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toute l'importance, à en approfondir tout le sens et toute la portée, et ne craignons pas de les produire au grand jour, et de les citer aux savans et aux sages.

Si bien nous le faisons, le tems n'est pas éloigné où l'historien et le philosophe, le savant et le sage viendront chercher dans ce missel, dans ce bréviaire, dans cet office de l'Église catholique, si négligés, si dédaignés; oui, ils viendront y chercher la solution de l'énigme du monde, la confirmation et l'application de leur science. Ils le feront; car c'est là que se trouve la parole de Dieu, qui seul peut nous instruire sur toutes ces grandes questions.

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Et en attendant que ce moment arrive, et pour en håter le terme nous ne saurions nous empêcher de convier tous les hommes de nos jours à adresser avec nous à Dieu la prière suivante que nous empruntons à notre office, et qu'ils trouveront, nous en sommes assurés, assez belle.

• Exaucez, Seigneur, les prières de votre Église, à cette fin que › tous nos malheurs ayant cessé, toutes les erreurs ayant disparu, › nous puissions vous servir dans une liberté tranquille'.

A. BONNETTY,

Membre de la Société Asiatique de Paris.

1 Collecte du premier dimanche de l'Avent, troisième Oraison.

Littérature contemporaine.

AMOUR ET FOI.

Edouard Turquéty.

Le but de ce livre est complétement religieux : je dis complé› tement, car les pièces variées qu'il renferme se rattachent à › cette unité religieuse. Elles sont là pour montrer l'écrivain sous › ses diverses faces; mais l'écrivain est toujours lui-même, c'est-à› dire catholique avant tout.......... C'est une profession de foi rigou› reuse et absolue qu'il me serait doux de voir répétée par ces › âmes dont la croyance ne s'est point altérée au contact de l'époque; c'est le catholicisme enfin, le catholicisme, religion des › jours anciens, qui dominera les jours nouveaux. Le Christ, tou> jours le Christ; voilà l'idée première, l'idée unique de l'ouvrage... › Quelle que soit la destinée de ce livre, il aura du moins témoigné de mon ardent amour pour l'antique foi de nos pères; il › aura développé ma conviction la plus sainte, la plus enracinée, › je veux dire, le triomphe du catholicisme au milieu des ruines > qui s'amoncèlent. Quant à la sympathie de ces âmes dont je par› lais tout à l'heure, j'avoue qu'elle a été le but constant, le vœu > habituel de ma pensée : ce serait la récompense la plus précieuse › de mes faibles efforts. Je l'ai rêvée quelquefois; mais, comme

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1 vol. in-8°; Delaunay, Palais-Royal; prix: 7 fr.

> toutes les choses de la terre, j'ai bien peur que mon espérance ne › soit qu'un songe de plus à ajouter à tant d'autres songes '.

Oh non! jeune poëte! ton espérance n'est pas un songe! ces âmes que tu chéris écouteront tes chants avec amour; leurs cœurs battront à tes nobles accens : toutes ne pourront te le dire; mais toutes pourront le dire à ton Dieu, pour qu'il te récompense du bien que leur ont fait les douces fleurs de la poésie que tu leur offres. Quant à nous, nous laisserons un instant le langage austère de l'érudition et de la science, pour t'exprimer cette sympathie que tu réclames, pour te remercier de nous avoir encouragés à continuer nos combats par ces sons puissans de ta lyre, pour te prier de chanter encore. Et vous, lecteurs, si vous ne connaissez pas Édouard Turquéty, vous remercierez les Annales de vous l'avoir fait connaître; si vous le connaissez, vous nous remercierez encore : c'est avec joie qu'on entend parler de ceux qu'on aime.

Le jeune poëte entre dans l'arène, comme un martyr dans le cirque, il se signe; il jette au monde, haute et claire, sa confession de foi, catholique avant tout, CREDO, je crois, dit-il :

Je crois. Le siècle en vain, dans sa pénible route,

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M'entoure vainement de sa lueur ternie,

Qu'il proclame un soleil plus beau!

Je crois toujours. - Viens donc au sein de la tempête,
Viens affermir mon pas, jusqu'à ce qu'il s'arrête

Et trébuche au seuil du tombeau ».

Nous voudrions pouvoir citer toute cette pièce; elle exprime bien, à notre avis, les sentimens de l'auteur; elle donne une idée

Préface, p. vi.

