Page images
PDF
EPUB

1

Premier

qu'ils nommaient gentils, ou païens, et qui ne siècle. virent nos quatre évangiles canoniques que dans le troisième siècle.

Ces différens troupeaux, quoique divisés dans des points essentiels, reconnaissaient le même pasteur. Disciple de St. Paul, disciples d'Apollo, disciples de Simon, disciples d'Apollonius de Thiane, Gnostiques, Nazaréens, Ebionites, Marcionites, Carpocratiens; cent sectes élevées les unes contre les autres, toutes en se prodiguant mutuellement des injures, étaient cependant unies en Jésus, invoquaient Jésus, voyaient en Jésus l'objet de leurs pensées et le prix de leurs travaux.

L'empire romain, dans lequel se formèrent ces sociétés, n'y fit d'abord aucune attention. On ne connut long-temps à Rome, les chrétiens, que sous le nom général de juifs, que les Romains toléraient dans leur capitale et dans leurs provinces.

Les chrétiens, unis entr'eux par la religion du serment, sans temples, sans autels, sans cérémonies publiques, élisaient leurs supérieurs secrets à la pluralité des voix ; ces supérieurs, sous le nom d'anciens, de prêtres, d'évêques, de diacres, ménageaient la bourse commune el soignaient les malades. On exhortait les chré

tiens riches à se charger de nourrir et d'élever les enfans des pauvres; on faisait des collectes pour les veuves et les orphelins; les femmes pouvaient parvenir à la dignité de diaconesses ce qui les attachait à la confraternité chrétienne. C'était une honte pour un chrétien de plaider devant les tribunaux civils. Les colléges sacerdotaux pacifiaient les querelles qui naissaient dans la société. Ainsi les chrétiens, retirés du monde, inconnus même en se montrant, échappaient à la tyrannie des proconsuls ou des propréteurs, et vivaient libres dans le public esclavage.

Dans le commencement, le christianisme pouvait être considéré plutôt comme une association domestique et particulière, que comme une religion nouvelle. Jésus avait déclaré qu'il était venu pour accomplir la loi mosaïque, et non pour la détruire. Les premiers chrétiens s'assemblaient dans les synagogues, faisaient leurs prières à Jérusalem, dans le temple; ils se bornaient à dire aux juifs: Vous avez fait crucifier notre maître, qui était un homme de bien; Dieu l'a ressuscité, demandez pardon à Dieu, Nous sommes juifs comme vous, circoncis comme vous, fidèles comme vous à la loi de Moïse, mais nous vous avons en horreur

Premier

siècle.

jusqu'à ce que vous ayez réparé la souveraine

Premier injustice commise par vos prêtres.

siècle.

[ocr errors]

Bientôt les disciples de Jésus se séparérent entièrement des juifs, et prirent le nom de chrétiens alors ils n'observèrent plus les rites que Jésus avaît observés lui-même ; ce fut un culte absolument nouveau.

:

Le platonicisme, appliqué à la secte naissante, lui donna de la consistance et de l'activité. C'est le grand noeud, le premier développement de la religion chrétienne. Platon s'était fait admirer par les Grecs, avec des sophismes éblouissans. Dès que les Ptolomées établirent des écoles dans Alexandrie, elles furent platoniciennes. Les premiers sectateurs de Jésus qui vinrent dans cette grande ville, y trouvèrent des juifs platoniciens. C'est dans Alexandrie que se forma l'ensemble de la religion chrétienne. Il y eut long-temps une école célèbre de christianisme platonicien, une chaire où Marc enseigna. A Marc succéda un Athenagone, à celui-ci Pantène, ensuite Clément, surnommé Alexandrin, puis Origène.

Philon, né dans Alexandrie, un des plus savans juifs de son siècle, avait poussé plus loin que Platon le dogme de la Trinité divine. Il enseignait que Dieu se maria au Verbe au logos,

et que le monde naquit de ce mariage. Jésus fut appelé le Verbe, la Trinité fut un dogme du christianisme; toute la vie de Jésus devint une allégorie ; la Bible ne fut plus qu'une autre allégorie qui prédisait l'avénement de Jésus; la religion chrétienne, elle-même, devint entièrement emblématique sous la plume des chrétiens platoniciens ou éclectiques.

Premier

siècle.

CHAPITRE X I.

Origine philosophique de quelques dogmes du christianisme.

ON lisait dans les livres sacrés des Perses et des Caldéens, que la période de la durée du monde se composait de douze mille ans, partagés en deux révolutions partielles, chacune de six mille ans. La première demi-révolution était le règne du bien, la seconde celui du mal; origine évidente des quatre âges du monde, selon les poëtes grecs. Cette narration emblématique se rapportait à la révolution annuelle et astronomique de l'ordre céleste, composé des douze signes du zodiaque, chacun desquels. se divisait en mille, parties. On pouvait avoir

Premier

anciennement entendu, par les deux révolusiècle. tions partielles, les saisons de l'été et de l'hiver qui partageaient l'année.

[ocr errors]

Les anciens, pour distribuer les étoiles suivant leur grandeur apparente, et faire connaître la disposition des unes à l'égard des autres, dans les différentes régions du ciel, avaient imaginé des cartes astronomiques, dans lesquelles l'assemblage de plusieurs étoiles était représenté sous le nom et sous la figure d'un animal, ou sous un autre emblême qu'on appelait constellation. Ils reconnaissaient quarantehuit constellations: douze comprenaient le zodiaque, c'est-à-dire la zone sphérique, dont le soleil occupe le centre, et que les planètes ne passent jamais dans leur plus grandes excursions. Ces constellations furent peintes et nommées le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, l'Ecrevisse, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, les Poissons.

:

Les étoiles au nord du zodiaque, dans la partie boréale, furent rangées sous vingt-une constellations la grande Ourse, la petite Ourse, le Dragon, Céphée, le Bouvier, la Couronne septentrionale, Hercule, la Lyre, le Cygne, Calliopée, Persée et Andromède, le Triangle,

« PreviousContinue »