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mois mexicains de 20 jours, mais leur année n'a que 14 mois, auxquels ils ajoutent, d'après des méthodes très-compliquées, un grand nombre de jours intercalaires'.....

› L'usage des séries périodiques et les hieroglyphes des jours nous ont offert des traits frappans d'analogie entre les peuples de l'Asie et ceux de l'Amérique. Quelques-uns de ces traits n'avaient pas échappé à la sagacité de M. Dupuis, quoiqu'il ait confondu les signes des mois avec ceux des jours, et qu'il n'ait eu qu'une connaissance très-imparfaite de la chronologie mexicaine. Il serait contraire au but que nous nous sommes proposé dans cet ouvrage, de nous livrer à des hypothèses sur l'ancienne civilisation des habitans du nord et du centre de l'Asie. Le Tibet et le Mexique présentent des rapports assez remarquables dans leur hiérarchie ecclésiastique, dans le nombre des congrégations religieuses, dans l'austérité extrême des pénitences et dans l'ordre des processions. Il est même impossible de ne pas être frappé de cette ressemblance, en lisant avec attention le récit que Cortez fit à l'empereur Charles-Quint de son entrée solennelle à Cholula, qu'il appelle la ville sainte des Mexicains.

› Un peuple qui réglait ses fêtes d'après le mouvement des astres, et qui gravait ses fastes sur un monument public, était parvenu sans doute à un degré de civilisation supérieur à celui que lui ont assigné Pauw, Raynal, et même Robertson, le plus justicieux des historiens de l'Amérique. Ces auteurs regardent comme barbare tout état de l'homme qui s'éloigne du type de culture qu'ils se sont formé d'après leurs idées systématiques. Nous ne saurions admettre ces distinctions tranchantes en nations barbares et nations civilisées. En examinant dans cet ouvrage, avec une scrupuleuse impartialité, tout ce que nous avons pu découvrir par nous-mêmes sur l'état ancien des peuples indigènes du nouveau continent, nous avons tâché de recueillir les traits qui les caractérisent individuellement, et ceux qui paraissent les lier à différens groupes de peuples asiatiques. »

■ Don Josè Mozino, Viage a Noutka, manuscrit. ( Voy. Essai politique sur la nouvelle Espagne, vol. 1, p. 475 de l'éd. in-8°.

› Mémoire explicatif sur le Zodiaque, p. 99.

Enseignement.

PROJET

D'UNE ÉDITION CLASSIQUE DES PÈRES.

Il n'est aucun de nos lecteurs qui n'ait été frappé de la justesse et de l'àpropos des réflexions insérées dans plusieurs Numéros des Annales, et en particulier dans le dernier, sur l'urgence d'introduire l'étude des SS. Pères dans l'enseignement classique : si donc nous rappelons encore l'attention des chefs d'établissemens ecclésiastiques sur cette grave question, qui pourrait s'en étonner?

Un des besoins les plus sentis de notre époque, c'est de donner plus de vie, d'imprimer une impulsion plus profondément religieuse à l'éducation des jeunes clercs; et le moyen le plus efficace serait de la dépaganiser. On oublie trop aussi que si, à de rares exceptions près, l'éloquence chrétienne a tant dégénéré depuis quelque tems, on ne peut l'attribuer qu'à l'indifférence pour ces sources incessamment fécondes, les saintes Écritures et les SS. Pères. Où Bossuet avait-il puisé cette vigueur de style, cette sublimité de pensée, qui l'ont mis hors de pair entre tous les orateurs modernes ? Où, si ce n'est dans la Bible et dans les docteurs de l'Église? Nulle part certes l'orateur chrétien ne trouvera de plus hauts modèles d'une éloquence vraie, un fond plus riche d'une instruction élevée et d'une piété pénétrante.

