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pereur dans les choses qui regardaient le culte des dieux, s'étendit à tout l'empire. Il Premier jouissait de la suprématie dont les papes s'emparèrent dans la suite chez les chrétiens. Les élections des grands pontifes des provinces, faites auparavant à la pluralité des voix dans les colléges sacerdotaux, fut dévolue à l'empereur, qui laissait ordinairement ce soin au gouverneur de la province; mais quelquefois il chargeait le collége pontifical de Rome de choisir dans son sein celui qu'il croyait propre à remplir la place vacante.

Les Romains célébraient la divinité dans tous ses attributs. L'ame productrice du monde était adorée par les sages. Elle gouvernait les mers sous le nom de Neptune, les airs sous l'emblême de Junon, les campagnes sous celui de Pan, elle était la divinité des armées sous le nom de Mars; ils célébraient la nature sous le nom de Vénus.

Alma Venus cœli subter labentia signa

Quæ mare navigerum, quæ terras frugiferentes
Concelebras, per te quoniam genus omneanimantum
Concipitur: visitque exortum lumina solis. LUCRET.

Le culte de Vesta n'avait pas seulement pour objet d'adorer la terre comme la source fé

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conde de toutes les choses nécessaires à la vie, siècle, mais d'exciter les hommes à la culture par les principes de la religion. Lorsque Numa proposait aux Romains le dieu Terme et la déesse Foi comme les objets de leur culte, c'était pour maintenir la bonne foi dans les contrats, et pour consacrer l'inviolabilité des propriétés. On ne se contentait pas d'adorer le dieu Terme dans son temple, des fêtes appelées Terminales étaient instituées en son honneur, c'était un temps consacré à la joie des festins, au milieu desquels chacun, sous prétexte d'offrir des sacrifices au dieu Terme, reconnaissait les bornes de ses possessions.

Il est aisé de découvrir le but des adorations que les Romains offraient à la pudeur, à la vertu, à la piété, à l'intelligence, à l'honneur, à la concorde, à l'espérance, à la victoire. Rien de plus simple que l'origine du feu sacré. Cet établissement fut formé pour l'utilité d'une peuplade logée dans cabanes étroi es, et chez qui l'usage d'extraire du feu d'un caillou n'était pas ordinaire. On conservait, dans un lieu public, cet élément nécessaire à la vie, et chaque habitant en venait chercher au besoin. Quelques femmes étaient employées à la garde de ce feu, qu'elles devaient maintenir et distri

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buer. Cette double fonction exigeait une attention et une économie qu'elles apprenaient les Premier unes des autres. Cette charge parut assez importante pour les occuper sans partage. Tous les soins domestiques furent écartés d'elles, tant' on craignait de les distraire. De là, cette inviolable virginité qu'elles devaient garder tant qu'elles exerçaient ce ministère; de là, ces peines excessives portées contre les délinquantes. Ces fonctions étaient si rigoureuses, que pour les rendre supportables aux vestales, on les combla d'honneurs et de priviléges. Gette institution devint, avec le temps, abusive et superstitieuse; on la conservait par respect pour l'antiquité, pour l'ordre établi. Les Romains savaient que les institutions religieuses ont à la fois le plus puissant mobile et le plus sûr garant des vertus sociales; ils ne voulaient pas décrier des usages qui, sous le nom de religion, servaient à contenir la multitude.

Quelques conformités frappantes se trouvaient entre les cérémonies de l'ancien culte romain et celles qui furent adoptées par les chrétiens. Le bâton porté par les augures, appelé lituus, est devenu dans la main de nos évêques la crosse pontificale. Les processions en usage chez les chrétiens, avaient lieu chez les

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Romains. Virgile nous a laissé un tableau dans siècle. les Géorgiques, de celle qui se célébrait à

Rome chaque année en l'honneur de Cérès :

Cuncta tibi Cererem pubes agrestis adoret,
Terque novas circum felix eat, hostia fruges
Omnis, quam chorus et socii domitentur ovantes,

Ovide ajoute que ceux qui assistaient à cette procession, étaient vêtus de blanc et portaient des torches allumées. L'eau lustrale, placée à la porte des temples, et dont on aspergeait dans différentes circonstances les hommes,les champs, les villes, les troupeaux, ressemblait à l'eau bénite adaptée par les chrétiens aux mêmes usages. On appelait jour lustral, lustricus dies, et en grec amphidromia, le jour auquel les enfans nouveau-nés recevaient leur nom et la cérémonie de leur lustration. La plupart des auteurs assurent que c'était, pour les garçons, le neuvième jour après leur naissance, et le huitième pour les filles. D'autres prétendent que c'était le cinquième jour, sans aucune distinction de sexe. Un troisième sentiment place la cérémonie lustrale au dernier jour de la semaine où l'enfant était né.

Dans cette cérémonie, dont le rapport est frappant avec le baptême des chrétiens, l'ac

coucheuse, après s'être purifiée, faisait trois fois le tour du foyer avec l'enfant dans ses bras, ce qui désignait son entrée dans la famille sous la protection des dieux lares, auxquels le foyer de la maison servait d'autel. Ensuite on jetait par aspersion, quelques gouttes d'eau lustrale sur l'enfant. Jean Lomaier, de lustrationibus veterum gentilium.

La confession n'était pas inusitée dans le culte des Romains. Cette cérémonie se pratiquait chez les prêtres de Cybèle et dans tous les mystères. Marc-Aurèle, le plus vertueux des hommes, se confessa à l'hiérophante, en s'associant aux mystères de Cérès.

La religion romaine admettait peu de dogmes, éternels sujets de dispute, encore moins de mystères, qui pouvaient révolter les sages et irriter les incrédules. Elle consistait en expiations pour les crimes, et dans le pompeux appareil des sacrifices et des cérémonies sacrées que célébraient dans les temples les plus superbes, des pontifes choisis parmi les citoyens les plus recommandables par leurs dignités et par leur mérite. Ce culte, dont l'éclat extérieur faisait l'impression la plus profonde sur l'imagination du vulgaire, liait tous les citoyens à leur patrie par le noeud de la religion. Les émeutes

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