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REFSE

IEAN LE MAIRE DE BELGES

treshumble disciple et loingtain imitateur des meilleurs Indiciaires et historiographes, (1)

AV SIEN TRESSINGVLIER PATRON

ET PROTECTEUR, MAISTRE IEAN

Perreal de Paris, Peintre et Valet de chambre ordinaire du Roy treschrestien (2)

SALVT

Par les tiennes dernieres lettres (trescher et honnorable amy) adressees au noble et magnifique Seigneur, Cheualier, Messire Claude Thomassin, Capitaine de ceste tresnoble cité Lyonnoise, et conseruateur des foires dicelle, iay veu et entendu, comment nostre premiere epistre de l'Amant verd, ha despieça (3) trouué grace deuant les yeux de la Royne,

(1) Les éditions de 1512, 1528 et 1533, placent avant cette dédicace deux lettres sous le titre De laudibus lingue Gallicane (sic). On les retrouvera dans la correspondance de J. Le Maire (tome IV de notre édition).

(2) painctre et varlet (éd. 1512, 1528 et 1533).

(3) Les 3 éditions citées plus haut n'ont pas la cédille de despieça et mettent un point avant Jay veu. Quant à la « Royne » c'est Anne de Bretagne.

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voire tant qu'elle la ramentoit encores quelque fois, à la tresgrand felicité et bonne auenture, de celuy mien si petit (mais tresioyeux) labeur. Dont comme ie fusse prochain de mettre fin à limpression du premier liure des Illustrations et Singularitez, ie me suis aduisé, que ce ne seroit point chose malseant, ne desagreable aux Lecteurs, d'aussi faire imprimer ladite epistre, attendu quelle est fauorisee par lapprobation de ladite tressouueraine Princesse. Et encores y adiouster la seconde, pour estre ensemble publiees, souz la treshevreuse guide, et decoration du nom de sa hautesse et maiesté tresclere. A laquelle (sil te plait) pourras faire vn petit et humble present, de la lecture du tout, tel quil est comme de ta chose propre, mieux que mienne. Car tout ce peu, et tant que iay de bien, procede de ton amitié, beniuolence et auancement. Le toutpuissant te conserue longuement heureux et prospere (1). A Lyon, le premier de Mars, 1510.

(1) Les 3 éditions ne donnent ni le lieu ni la date. Jean de Tournes, dans sa grande édition de 1549 maintient encore les deux Epistres entre le premier et le deuxième livre des Illustrations.

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S'il est ainsi, fille au haut Empereur,
Fille à Cesar ce puissant conquereur :
S'il est ainsi, qu'autresfois par semblant (1)
Ayes aymé ce poure corps tremblant,
Qui de tes mains ne prendra plus substance :
Las seuffre vn peu ta hautesse et prestance
Ses (2) beaux yeux clers (pour vn haut benefice)
Prester lecture à ce derrain office. (3)
Derrain dis-ie, quant à moy, qui t'escris:
Car mettant fin à mes chants, et mes cris,
Je delibere, et sans feinte propose,

A mes briefz iours mettre certaine pose. (4)
Car (5) Et comment pourroit vn cœur si gros,
En corps si foible, et si petit enclos,

Passer le iour que de moy te depars, (6)

Sans se creuer, et pourfendre en deux pars ?

O Demydieux, ô Satyres agrestes,

Nymphes des bois, et fontaines proprettes,

(1) par votre air, façon, visage. Vu le contexte, ce ne peut pas être ici feinte, apparence.

(2) Tes, éd. 1512.

(3) c.-à-d., message.

(4) je me propose de mettre fin certainement.

(5) Certes, donc, or. Cf. Godefroy. Et car = et en effet. Nous

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(6) c.-à-d. te séparer de moi pour aller en Allemagne.

Escoutez moy ma plainte demener.
Et tu Echo, qui fais lair resonner

Et les rochers, de voix repercussiues,
Vueilles doubler mes douleurs excessiues.
Vous sauez bien, que les Dieux qui tout voyent,
Tel bien mondain, tel heur, donné m'auoient, (1)
Que de plus grand ne iouit onques ame.
Vous congnoissez, que pour maistresse et dame
Iauoie acquis (par dessus mes merites)

La fleur des fleurs, lo chois des Marguerites.
Las, double helas, pourquoy donques la pers ie ?
Pourquoy peult tant infortune, et sa verge,
Qui maintesfois, celle dame greua?
Elle s'en va, helas elle s'en va,
Et ie demeure icy sans compaignie.
Elle va voir la noble Germanie,
Elle va voir le Roy Romain son pere,
Et lautre Roy son seul frere prospere,
Et tout sans moy. Helas qu'ay ie meffait ?
T'ay ie desplu, ô chef d'œuure parfait ?
Ay-ie noncé (2) chose qui face à taire :
Ha rien meffait ton humble secretaire,
Qui plus ha sceu de ton priué secret,
Qu'autre viuant, tant soit sage ou discret?
Helas nenny: mais Fortune ennemie, (3)
Me grieue ainsi ma Maistresse et mamie :
Et faux espoir (que iauoye d'vser

Mes iours o toy) m'ha voulu abuser.

(1) Remarquer la rime, comme plus haut proprettes avec agrestes, et plus bas mesmes avec femmes.

(2) cf. nunciare, faire savoir.

(3) c.-a-d. « o fortune ennemie ! c'est ainsi que ma maîtresse, etc. >> On peut aussi transposer le vocatif, en reculant la virgule jusqu'à ainsi.

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