Non, l'éducation première n'est pas assez chrétienne. Ce reproche s'adresse aussi à l'éducation des jeunes gens appelés à vivre dans le monde et à fournir une carrière publique. Pourquoi là comme ailleurs ne mettrait-on pas sous les · yeux des élèves, et de très-bonne heure, les chefs-d'œuvre de la littérature chrétienne? Pourquoi leur laisser ignorer qu'il est une poésie ravissante et sublime ailleurs que dans Homère, et que la poésie des chants chrétiens est bien autrement intime et vive que toutes les riantes fictions de l'Olympe? Pourquoi, d'autre part, ne pas leur inspirer une idée plus relevée de leur foi, en

leur montrant quels élans de l'âme, quelle éloquence neuve et entraînante, elle a inspirés aux Chrysostome, aux Basile, aux Tertullien et aux Ambroise? Pourquoi laisser presque ignorer à cette jeunesse que l'Église a compté un grand nombre d'hommes de génie avant Bossuet, et que le quatrième siècle de l'ère chrétienne n'a pas jeté moins d'éclat, n'a eu ni moins de sève ni moins de vie que le siècle tant vanté d'Auguste?.... Ce serait, ce me semble, pour la jeunesse une confirmation puissante de sa foi.

Nous n'essaierons pas ici de répondre de nouveau à toutes les objections qui peuvent s'élever contre cette amélioration dans les études. Nous ne le dissimulerons point non plus : cette étude n'est point sans épines et sans dégoûts. Pour l'approfondir elle exige de longs et pénibles travaux. Mais il ne s'agit pas d'introduire tout d'un saut les élèves dans ce nouveau monde littéraire; il ne s'agit pas de leur imposer la tâche de lire, si jeunes encore, d'innombrables in-folio. Eh! ne pourrait-on pas leur inspirer le goût de cette lecture, en ne plaçant d'abord dans leurs mains que ce que les Pères ont de plus gracieux et de plus séduisant pour l'imagination, de plus chaleureux et de plus original, tout ce qui peut captiver l'intelligence vive et fraîche du jeune âge? Ainsi s'éprendraientils d'amour pour ce génie si riche et si varié de l'Orient, vivant encore pour nous dans Synésius, dans saint Chrysostome, saint Éphrem, saint Athanase et saint Grégoire de Nazianze; pour cette vigueur et cette véhémence du génie occidental qui éclate dans un saint Hilaire, un Tertullien, un saint Jérôme, un saint Ambroise, un saint Augustin. Et plus tard, quand le tems sera venu d'études plus sérieuses et plus soutenues, plusieurs sans doute voudront connaître davantage ce qu'ils n'ont fait qu'entrevoir dans des fragmens.

Mais le moyen, direz-vous, d'atteindre ce résultat? tenter ce qui a été fait pour l'étude des auteurs profanes. Mettez-vous entre les mains des jeunes gens un Démosthènes, un Thucidide, un Cicéron, un Plíne, un Tite-Live, complets, pour leur inspirer le désir d'étudier l'antiquité? Nullement.... Pourquoi ne publierait-on pas aussi des discours détachés des Pères grecs et latins? Pourquoi ne pas faire à notre tour un recueil de morceaux choisis, ou Leçons de littérature chrétienne, grecque et latine? Deux volumes seulement de ces extraits, coordonnés graduellement selon la force des élèves, suffiraient pour donner quelque idée de cette littérature si inconnue. Et ne serait-ce pas un éminent service à rendre à la jeunesse chrétienne?

Pour nous, qu'anime le désir de servir de toutes nos forces l'Église de Jésus

Christ, nous avons cherché à réaliser cette idée. Nous avons communiqué nos vues à un homme déjà connu de nos lecteurs par ses hautes vues sur l'enseignement et par ses études profondes sur les Pères. Cet homme, c'est M. l'abbé Foisset. Il nous a promis de donner ses soins à cette importante publication, si elle était encouragée par les chefs des maisons d'éducation.

Nous avons hâte de le leur annoncer, persuadés qu'ils accueilleront avec faveur cette entreprise si littéraire et si chrétienne, Ces Fragmens seraient publiés par cahiers détachés, qui, vendus à part, pourraient néanmoins être réunis en un ou deux volumes. Une courte notice sur chaque Père les précéderait, et de rapides analyses ou sommaires destinés à mettre l'élève au courant seraient ajoutés à chaque morceau.

