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l'Orient sort de ce sommeil de plomb qui l'a tenu immobile et comme privé de vie et de liberté pendant plusieurs mille ans. De tous côtés les signes de ce réveil se manifestent; il renonce à ses vieux préjugés et à ses vieilles superstitions. La civilisation et avec elle le christianisme le pénètrent de tous côtés. Nous en trouvons une nouvelle preuve dans l'Asiatic Journal.

Ce recueil publie le procès-verbal d'une assemblée d'Hindous, tenue derniérement à Bramaya Sumaj, sous la présidence de Baboo Dwarkanauth Tagore, à laquelle ont assisté plus de quatre cents personnes, dont le but était d'exprimer hautement au gouvernement la satisfaction que leur cause l'abolition des sutlees ou sacrifices des veuves sur le tombeau de leurs époux.

On sait que cette abolition a été diversement jugée dans l'Inde, et que ceux des Hindous qui la considèrent comme une atteinte portée à leur liberté religieuse et une interdiction de l'une des cérémonies de leur culte, ont envoyé une députation en Angleterre pour réclamer contre un acte qui leur semble violer leurs droits. On voit que cette opinion n'est pas générale, et que les amis de l'abolition de cet horrible usage ne craignent pas de manifester publiquement leurs convictions. Plusieurs d'entre eux les ont, à cette occasion, soutenues dans des discours propres à faire une profonde impression sur leurs compa

trioles.

AFRIQUE.

Expédition des frères Lander pour pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique.

Voici l'extrait d'une lettre écrite par un officier appartenant à l'expédition des frères Lander.

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Fernando-Po, du vaisseau le Curlew, 12 mai 1833.

M. Lander est revenu, il y a quelques jours, du Non ou Niger. Le grand bateau à vapeur le Quorra atteignait la rivière de Shadda, lorsqu'il fut jeté par la force du courant, ou plutôt par un mauvais pilotage, sur un banc de sable, où il est resté trois mois avec environ trois brasses d'eau autour de lui. Cet accident a retardé l'expédition; car le petit bateau à vapeur l'Alburka fut obligé d'attendre l'autre bâtiment. M. Lander les quitta il y a trois ou quatre semaines pour se procurer des médicamens, du thé, etc. Le médecin qui a remonté la rivière était absolument sans expérience; il avait négligé de se munir de provisions. Il en est résulté qu'après qu'on fut entré dans le Non, vingt blancs,

outre six qui avaient déjà succombé, moururent de la fièvre et de la dissenterie dans ce nombre se trouvent le médecin lui-même, M. Brigs et tous les officiers, excepté M. Laird, M. Lander, le lieutenant Allen et le capitaine du petit bateau à vapeur.

. Heureusement ils avaient avec eux beaucoup de noirs (des Kromen), 20 dans un bateau et 15 dans l'autre; ces hommes sont tous vivans. Le succès d'une nouvelle expédition est maintenant certain, si elle est bien conduite; car Lander n'a trouvé de résistance qu'en un lieu situé à trois journées et demie de l'embouchure du fleuve. En cet endroit, les habitans reçurent à coups de fusil les canots qui venaient faire du bois; et, malgré toutes les tentatives de conciliation, les bateaux à vapeur furent obligés de tirer leur canon; la ville fut brûlée accidentellement. Cela est arrivé pendant que l'expédition remontait la rivière. Le chef du lieu s'est associé à neuf autres pour empêcher le retour de l'expédition; ce qui est une folie.

» Ces chefs vivent à 10 milles les uns des autres ; et bien qu'ils aient de grands canots, ils ne peuvent rien contre un bateau à vapeur. Ils ont été excités par les capitaines anglais qui font le commerce de l'huile de Palme, et par les négriers qui se sont efforcés d'entraver l'entreprise de Lander. Le pays est très-sain là où les bateaux à vapeur sont arrêtés, et ils ont des vivres en abondance. Lander dit que la nourriture de 30 hommes ne coûte guère par jour qu'un shelling six deniers. Le commerce n'a pas été très-heureux; car on ne s'est procuré qu'environ cinq tonneaux d'ivoire. Ce mauvais succès tient à l'absence de bons interprètes, et à ce que les bâtimens n'ont pas remonté assez haut. Si le grand bateau à vapeur n'eût pas touché, ils seraient arrivés jusqu'à Bousa. La force du courant a fait que le combustible n'a duré que deux jours; il en a fallu dix pour en faire une nouvelle provision. La maladie de Lander est la dyssenterie; il en est presque entièrement guéri. Il est descendu jusqu'ici à l'embouchure du fleuve dans un bateau ouvert, afin de changer de climat. Heureusement il n'a pas eu une goutte d'eau durant tout le trajet. Un orage l'aurait tué, et nous en avons eu deux très-violens, l'un la veille, l'autre le lendemain de son arrivée. Il s'est procuré ici quelques bons interprètes et des hommes bien disciplinés qu'a formés le colonel Nicholls. Le défaut de discipline paraît avoir exercé une influence fàcheuse sur l'expédition. Quant à l'opposition de la part des naturels, on peut dire qu'il n'y en a aucune. »

CHILI.

AMERIQUE.

Découverte d'une ville ancienne au Chili.