2 Credo, p. 9 et 15.

juste de son talent et de sa manière; elle fait pressentir toutes les beautés que l'on rencontre dans l'ouvrage. Honneur au poëte! Rejetant le sombre vêtement du doute, uniforme obligé de nos modernes auteurs, il a su se débarrasser de ce cortége si fort à la mode de douleurs et d'angoisses, de désespoirs et de tortures qui semblait devenir inhérent à notre littérature et son indispensable élément.

Il fait honte au siècle de ses débordemens; il lui reproche ses erreurs; il le montre aveugle se dressant sur des ruines, tandis qu'au milieu des décombres qu'il amoncèle, l'Église continue sa marche à travers les siècles, une et indivisible, malgré la succession des tems et les changemens qui se font autour d'elle, pure, malgré la corruption et la dégénération des hommes, ferme dans la tempête, inexpugnable aux attaques et aux persécutions :

Vaisseau majestueux, nef solide et profonde,

O toi dont l'étendard s'élève sur le monde

Malgré la brume et l'ouragan!

O toi, qui, déployant ta voile toujours prête,
Supportes, sans fléchir, l'assaut de la tempête
Et la houle de l'Océan!...

Que redouterais-tu ?... le Christ est ton pilote;
Le Christ abat ces flots sans frein:

Aussi rien n'aura fait vieillir tes destinées !

La vague des tems passe, et ses deux mille années
N'ont pu rouiller tes flancs d'airain.

Qu'importe, o vaisseau fier! quand ton Dieu te rassure,
Que les géans des eaux redoublent leur morsure

Et se dressent comme des monts?....

Marche, vaisseau!- Là-bas le port t'appelle et s'ouvre;
Marche à travers les flots dont l'écume te couvre,

A travers l'aile des démons.

Marche, et tu rouleras sur les lames grondantes,
Et tu verras pâlir ces prunelles ardentes

Dont l'éclair te suit en tous lieux.

Marche! et les cieux lointains dépouilleront leurs voiles,
Et tu verras dans l'ombre un bouclier d'étoiles

Couvrir tes mâts audacieux.

Ce grand phare t'éclaire, ô vaisseau! quand tu passes,
Une voix merveilleuse à travers les espaces

Retentit comme un doux appel;

Et l'âme transportée au-dessus des orages,

Retrouve, à chaque vent qui meurt dans tes cordages,
Un écho des cygnes du ciel.

Ils sont là: leurs regards te suivent dans la houle,
Ces martyrs des vieux tems, ces martyrs, noble foule,
Que l'œil distingue à leurs rayons;

Foule victorieuse, et pourtant désarmée,

D

Qui cria : « Gloire au Christ! » sur la roue enflammée
Et sous la griffe des lions.

Ils sont là, dans la nue, et leur bras t'environne,
Tous ces milliers d'esprits qu'une flamme couronne,
Reflets brillans du divin roi !

Esprits qu'un pur amour devant tes pas ramène :
Ils sont là, dans la nue, et leur suave haleine

Raffraîchit l'air autour de toi1.

Oh! oui, elles sont là; elles protégent leurs sœurs du haut des cieux, ces âmes divines, qui ont aussi passé sur la terre des jours longs et mauvais : oui, ils sont là, ces bienheureux saints! ces confesseurs! ces martyrs! ces martyrs, qui ont vu les faits qu'ils attestent, qui en ont donné leur parole au monde, et qui ont scellé ce témoignage de leur sang. Qui pourrait se refuser à croire à la parole d'un homme qui lui donne sa vie en gage? un tel gage perd-il de sa valeur, parce que dix-huit siècles ont passé dessus? Et cependant il y a des hommes capables (si l'on peut user de cette expression) de s'illusionner au point qu'ils ne peuvent plus juger du passé aussi bien que du présent, et ne sont touchés, quoi qu'on puisse dire, que de ce qui les frappe instantanément; hommes malheureux! enveloppés qu'ils sont dans leurs sens, et dans cet instinct qui, les courbant vers la terre, les empêche de regarder le ciel. Notre poëte peint des couleurs les plus ressemblantes cette foule ignorante et trompée, ces hommes qui n'ont d'autre courage que celui de résister à Dieu, qui leur en a laissé la liberté, d'autres désirs que celui

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