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V. Signoria si è degnata di farmi, e pretendo che di tutto ne venga instrutto da me stesso.

Del resto, mio Signore, sono stato informato che và al presente scrivendo la vita del famoso Rè Filippo Secondo1. Questo Rè veramente è stato un gran politico, se per esser tale, sia sufficiente d'esser furbo, senza fede, senza humanità, senza tenerezza, senza sangue, e senza religione. Non hò minima difficoltà di persuadermi che non sia dalla sua penna scoperto alla svelata, senza maschera e senza colori, e senza ombre le sue virtù et suoi vizi. Son più che certo, che non è possibile di trovar penna alcuna più propria per una tale opera della sua. Francesco Primo, del quale intendo che V. S. si è proposto di scriver ancora la vita2, era un prencipe nel quale vi era di che condannare, e di che ammirare. Un' huomo particolare del carattere di questo Rè sarebbe un heroe. Uno de' miei amici3 hà scritto la sua vità sopra le memorie, delle quali io ne hò visto una gran parte nella bibliotheca del Signor Primo Presidente di Lamoignon; ma non hanno voluto permettergli di darla al publico, e la ragione di ciò è che ne porta delle verità che gli sono poco favorevoli; e non si vuol consentire che si dechiari indegno del titolo di Grande. Se V. S. crede che io sia capace d'aiutarla in qualche cosa, la prego di non risparmiarmi, e d'esser persuasa che io sono perfettamente,

D. V. S.

Humilissimo ed ubbidientissimo servidore,

Parigi, 4 giugno 1678.

DE LA BRUYERË.

1. La Vie de Philippe II, par Leti, a paru en 1679 à Genève sous ce titre : Vita del catolico Re Filippo II, monarca delle Spagne.

2. Leti n'a pas écrit la vie de François Ier, mais celle de son fameux rival, l'empereur Charles-Quint, sous le titre de Vita del invitissimo Imperadore Carlo V, Austriaco, Amsterdam, in-12. Cet ouvrage, où les événements du règne de François Ier tiennent nécessairement une grande place, ne parut qu'en 1700. Il serait possible que Leti eût formé dès 1678 le projet de raconter l'histoire de cette époque; mais est-il bien vraisemblable que ce projet ait été dès lors connu de la Bruyère?

3. Ainsi que le dit très-justement M. Fournier, dont nous nous séparons d'ailleurs encore ici, car il admet l'authenticité de cette lettre (la Comédie de la Bruyère, tome I, p. 21, 32, 33, etc.), il s'agit de Varillas et de son Histoire de François Ier. La première édition de cet ouvrage, composé d'après les manuscrits de la bibliothèque du Roi, de la bibliothèque de Lamoignon, etc., parut à la Haye en 1684, sans l'aveu de l'auteur. On reprochait à Varillas, comme on le fait dire à la Bruyère, d'avoir porté atteinte à la réputation de François Ier, et l'impression de l'ouvrage ne fut permise en France qu'en 1686.

DIALOGUES POSTHUMES

SUR LE QUIÉTISME

NOTICE.

AVEC la plupart des éditeurs de la Bruyère, Walckenaer refusait d'admettre l'authenticité des Dialogues sur le quiétisme: aussi les a-t-il écartés de l'édition qu'il présente comme celle des œuvres complètes de l'auteur des Caractères. Nous leur donnons place dans la nôtre, n'ayant pas été convaincu par son argumentation qu'ils soient apocryphes. Quelques libertés qu'ait prises l'éditeur des Dialogues, on ne peut affirmer sans témérité, nous dirons même sans inexactitude, qu'il ne nous ait pas transmis les Dialogues de la Bruyère : tel est notre sentiment, et nous essayerons de le justifier.

La Bruyère a composé des Dialogues sur le quiétisme dans les derniers temps de sa vie : il n'y a du moins aucun doute sur ce point. Antoine Bossuet, frère aîné de l'évêque de Meaux, écrivait dans la lettre où il annonçait à son fils la mort de la Bruyère : « J'avois soupé avec lui le mardi.... Il m'avoit fait boire à votre santé.... Il m'avoit lu des dialogues qu'il avoit faits sur le quiétisme, non pas à l'imitation des Lettres provinciales, car il étoit toujours, original, mais des dialogues de sa façon1. » C'est deux jours après ce souper et cette lecture, le 10 mai 1696, que la Bruyère mourait frappé d'apoplexie.

