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LE TRAICTÉ

DE LA DIFFERENCE DES SCHISMES ET DES
CONCILES DE LEGLISE, ET DE

la preeminence et vtilité des Conciles de la sainte Eglise Gallicane. (1)

Intitulation de ceste presente Oeuvre, au nom tresredoutable et tresuictorieux, du Roy treschrestien Loys douzieme, par la grace de Dieu Roy de France heureuse.

Dont procede tel hardiment à ma petitesse, treshaut, tresexcellent et trespuissant Prince, que de dedier et intituler à vostre sacree et tresredoutee maiesté, la lecture de ceste mienne petite œuure, sinon au moyen de la confidence, qui à moy pusillanime et craintif, ha esté persuadee de vostre clemence et facilité treshumaine, par vn de voz

(1) Brunet, Supplément p. 228 cite un Promptuaire des Conciles, petit in 8o s. 1. n. d. Th. Graesse, Trésor des livres rares, IV, 157, connait un Promptuaire de 1539. Il ne voit dans l'édition 1512 (Paris, G. de Marnef) que la simple reproduction de l'édition de Baland (Lyon, 1511). Ces deux éditions in 4o gothique sont ornées de deux planches allégoriques composées par Jean Perréal. La Bibliothèque royale de Bruxelles possède un Promptuaire in-32 de Romain Morin (Lyon 1532). On a ajouté au titre ordinaire ces mots : Traicté singulier et exquiz.

bons seruiteurs et varlets de chambre ordinaire ? (1) Lequel mha donné asseurance, que vostre sublimité ne prend pas seulement en gré les œuures des siens meilleurs Indiciaires, Chroniqueurs et Historiographes, desquelz ie suis disciple, mais aussi maintesfois donne recueil agreable à ce que les moindres estrangers luy presentent laquelle vertu est proprement annexee à magnificence Royale.

Or plaise donc à vostre tresreplendissant et tresinuaincue (2) excellence, receuoir ce petit labeur en aussi bonne part, comme de tout mon cœur, et en toute humblesse et subiection ie le vous presente, intitulé et dedié, desirant la perseuerance de vostre felicité, et lexaltation dicelle, en concorde et fraternité des autres Princes Chrestiens iusques à la depression et humiliation de tous voz ennemis. Laquelle Dieu tout puissant (de qui vous representez limage en terre) vous vueille ottroyer par sa iustice et grace.

PROLOGVE SVR TOVTE LOEVVRE. ·

Tean le Maire de Belges Indiciaire, à tous nobles Lecteurs beniuoles, Salut.

Comme le droiturier office et deuoir de tous bons Indiciaires, Chroniqueurs et Historiographes, soit de monstrer par escritures et raisons apparentes, et notifier à la gent populaire, les vrayes, et non flateuses louenges et merites de leurs Princes, et les bonnes et iustes quereles diceux : Mesmement quand lestat de la guerre est scandaleux, estrange et non accoustumé, et le peril eminent de dangereuse consequence, à fin que les subietz, pour la plus part

(1) J. Perréal.

(2) On voit que ce n'est pas un néologisme de P. Corneille.

rudes et ignorans nayent cause de sesbahir, murmurer et se scandaliser entre eux mesmes, mais soient enclins et ententifz à soustenir et fauoriser le iuste droit de leurs Princes, ausquelz ilz sont tenus obeïr, par tout droit diuin et humain, et à les ayder et secourir, et prier Dieu pour la victoire d'eux.

A ceste cause, ie qui suis le moindre, et le plus ieune de la vocation des dessusnommez Indiciaires et Historiographes, pour le bon zele que iay à la chose publique Chrestienne, de mon possible, ay entreprins en ce Traicté declairer, que ce nest pas chose nouuelle, et dont on se doiue trop esmerueiller, sil y ha different entre les souuerains Princes, et prelats Chrestiens. Et encores plus entre lesdits souuerains Prelats, lun contre lautre: Et comment les discordes, dun costé et dautre, ont esté causees, demenees, et depuis terminees iusques à ores, par conciles generaux et particuliers, qui sont opposites, et du tout contraires aux schismes et diuisions, comme le thriacle et mithridat sont ennemis de poisons et venins. Mais les schismes, pour la plus part sont tousiours venus du costé des Papes, et les conciles de la part des Princes. Et pource craignent et refusent les Papes, iceux conciles. Et debatent et disputent aucuns, asauoir mon si les conciles sont sur le Pape, ou les Papes par dessus le concile.

Or dit lautorité du (1) Philosophe, que les choses opposites et differentes, se monstrent mieux quand elles sont approchees lune de lautre si comme le blanc aupres du noir. Pourquoy nest possible de mieux monstrer le bien des conciles, quen declairant le mal qui sest ensuiuy des schismes.

(1) 1528 et 1532 suppriment : l'autorité du.

Ne de donner à congnoitre vn conseruateur de paix, fors en designant par contraire, linfracteur et mutilateur de la ligue et vnion confederee entre les Princes.

Pareillement nest il possible de donner plus pleinement à entendre, lequel est digne de plus grand louenge ou reprehension, ou le Chrestien qui ha promis et iuré solennellement, faire la guerre aux Turcz et mescreans, et ne le fait pas, ains garde les autres de le faire et qui plus est trouble toute la Chrestienté ou lautre qui nha point de loy certaine, et neantmoins tasche à destruire les autres infideles, à lauantage des Chrestiens, ainsi que fait Sophy. Et qui plus est, ledit Prince sans loy enhorte et par exemple et par ambassades, les Princes Chrestiens à faire le semblable.

Encores declairerons nous vne autre merueilleuse difference, en la fin de ceste œuure: Cest de la gracieuseté et tractabilité du Souldan enuers le Roy treschrestien, au regard de la rigueur et obstination du Pape moderne, lequel tout martial et tout rebarbatif, en son harnois, comme sil deust faire parler de ses armes terribles et belliqueuses, comme du grand Tamburlan (1) empereur et Souldan des Tartres, veult tousiours perseuerer à la guerre, laquelle luy est aussi bien seant, comme à vn moyne houzé de danser. Si ne fera il pas vn nouueau monde tout monstrueux, comme il cuide: Car tousiours pourceaux paistront glands. Le Chesne sera despouillé de ses feuilles en temps deu, et le bois appliqué en tel vsage, comme à telle matiere appartient. Mais la belle Couronne stellifere et l'Aigle de Iupiter, qui sont clers luminaires celestes, fixes

(1) Taburlan (1511) Tarbulan (1528), Tarbulant (1532) et Tarbulam (1548). On trouve aussi Tartes (1511 et 1548).

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