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soutenu que l'on ne pourrait faire un présent plus utile à cette nation qu'une écriture par lettres. Si nous jetons un coup d'œil sur notre glossaire extrêmement pauvre; et si nous considérons combien chez nous la langue est imparfaitement rendue par des lettres, quand même nous inventerions pour nous des signes particuliers pour certains sons propres des Chinois, nous serons au contraire obligés de déclarer l'écriture par idées, comme convenant exclusivement à une telle langue. Car combien d'idées différentes ne se présenteraient pas aux Chinois sous la même forme, s'ils se servaient comme nous de caractères, et quel problème insoluble ne leur laisseraient pas les œuvres de leurs propres écrivains, dont le nombre est presque infini, puisque, après l'Allemagne, on n'imprime et on ne lit peut-être nulle part autant qu'en Chine! Et ce peuple, comme l'expérience le montre, même pour les individus de la classe commune, n'emploie pas plus de tems pour former les images de son écriture, que nous pour écrire nos mots. Celui donc qui voudrait donner aux Chinois une écriture de caractères, devrait leur créer en même tems une autre langue. >

Cet article sur l'écriture des Chinois, est extrait du journal allemand, le Erheiterungen, et a déjà paru dans le Numéro 3 du Panorama littéraire de l'Europe.

Astronomie.

ESSAI SUR QUELQUES ZODIAQUES

APPORTÉS DE L'INDE.

La connaissance exacte de toutes les figures zodiacales prouve qu'elles ont toutes la même origine, et que cette origine prend naissance dans le centre de l'Asie. --Réfutation des théories de Dupuis, Volney et Fourier.

Les questions qui, par leurs racines les plus intimes, touchent à l'histoire de l'homme, ont de tout tems, et actuellement plus que jamais, intéressé les véritables philosophes. Parmi ces questions, s'il en est une qui présente des points de vue féconds en résultats positifs, c'est incontestablement celle qui tient à l'origine et à l'histoire du Zodiaque, aussi bien qu'à la découverte des Planètes, et au culte antique et presque universel qui leur a été rendu.

A la fin du dernier siècle, on a vu en France les astronomes célèbres, Bailly, Le Gentil, Lalande, aussi bien que M. De Guignes le père et Court de Gébelin, savans dans une autre science, s'occuper avec détail, et avec plus ou moins de succès, de cette histoire du zodiaque et de celle des planètes qui le parcourent et y trouvent leurs stations. Au commencement du siècle actuel se sont formées les écoles, encore puissantes en ce moment, de Dupuis, Volney et Fourier, qui ont voulu rattacher tous les cultes à cette invention du zodiaque, et qui ont même cherché à établir que ses

constellations, telles que nous les connaissons, remontaient à plus de 15,000 ans avant notre ère.

Au sein de l'Académie des sciences, dès 1821, et en présence de M. le baron Fourier lui-même, nous avons renversé cette prétendue théorie qui aurait détruit non-seulement toutes les notions les plus saines, acquises jusqu'à ce jour sur l'histoire de l'homme et de sa civilisation, mais encore les beaux résultats obtenus par M. Deluc de Genève et par M. le baron Cuvier, sur l'histoire du globe de la terre et des révolutions diverses que vient de subir tout récemment, pour ainsi dire, notre planète, comme le démontrent notamment les grottes à ossemens divers trouvées, il y a peu d'années, en Angleterre, et si bien illustrées par le docteur Buckland, professeur à Oxford.

M. le baron Fourier, après une opposition assez vive, finit par se rendre lui-même à nos raisonnemens, puisqu'il nous autorisa à publier, ce que nous avons fait en effet, que dans sa lettre à M. Berthollet, citée par le célèbre Lalande et réimprimée par nous', on lui avait fait parler d'une antiquité à laquelle il n'avait jamais crų; c'est aussi ce qui le détermina à ne pas publier les mémoires qu'il avait préparés, comme membre de l'expédition d'Egypte, sur les curieux zodiaques retrouvés dans cette antique contrée, royaume puissant des Pharaons, séjour de Joseph et de Moïse.

Lorsque, marchant sur les traces de l'ingénieux et savant docteur Young, qui avait bien voulu nous adresser ses premiers essais sur la lecture des hiéroglyphes, M. Champollion-le-Jeune lut sur les murs mêmes des temples de Denderah et d'Esné, où se voient les quatre zodiaques retrouvés en Égypte 2, les noms d'Autocrator (épithète spéciale de Néron sur ses médailles), et ceux de Claude

› Aperçu des Mémoires sur l'origine de la Sphère et sur l'âge des Zodiaques égyptiens, par M. de Paravey; Paris, 1821; et Nouvelles considérations sur le planisphère de Denderah; Paris, 1822.

