôme.

siècle.

Il fut enjoint, dans la suite, aux prêtres et aux diacres mariés, de vivre avec leur femme comme avec leur soeur. Il nous reste un canon d'un concile tenu à Ausbourg en 952, qui défend à tous les clercs, depuis les évêques jusqu'aux sous-diacres, de se marier, ou d'user de leurs femmes, sous peine de déposition. Cette loi fut exécutée rigoureusement lorsque, pendant les longues querelles entre l'empire et le sacerdoce, les papes regardèrent le célibat imposé aux ecclésiastiques, comme un moyen assuré d'étendre le pouvoir pontifical.

En effet, les pontifes romains, devenus les dispensateurs suprêmes de toutes les dignités ecclésiastiques, étaient bien plus assurés de l'assentiment d'un clergé nombreux célibataire, que si les membres de cette corporation avaient été attachés à leur patrie par les liens d'une famille. On ne donnait des bénéfices qu'aux prêtres qui gardaient le célibat ; cette coutume devint bientôt générale. Cependant Hume (1) prouve

(1) Hume, Hist. de la Maison Plantagenet, in-4°., tom. 1, pag. 107, 8, 9, 10, 11, 26 et 518.

siècle.

d'une manière invincible, que dans le onzième siècle, il y avait encore un grand nombre de Premier prêtres mariés en Angleterre. Enfin le concile de Trenté déclara que le sacrement de l'ordre était un empêchement dirimant du mariage. Cette loi, nulle en elle-même, puisqu'elle regardait un contrat civil, est devenue exécutoire par les constitutions des monarques dans les états catholiques. Je finis une digression qui éloigne le lecteur du règne de Trajan.

CHAPITRE X V.

Les bornes de l'Italie reculées jusqu'aux

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Alpes.

Na vu précédemment que depuis l'invasion des Gaulois sur les bords du Pô, on plaçait les bornes de l'Italie, d'un côté à l'Arno, et de l'autre au Rubicon. Cette division subsistait encore vers les derniers temps de la république romaine. Jules César, ayant obtenu le gouvernement des Gaules transalpine et cisalpine, voulant augmenter le nombre de ses partisans, avait engagé lui-même les Cisalpins à demander

siècle.

de partager les prérogatives dont jouissaient à Premier Rome les Italiens; il paraît même que quelques villes obtinrent alors les droits de citoyens romains; mais la briéveté du règne de César laissa son opération imparfaite : quelque temps après lui, les peuples qui se trouvaient en deçà des Alpes, à l'égard de Rome, furent agrégés au corps de l'antique Italie. Les triumvirs se prêtèrent à ce changement, soit pour affermir leur puissance, soit pour obéir au voeu de la nature, quand elle posa la barrière des Alpes entre les Italiens, les Français et les Allemands.

Toutes les villes d'Italie se gouvernaient ellesmêmes, c'est-à-dire qu'elles choisissaient des magistrats pour juger les procês, régler la police et lever les contributions exigées par les besoins locaux et le service du prince. On appelait quelquefois aux préteurs, et ensuite au préfet de la ville de Rome, des sentences rendues par les magistrats municipaux; mais les anciens monumens historiques ne nous instruisent ni du mode de ces appels, ni des circonstances dans lesquelles on pouvait ou on ne pouvait en faire usage.

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Après la mort de Néron, les prétendans à l'empire ne lui laissèrent presqu'aucune forme

que Premier

stable de gouvernement; enfin le parti de Ves-
pasien l'emporta ; et parmi les biens infinis
ce prince fit à l'Italie, un des plus grands, sans
doute, fut le rétablissement de l'ancien gouver-
nement municipal; ses enfans et ses succes-
seurs, jusqu'à la mort de Trajan, ne firent en
ce point aucun changement essentiel.

siècle.

CHAPITRE XVI.

Règnes de Trajan et d'Adrien.

siècle.

PENDANT quatre-vingts ans, l'empire romain fut gouverné par quatre princes, l'hon- Second neur immortel de la nature humaine, et dignes de représenter la nature divine, selon l'expression de Montesquieu, si toutefois un homme pouvait être l'image de la divinité. Ce fut un bonheur d'être né sous les règnes de Trajan, d'Adrien, d'Antonin et de Marc-Aurèle. Il n'y en eut jamais de si tranquille et de si délicieux pour l'Italie. Sous ces princes le sénat reprend sa considération, les lois sont en vigueur, la discipline rétablit la subordination dans les troupes, les citoyens recouvrent quelque liber

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