Page images
PDF
EPUB

Lempire et la maison d'Austriche.

Les villes et chasteaux de Reif et de Royueret, et tout le païs de l'autre costé du Lac du Garde. Et sur les marches d'Esclauonnie, les villes de Portenau et de Goris, et aussi Treuis et Dries, Triest, et le païs circonuoisin les deux Escluses et les chasteaux de Godenay et de Tibin imprenable, lequel ha esté prins par grand subtilité des gensdarmes Esclauons de Lempereur. Semblablement la tresgrand ville de Vayda : et les citez Imperiales de Verone, de Vincence, et Padua, auec leurs appendences. Desquelles le Roy treschrestien apres sa victoire ha refusé louuerture: et les ha contraint par menasses eux aller rendre audit Empereur. (1)

Le Roy catholique au Royaume de Naples.

Les villes et ports de mer de Trane, Otrente, Mane, Manopole et Andre. (2)

Le Marquis de Mantue ha aussi recouuré par le moyen du Roy, Azole et Lunate. Et le Duc de Ferrare ce qui luy appartenoit.

Pour mettre à fin mainte discorde et guerre,
Une M au Ciel, et vne sur la Terre.

(1) Riva, Roveredo, Pordenone, Göriz, Trévise, Castel-Goffredo, Chiusa, etc.

(2) Trani, Mola, Monopoli, Andria, Asola, Lonato, etc. V. les Recueils de traités de Léonard t. II, p. 46 et de Dumont, Corps diplomatiq. t. IV, part. I, p. 113. Ces auteurs donnent Brindes et Gallipoli. Dubos (Hist. de la ligne de Cambrai) cite encore Pulignano, au nombre des cinq ports du roi de Naples.

Epitaphe de feu de clere memoire, tresnoble et puissant Prince monseigneur Gaston de Foix, Duc de Nemours, Conte d'Estampes, etc. Translaté par Iean le Maire, Secretaire et Indiciaire de la Royne, et rendu le François correspondant au nombre des syllabes du Latin.

Quand la force Italique, et la fleur des François,
Par estrif hayneux firent mortelz exploits,
Et que d'vn tel effroy Rauenne trembla toute,
Lors le Duc de Nemours, qui de cler sang degoute,
En fureur eschauffant se fiert de toutes pars,
Et par la presse fendre acquiert le bruit de Mars:
Mais deffaillant le sang de ses ouuertes playes,
D'vn courage inuaincu, dit ces paroles vrayes:
Or puis que plus ne puis, mon ire et ma chaleur
Ny mon vueil accomplir, faisons place au malheur:
Au moins, ce bien y ha, que mourir me delicte
Là ou tant de monceaux d'ennemis sont au giste :
Et là ou nous voyons courans par la campaigne
Les grans ruisseaux du sang d'Italie et d'Espaigne,
Dont suis ie assez vengé, mais que ie meure en brief:
Car d'ennemis vaincus par tel accident grief,
Ma mort aura triomphe et consequente gloire :
Et la nation nostre honneur en la victoire.

Apres ces mots finez, ses yeux mourans baissa,

Et grand' honte eternelle, aux ennemis laissa. (1)

(1) Gaston de Foix, gouverneur du Milanais pour son oncle Louis XII, et surnommé le foudre d'Italie. Il n'avait que vingt-trois ans quand il fut tué en poursuivant les vaincus de Ravenne (11 avril 1512). « Oncques Rolant, dit le Loyal serviteur (p. 327) ne fist à Roncevaulx tant d'armes qu'il en fist là. En ceste cruelle bataille fist le royaulme de France grosse perte, car le nompareil en prouesse qui feust au monde pour son aage y mourut. Ce fut le gentil duc de Nemours, dont, tant que le monde aura durée, sera mémoire. » Avec Gaston, dit Guicciardini, avait péri toute la vigueur de l'armée de France.

A MONSIEVR MAISTRE FRANCOIS LE ROUGE,

Conseiller ordinaire, et maistre des Requestes de la
Royne nostre souueraine Dame.

En la fin de mon troisieme liure des Illustrations de France, iay bien voulu à la requeste et persuasion daucuns mes bons amis, adiouster les œuures dessusecrites. Et mesmement les communiquer à la chose publique de France, et de Bretaigne à fin de leur monstrer par especiauté, comment la langue Gallicane est enrichie et exaltee, par les œuures de monsieur le tresorier du boys de Vincennes, maistre Guillaume Cretin: tout ainsi comme la Musique fut ennoblie par monsieur le tresorier de saint Martin de Tours, Ockeghem, mon voisin, et de nostre mesme nation. Et pource que Rhetorique, et Musique sont vne mesme chose, et que le langage Latin, Toscan, et François, se rapportent lun à lautre, tout ainsi comme vne petite trinité et quen ces trois experiences, et en toute autre literature ta doctrine est experte, et indifferente oultre le tien langage naturel de Bretaigne Armorique (laquelle est vray Troyen, comme ie puis imaginer) à ceste cause pour lhonneur et reuerence que ie doy à ton humanité, ie desire que la verité soit congnue par toutes nations Gallicanes : et non seulement pour ceste cause, mais à fin que par le tien moyen et bonne ayde ie puisse paruenir à description et illustration de Bretaigne Armorique, laquelle est vne

particularité de Gaule, et dont ie desire singulierement descrire les merueilles tant antiques que modernes, et qui nont point esté memorez par autres, pour exercer deument et conuenablement mon office, à lhonneur et perpetuelle renommee des maiestez du Roy et de la Royne, ausquelz Dieu doint bonne vie et longue. (1)

(1) Cette lettre de 1513 fait allusion à la Plainte de Byssipat qu'on trouve plus haut. On voit ici que le véritable nom du poète, quoi qu'on en ait dit, était Cretin et non Dubois. Il était trésorier de la SainteChapelle de Vincennes. L'autre trésorier très connu, le célèbre musicien D'ockeghem, était du Hainaut comme J. Le Maire qui, rési·lant alors à Blois, pouvait dire « mon voisin et de notre mesme nation. >> L'édition de 1548 (Paris, Arnoul Langellyer) estropie singulièrement le nom du musicien belge: Oclzegen.

PROLOGUE

DE LHISTOIRE MODERNE, DU PRINCE SYACH ISMAIL, DIT SOPHY ARDVELIN,

Roy de Perse et de Mede, et de plusieurs autres Terres et Provinces.

Apres avoir monstré (1) combien il y ha de difference entre Schismes et Conciles, et que les Schismes sonnent tousiours en mal, et les Conciles en bien et que le vingtquatrieme tresgrand schisme futur sera precurseur de la venue d'Antechrist nous monstrerons consequemment lequel est digne de plus grand louenge ou reprehension, ou le Chrestien qui ha promis et iuré solennellement faire la guerre aux Turcz et mescreans, et nen fait rien, ains garde les autres de ce faire et qui plus est, trouble et scandalise toute la Chrestienté, ou lautre qui nha point de loy, et neantmoins tache à destruire les autres infideles de la loy Mahomethiste. Et qui plus est, ledit Prince sans loy (sinon de Nature comme on dit) enhorte par exemple

(1) Ce préambule n'est justifié que dans les éditions qui, comme celles de 1528, 1533, 1548, etc., font réellement précéder La difference des Schismes et des Conciles. Jean de Tournes, l'éditeur lyonnais de 1549, s'avise seulement de supprimer, après venue d'Antechrist, les mots selon la teneur et promesse que nous avons faicte au premier prologue de ceste œuvre.

« PreviousContinue »