La première livraison des Pères paraîtrait au mois d'avril prochain, et contiendrait des Fragmens de saint Basile-le-Grand et de saint Grégoire de Nazianze, à l'usage des Seconde et Rhétorique ( texte grec).

Si notre projet trouve de l'écho dans le clergé français et dans les maisons d'éducation qui tiennent à donner une éducation chrétienne à la jeunesse, nous publierons plus tard un prospectus pour faire connaître plus nettement le plan et la distribution de ce travail. Nous l'annonçons aujourd'hui parce que nous avions hâte de faire part de cette bonne nouvelle à nos lecteurs.

Nous voulions en outre demander aux chefs des différentes maisons d'éducation publique de nous faire part de leurs vues et de leurs réflexions sur l'exécution de ces Morceaux choisis. Nous serions heureux de pouvoir mettre leurs conseils à profit.

Qu'ils veuillent bien en même tems nous dire quelle serait à peu près le nombre d'exemplaires qui serait nécessaire à leur établissement.

Nous nous permettons de le répéter en finissant, il s'agit ici d'une œuvre éminemment chrétienne, d'une véritable conquête au profit du Christ et de l'Église. s'agit de rendre à la religion le rang qu'elle doit occuper dans ce que l'on appelle les œuvres de l'imagination et du génie, dans la littérature et les arts; il s'agit, sinon de chasser de nos écoles les auteurs païens, au moins de les y mettre à leur place, et d'y faire apparaître le Verbe de Dieu, avec cet éclat et cette gloire qu'il a bien voulu revêtir lorsqu'il a daigné se communiquer aux hommes par la parole de ses Écritures et par la bouche de ses ministres. Qui pourrait rester froid ou indifférent sur cette espèce de croisade chretienne, et ne pas répondre au cri de Dieu le veut!

Nouvelles et Mélanges.

AFRIQUE.

Progrés de la civilisation en Egypte.-Le voluine des Transactions de la Société asiatique de Londres, qui vient de paraître, renferme un rapport intéressant du comité de correspondance dont l'auteur, M. Johnston, résume la situation morale et matérielle de l'Égypte. Il rappelle les faits déjà connus de l'administration du vice-roi d'Égypte, qui joue au Caire le rôle de Pierre-le-Grand, et ajoute quelques nouveaux renseignemens. A cette École de médecine, où des salles de dissection sont actuellement ouvertes, Mohammed-Ali a ajouté la foudation d'une école de marine à Alexandrie, et diverses autres écoles en différentes villes pour l'instruction usuelle. Un ingénieur civil anglais est occupé à améliorer les canaux de l'intérieur et le cours du Nil, que remontent à présent les bateaux à vapeur; des routes d'Alexandrie au Caire et d'Alexandrie à Rosette et à Damiette sont en construction, et, dès qu'elles seront achevées, on y établira des voitures publiques dont le modèle vient d'être envoyé d'Angleterre, et qui seront sans doute les premières qui aient jamais roulé sur le sol africain. La Société asiatique devait à Mohammed-Ali de s'occuper de ses travaux en sa qualité de membre étranger; car ce prince mahométan a voulu que son nom fût inscrit parmi ceux des chrétiens qui nous dévoilent les mystères du monde oriental.

ASIE

Ruines qui prouvent la civilisation primitive de l'ile de Ceylan.-L'ancienne civilisation de l'île de Ceylan n'est pas une fable sortie du cerveau des voyageurs et des antiquaires; de vastes débris d'une grandeur déchue sont là pour l'attester. Telles sont les ruines de la célèbre ville d'Anaradjahpora, qui s'étendait sur une surface de 244 milles carrés, et formait un carré dont les côtés avaient 26 kilomètres de longueur; tel est aussi le Lowamaha-Paya, ruines qui consistent en 1,600 piliers de pierres, hauts de onze pieds, disposés en échiquier sur une surface carrée dont les côtés en contiennent 40 chacun. Au nord de ces ruines, à des distances diverses qui ne dépassent pas un mille, se trouvent les six dagobas qui sont sans nul doute les constructions les plus remarquables dans le voisinage d'Anaradjahpora. Les proportions de ces monumens ont quelque chose de gigantesque et de sublime: la hauteur des deux

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