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ver, ils vont eux-mêmes fouiller sous les cendres du moyen âge, recueillant avidement jusqu'à la moindre étincelle de vie et de foi pour réchauffer leur génie glacé. Ce sont pourtant les mêmes hommes qui vont répétant partout que le christianisme a fait son tems, qu'il se meurt, qu'il est déjà mort. Ils font de la religion ce que Platon faisait de la poésie : ils la couronnent de fleurs et la chassent de leur république. Le christianisme est mort, dites-vous; mais ce qui résiste à toutes les folies qui traversent votre cerveau, à toutes les sectes qui pullulent dans vos rues et dans vos carrefours, est-il mort? Ce qui fait qu'un carbonaro italien du 19e siècle pardonne à ses bourreaux, comme Jésus de Nazareth pardonnait aux siens, estil mort? Si votre philosophie s'éteint dans le scepticisme, si votre philantropie aux abois n'a ni pain ni consolation pour des millions d'hommes qui lui en demandent, convenez qu'une religion qui a toujours la foi pour ceux qui doutent, la charité et l'espérance pour ceux qui souffrent, vaut bien au moins vos théories et vos systèmes, et qu'elle suffira encore longtems aux besoins de l'humanité. Vous lui demandez de la vie, des prodiges!...

Et quel tems fut jamais plus fertile en miracles? Ce ne sont plus les aveugles qui voient, les boiteux qui marchent, les muets qui parlent; mais ce sont les plus hautes comme les plus basses intelligences qui se tournent vers cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde; ce sont les cœurs abattus et souffrans qui demandent à la croix un appui; c'est votre voix ellemême qui est forcée de la bénir. Voilà les aveugles, les boiteux et les muets qu'elle guérit:

Reconnaissez, Abner, à ces traits éclatans,

Un Dieu tel aujourd'hui qu'il fut dans tous les tems.

Mais ces prodiges, vous ne les niez pas, vous les confessez, vous les admirez, vous en profitez même. Juifs de la nouvelle loi, qu'attendez-vous donc encore?.... un autre Messie?.... Mais quel sera-t-il, ce Messie? quand et d'où viendra-t-il? qu'enseignera-t-il que le premier n'ait enseigné? Répondez donc une fois pour toutes à ces questions, qui vous ont été si souvent et si solennellement adressées.

En attendant, la Société des bons livres a fait une excellente œuvre, a parfaitement compris sa mission en rendant siens les Mémoires de Silvio Pellico, en publiant une nouvelle édition à la portée de toutes les fortunes. Que cette histoire, après avoir fait verser les larmes du riche, aille essuyer celles du pauvre et du malheureux; c'est la véritable destination d'un livre qui se termine par ces belles et touchantes paroles :

Ah! de mon malheur passé et de mon bonheur présent, › comme de tout le bien et le mal qui m'est réservé, bénie soit › la Providence, elle dont les hommes et les choses, bon gré mal › gré, sont les admirables instrumens qu'elle sait mettre en œuvre » pour des fins dignes d'elle! »

C'est aussi le seul désir d'un auteur qui sur ses lettres inscrit pour devise:

Credo, Spero, Amo.

X.

Astronomic.

DU CALENDRIER MEXICAIN

ET DE SES RAPPORTS AVEC CELUI DES PEUPLES

DE L'ANCIEN CONTINENT.

Nous avons promis dans notre N° 39' de faire connaître à nos lecteurs un monument précienx de l'ancienne civilisation américaine, un bas-relief représentant tout le système de leur calendrier et toute l'économie de leurs fêtes. Mais, quand nous en avons lu attentivement la description, nous avons reconnu qu'elle ne pouvait être convenablement comprise qu'après que nous aurions donné une idée au moins sommaire de la manière dont le peuple du Mexique comptait le tems, et du système sur lequel était fondé tout son calendrier. Nous nous sommes donc déterminés à faire entrer dans ce Numéro deux articles sur le même sujet. Dans le premier nous ferons connaître sommairement le système de chronologie mexicaine, et dans le second nous donnerons la lithographie représentant le calendrier mexicain et l'explication dont M. de Humboldt l'a accompagné.