a Isolées, les preuves de M. Champollion sur l'âge moderne des zodiaques ne prouvent absolument rien: car on sent que les Romains, rebâtissant les temples d'Esné et de Denderah, pouvaient y sculpter le zodiaque antique des temples précédens; mais, jointes à nos preuves mathématiques et aux asṣertions de M. Visconti, que M. Champollion aussi aurait dû citer, ses découverles ont une véritable force, que les tentatives auxquelles on se prépare en ce moment ne pourront affaiblir.

et de Commode encore plus modernes, il ne fit que confirmer les résultats mathématiques et positifs, que, dès 1821, nous avions présentés à l'Académie des sciences de Paris, résultats qu'avaient admis, au nom de cette Académie, M. Delambre, le docte auteur de l'histoire de l'Astronomie ancienne, M. Ampère, le rival du célèbre Arstedt, dans ses beaux travaux tout récens sur le magnétisme, et M. le baron Cuvier, si connu par son admirable Discours sur la révotution de la surface du globe, et par ses autres savans et éloquens écrits'.

Mais, en établissant dans nos mémoires (encore manuscrits) qu'aucune des observations de solstice et d'équinoxe citées soit dans les Védas des Indiens, soit dans les Kings des Chinois, ne remontait au-delà de l'an 2300 environ avant Jésus-Christ ; nous n'avons pas prétendu toutefois assigner cette date à l'invention du zodiaque, pas plus qu'à celle de l'invention de tous les arts essentiels aux hommes, et notamment de l'écriture, bien que nous ayons cité l'opinion du grand Newton qui croyait à tort cette invention fort moderne.

Nous regardons au contraire cette invention de l'écriture, du zodiaque et du calendrier comme aussi ancienne que l'existence de l'homme sur le globe actuel. Et avec M. le baron Cuvier, nous fixons ici cette existence primitive de l'homme sur la terre à une date de quatre à cinq mille ans avant Jésus-Christ, époque où l'homme, suivant nous, fut créé avec toute sa beauté primitive et avec tout son génie investigateur, qu'aucune infirmité, qu'aucunes ténèbres n'avaient encore altéré ou obscurci.

Nous croyons que cette antique civilisation, qui a précédé le déluge, s'appuyait essentiellement sur l'invention de l'écriture hiéroglyphique, créée avec un art admirable par les premiers hommes, et dont de précieux débris existent encore sur les briques de l'antique Babylone, aussi bien que sur les murs en ruine des temples de l'Égypte, et dans les bas-reliefs étonnans de Palenqué en Amérique; et ces assertions, nous ne les posons pas sans quelque certitude, puisque, depuis quinze ans et plus, nous étudions à la fois

Les Annales ont publié le rapport de ces trois savans sur l'ouvrage de M. de Paravey, dans le No 49, t. IV, p. 39. ( Note du Direct. )

tous ces monumens si anciens, et à l'aide de livres, qui leur sont contemporains, livres que, jusqu'à ce jour, l'Europe connaissait à peine de nom.

On comprend que nous voulons parler ici des livres conservés en Chine, et dont la Société Asiatique de Londres doit une si riche collection à l'illustre et savant traducteur du Code des Mantchoux, l'un de ses honorables vice-présidens 1. Il a bien voulu récemment augmenter de plusieurs ouvrages très-précieux le nombre de ceux que nous possédions déjà, et nous devons ici lui en adresser publiquement nos sincères remercîmens. Nous devons encore indiquer ici le savant secrétaire de la Société Asiatique de Londres qui, avec une rare complaisance, nous prêtant les ouvrages précieux qui lui appartiennent sur la Chine, nous a mis à même d'établir les résultats que nous allons développer dans cet article. Nous discuterons en même tems les curieux zodiaques réunis dans les Indes et à Ceylan par le président Jones et sir Alexandre Johnston, que nous comparerons à ceux de la Chaldée et de l'Égypte.

Voici les importantes questions qui vont faire la matière de nos recherches.

Y a-t-il eu un seul zodiaque primitif, et par conséquent un seul centre de civilisation pour les hommes avant le déluge, centre conservé encore après cette grande catastrophe? Quelles étaient les étoiles qui formaient principalement ce zodiaque antique ? Le zodiaque primitif a-t-il été lunaire ou solaire, c'est-à-dire divisé en 28 ou en 12 constellations? Les planètes, qui devinrent bientôt l'objet d'un culte, ont-elles occupé, dans le système astrologique qui en dériva, un seul domicile, c'est-à-dire tel ou tel signe du zodiaque une fois fixé, ou ont-elles varié de domicile, selon les différens peuples, ou les époques diverses? Quelle origine plausible et naturelle peut-on assigner aux symboles actuels que nous employons pour indiquer, soit les planètes, soit les 12 signes du zodiaque solaire? Ces signes n'ont-ils pas été les mêmes chez tous les peuples et dans tous les tems, de même que de nos jours chez

Sir Georges Staunton, baronnet, membre du parlement britannique, et ancien résident suprême de la compagnie des Indes à Canton.

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