Nous avons déja

parlé plusieurs fois des monumens dont la découverte récente a changé nos idées sur l'état primitif des premiers peuples qui ont habité l'Amérique. Mais, comme ces monumens ne se rencontrent que dans les États-Unis, à l'est de ce pays, on en avait conclu que ces peuples n'avaient pas quitté les bords de la mer et n'avaient jamais pénétré dans l'intérieur des terres. Voici une nouvelle découverte qui prouve qu'une ancienne civilisation a couvert tout ce pays.

Un négociant allemand établi à Valparaiso, au Chili, et amateur de recherches scientifiques, a fait explorer par un matelot danois très-intelligent, nommé Kenous, quelques contrées sauvages du Chili, qui peut-être n'ont jamais été visilées par des voyageurs européens. On annonce que cet homme a fait des découvertes surprenantes. C'est ainsi que dans les Andes de Chillan il a trouvé une Plaine jonchée au loin des ruines d'une ville considérable. Comme les Indiens actuels du Chili ont toujours été nomades, et comme les incas n'ont jamais pu établir solidement leur domination sur ce pays, il faut que cette ville ait été bâtie et habitée par un peuple civilisé qui depuis a disparu totalement.

On sait que dans d'autres contrées de l'Amérique on a également découvert des traces d'une grande civilisation dont il n'y a plus de restes chez les Indiens qui habitent maintenant ces contrées.

Mélanges.

Inscription druidique à une vierge-mère.

On vient de découvrir à Châlons l'inscription suivante, qui vient à l'appui des nombreuses preuves que nous avons citées dans notre Numéro 38, ci-dessus page 103, que la promesse d'une vierge-mère était connue des peuples de l'antiquité. Les journaux qui ont rendu compte de cette découverte ont négligé, nons ne savons pourquoi, de mentionner cette concordance.

. On vient de découvrir dans une maison, place du Grail, à Châlons, à huit pieds de profondeur, environ trente squelettes humains, placés en ordre les uns sur les autres, parmi lesquels était une médaille, grand bronze, de l'empereur

Adrien, et différens morceaux de métal que l'oxidation empêche de reconnaître.

A quelques pieds au nord de ces ossemens, on a trouvé des fractions de chapiteaux à volutes, d'une forme qui tient des cornes du bélier, en pierre de liais; une tête en pierre d'un jeune enfant, ayant les cheveux bouclés; le buste d'une tête juvénile; un chapiteau ou base assez semblable à ceux des croisées gothiques, mais d'un style différent, dont la pierre, qui tient de la burge ou du mouton, est néanmoins d'une couleur plus foncée, d'un poids infiniment plus fort, et provient d'une carrière qui paraît perdue depuis la construction des plus anciennes églises de Châlons.

Suivant la tradition populaire, fortifiée par le témoignage de l'histoire locale, il y avait, non loin de cet endroit et du palais du gouverneur de Châlons, sous Claude Ier et Néron, une chapelle souterraine consacrée par les druides à la vierge des sectateurs d'Hésus. Là, les prêtres de Jupiter et d'Apollon se rendaient en grande pompe le premier de chaque mois pour faire des oblations et réciter des vers autour d'un autel sur lequel était élevée la statue d'une jeune fille, tenant un enfant entre ses bras. Au bas était cette inscription en lettres d'or :

Virgini parituræ Druides.

(Les druides à la vierge qui doit mettre un fils au monde).

On doit penser que ces fractions d'architecture et ces sculptures, d'un style antérieur à celui de nos églises, tout à fait étranger à celui des Romains, et dont la pierre est d'une nature qu'on ne retrouve plus dans les carrières des environs, pas même dans les constructions des plus anciens édifices de Châlons, doivent remonter au tems du Druidisme. »

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Voir sur ce fait le P. Lescalopier, Theologia veterum Gallorum, dans son édition de Naturâ deorum de Cicéron, in-fol., p. 720. Pelloutier, Histoire des Celtes, t. v., p. 15. — Frickius, part. 1, c. x., p. 98. — Higgins, the celtic. Druid., p. 162.

DE

PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 41.-Novembre. 1833.

Controverse catholique et protestante.

VOYAGE

D'UN GENTILHOMME IRLANDAIS

A LA RECHERCHE D'UNE RELIGION.

-

Préventions en faveur du protestantisme. — Projet de l'étudier dans sa source.— Examen des ouvrages des Pères de l'Église. — Désappointement. — Les premiers Pères sont papistes. Les hérétiques seuls sont protestans. — Avantages temporels qui poussent vers le protestantisme. -Curieuse lettre d'une miss protestante.—Voyage en Allemagne.— Revue des écrivains protestans.— Histoire de la réforme. · Son état actuel. Motifs d'attachement à l'Église catholique.

Jamais le christianisme, durant le cours de ses combats sur la terre, n'a manqué de défenseurs pour le soutenir, car celui qui l'a fondé sut toujours proportionner à la difficulté des tems le nombre et le mérite des bouches éloquentes et des plumes savantes destinées à servir sa cause. Toujours attaquée, toujours victorieuse, l'Église n'a pu déposer un seul instant les armes depuis dix-huit cents ans. Elle sortait à peine du berceau que le Verbe lui avait fait au pied de sa croix, que déjà « s'élevaient contre Dieu et contre son Christ la philosophie paienne et les hérésies, ces persécuTOME VU. N° 41.- 2e édition. 1842.

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