Il n'est pas très-surprenant que la Bruyère ait eu la pensée de s'associer à la croisade dirigée par Bossuet contre les quiétistes. On sait comment l'évêque de Meaux s'était mis à l'étude de leurs ouvrages sur la prière de Fénelon et de Mme Guyon elle-même, et quel adversaire Mme Guyon et Fénelon avaient trouvé dans cet

1. Cette lettre a été publiée en 1836 par M. Monmerqué dans la Revue rétrospective, tome XIII, p. 139. L'original n'étant pas signé, M. Monmerqué n'en nomme point l'auteur; mais elle se rapporte si bien à d'autres lettres d'Antoine Bossuet, possédées par M. A. Floquet, qu'il n'est pas douteux qu'elle soit de lui: telle est l'opinion de M. Floquet, et nous l'adoptons avec confiance. Ce n'est point d'ailleurs la seule de ses lettres qu'Antoine Bossuet n'ait pas signée. Nous reproduisons en entier dans la Notice biographique le passage de cette lettre qui est relatif à la Bruyère: elle est datée de Paris, 21 mai 1696.

LA BRUYÈRE. II

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éloquent et ferme défenseur de la pure orthodoxie. La conférence d'Issy, les mandements de l'archevêque de Paris (16 octobre 1694), de l'évêque de Meaux (16 avril 1695), de l'évêque de Châlons (25 avril 1695), et de l'évêque de Chartres1 (21 novembre 1695), où fut condamnée la nouvelle spiritualité, l'emprisonnement de Mme Guyon, et les conférences que tint Bossuet dans la maison de Saint-Cyr pour en « déraciner entièrement le quiétisme, suivant l'expression de l'abbé Phélypeaux, avaient appelé l'attention publique sur les livres quiétistes. Que de fois, dans les réunions qui se formaient autour de Bossuet, et auxquelles la Bruyère était fort assidu, la conversation dut revenir sur le quiétisme, sur la nécessité d'en arrêter les progrès, et sur les discussions qui s'élevaient à ce sujet entre Bossuet et Fénelon, discussions dont l'amertume se dissimulait malaisément sous la bienveillance de l'un et l'apparente soumission de l'autre! Moraliste et satirique, la Bruyère fut tenté de discuter à sa manière le quiétisme, et de décrier, en les raillant, les prédications si souvent ridicules de Mme Guyon et de ses amis. Sans entrer bien avant dans la théologie, il pouvait faire œuvre de littérature et de bon sens : c'est ce qu'il entreprit.'

Malheureusement il mourut avant d'avoir livré son travail à l'imprimeur. Deux ans et demi s'écoulèrent sans que l'on entendit parler des Dialogues : ce fut seulement vers la fin de 1698 que le libraire Osmont, en vertu d'un privilége obtenu le 30 juin 1698, mit en vente les Dialogues posthumes du sieur de la Bruyère, dont l'Achevé d'imprimer est du 5 décembre1. « Il avoit fait, avant que de

1. Ce mandement, auquel ont été empruntées diverses citations faites audessous du texte des Dialogues, est intitulé : « Ordonnance et instruction pas. torale de Monseigneur l'évêque de Chartres pour la condamnation des livres intitulés Analysis orationis mentalis, etc., Moyen court, etc..., et d'un manuscrit qui a pour titre les Torrents. » (Paris, 1695, in-4°.)

2. Enfermée dans un couvent en 1687 (voyez ci-dessus, p. 387, note 1), Mme Guyon signa un acte de soumission et fut bientôt remise en liberté. Elle fut réemprisonnée en décembre 1695.

3. Relation de l'origine, des progrès et de la condamnation du quiétisme, p. 161. La première conférence se fit le 5 février 1696.

4. Le privilége avait été obtenu au nom d'Antoine Desprez. Il fut cédé par Desprez, le 12 septembre, à Osmont, qui le fit enregistrer, le 16 septembre, au syndicat de la librairie (Manuscrits de la Bibliothèque impériale, Enregistre ment des priviléges au syndicat de la librairie, de 1688 à 1700, no 2194 du Fonds français). Le livre porte la date de 1699; mais il avait paru en 1698. Basnage, qui dès le mois de septembre en avait annoncé la prochaine impression dans son Histoire des ouvrages des savants (p. 425), en signale la publication dans le numéro de décembre (p. 550); le Journal des savants en rend

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