Il ne faut pas s'attendre cependant à trouver ici une exposition claire, précise et entière de toutes ces matières. Ce n'est point un cours d'astronomie ou une histoire de cette science que nous fai

Voir la lithographie et l'article sur le buste d'une prêtresse mexicaine, ci-dessus p. 251.

sons. Nous cherchons dans les coutumes, dans les usages, les systèmes, les fêtes et les pratiques de ces peuples ce qui peut prouver leur origine asiatique, et ce qui peut nous aider à croire aux récits qui sont renfermés daus nos Livres.

Quant à leur origine asiatique, après avoir lu ces articles, nous pensons qu'il est impossible d'en douter, comme le fait observer M. de Humboldt lui-même; pour les traditions, nous espérons qu'on en trouvera encore un grand nombre à ajouter à toutes celles que nous avons déja citées dans nos précédens numéros'.

Nous sommes d'autant plus soigneux de recueillir ces différentes traditions, que nous croyons qu'on peut en faire un excellent usage pour la défense de notre foi. Ces traditions, qui apparaissent de toutes parts, vont donner une nouvelle direction à la critique biblique; car, bien que comme croyances elles soient grandement obscures, embrouillées, ridicules quelquefois, comme témoignages venant à l'appui des vérités de la Bible elles nous paraissent d'une importance que l'on ne saurait trop apprécier.

D'ailleurs ces deux articles serviront d'introduction à un autre que nous insérerons dans le Numéro de décembre. Cet article, que nous devons à la bienveillance de M. de Paravey, traitera de quelques zodiaques apportés de l'Inde, et aura pour but de prouver que toutes les représentations zodiacales et systèmes de calendrier ont une origine commune, qu'il faut aller chercher dans cette Asie centrale, qui, comme le dit la Bible, fut le berceau du genre humain et la source de toute civilisation. Déjà nous nous occupons de faire graver, exprès pour les Annales, un grand nombre de caractères chinois qui doivent entrer dans ce travail, qui, nous l'espérons, sera lu avec curiosité et profit par nos abonnés, et sera une preuve que les Annales ne reculent devant aucun sacrifice pour soutenir la cause de la science religieuse, à laquelle elles sont consacrées.

M. de Humboldt commence d'abord par faire sentir l'importance des monumens astronomiqnes, des calendriers et des diffé

Voir en particulier les deux articles insérés dans nos Nos 18 et 19, t. III, p. 407, et t. IV, p. 19.

rentes divisions du tems, pour faire connaître le degré de civilisation et déterminer l'origine et la filiation des différens peuples. Entrant ensuite plus particulièrement dans son sujet, il s'exprime

en ces termes.

L'année civile des Aztèques était une année solaire de 365 jours; elle était divisée en 18 mois, dont chacun avait 20 jours; après ces 18 mois, ou 365 jours, on ajoutait 5 jours complémentaires, et l'on commençait une nouvelle année. Les noms de Tonalpohualli ou Cempohualilhuitl, qui distinguent le calendrier civil du calendrier rituel, indiquent très-bien ses caractères principaux. Le premier de ces noms signifie compte du soleil, par opposition au calendrier rituel appelé compte de la lune, ou Metzlapohualli; la seconde dénomination dérive de cempohualli, vingt, et de ilhuitl, fête; elle fait allusion, soit aux 20 jours contenus dans chaque mois, soit aux 20 fêtes solennelles célébrées pendant le cours d'une année civile, dans les téocallis ou maisons des dieux.»

Explication du Calendrier civil et de ses points de ressemblance avec celui des peuples de l'Asie.

« Le comencement du jour civil des Aztèques était compté comme celui des Persans, des Égyptiens', des Babyloniens et de la plupart des peuples de l'Asie, à l'exception des Chinois, depuis le lever du soleil. Il était divisé en huit intervalles, division que l'on retrouve chez les Hindous et les Romains. De ces huit intervalles, quatre étaient déterminés par le lever, le coucher et les deux passages du soleil par le méridien.... L'hiéroglyphe du jour était un cercle divisé en quatre parties.

2

› Quoique, sous le parallèle de la ville de Mexico, la longueur du jour ne varie pas de plus de deux heures vingt et une minutes, il est cependant certain que les heures mexicaines devaient être

Ideler, Hist. Unters. über die astr. Beob. der Alten, p. 26.

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