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Le troisième jour il a tiré la terre des eaux, et de là la science de l'hydrologie; ensuite la terre s'est couverte de plantes, de là l'étude de la chimie, de la géologie, de la minéralogie, de la botanique, de l'agriculture, de la géographie.

Le quatrième jour Dieu a créé les astres; de là l'astronomie.

Le cinquième jour il a créé les poissons, les oiseaux, et de là l'ichthyologie, les mollusques, les crustacés, l'entomologie, les zoophytes et l'ornithologie.

Le sixième jour il a créé les reptiles et les quadrupèdes, et de là l'étude de l'herpétologie et de la mammalogie; enfin l'anatomie comparée, les arts et les métiers par lesquels l'homme fait servir les créatures à ses usages. Et tels sont l'ensemble et l'ordre des sciences propres à nous faire rentrer dans nos vrais rapports avecla nature.

Il y a ensuite des vertus à acquérir, qui sont la tempérance et l'équité; des vices à corriger, qui sont l'intempérance et la cruauté, par lesquelles nous mésusons des créatures.

Cela posé, nous pouvons, Messieurs, nous représenter l'objet de l'éducation : c'est toute science, c'est toute vertu; enfin c'est un soin spécial qui a pour but de corriger tous les vices.

il

On s'étonnera peut-être que l'éducation embrasse toutes les connaissances, et l'on se demandera s'il est possible d'enseigner cette universalité des sciences; si l'enfant, l'adolescent est capable de recevoir tant de notions diverses et d'y faire des progrès suffisans. Je conviens avec vous que si l'on envisageait ces connaissances dans toute leur perfection, de manière que l'élève les sût à fond, l'idée que j'ai émise serait exagérée. Mais que, dans la première éducation, il convienne d'enseigner un précis de ces diverses connaissances, de manière que chacun, les recevant selon sa capacité, réponde dignement à la fin pour laquelle Dieu l'a créé ; notre opinion n'est pas douteuse à ce sujet, et Quintilien est là pour confir mer ce sentiment; lui aussi avait demandé la même universalité en énumérant toutes les sciences connues de son tems, et il réfute, dans son premier livre, les objections qu'il prévoit aussi bien que nous. Quintilien a pour objet de former ainsi un orateur; et nous, Messieurs, nous avons un dessein plus sublime, celui de former un homme à l'image et à la ressemblance de Dieu; c'est pourquoi nous nous représentons ce que doit être l'éducation d'après les principes

des Livres saints et la révélation du Créateur, qui a fait connaître à l'homme pour quelle fin il a été établi dans le monde, et, en concevant cette idée de l'homme, tel que le dessein de Dieu l'a manifestée, nous voyons que, pour le rendre digne de son origine, l'éducation doit embrasser toutes les sciences, toutes les vertus, exclure tous les vices; et nous déclarons imparfaite toute éducation qui ne conçoit pas cette noble pensée, par cela seul que l'homme, ayant été créé pour être en rapport avec Dieu, avec lui-même, avec la société, avec la nature, a besoin de connaître les êtres avec lesquels il doit être en rapport; car, quel rapport puis-je avoir avec ce que je ne connais pas?

Il faut donc connaître Dieu afin de lui être uni, puisque, sans cette union avec Dieu, l'homme n'est plus qu'un être semblable à la brute, incapable d'observer ses rapports, s'il ne puise en Dieu la science intellectuelle qui les fait concevoir; et de là les premières connaissances que nous avons énumérées.

Il faut se connaître soi-même, afin que l'âme, être spirituel, indépendant du corps, appréciant ses prérogatives au-dessus des sens, sache gouverner son corps; et de là la nécessité des sciences relatives à notre nature.

En outre, l'homme a été créé pour être en rapport avec la société et avec toute la nature. Dieu lui a donné des facultés et des organes pour atteindre cette fin. De là provient l'obligation de les exercer, afin de rendre ceux-ci aptes à remplir leurs fonctions en même tems que l'esprit acquiert la science nécessaire pour les diriger dans les vues de l'utilité publique. Et ne savez-vous pas que l'homme a autant d'organes différens qu'il a de rapports divers avec les créatures? Comment pourra-t-il observer ces rapports autrement qu'en se servant de ses sens, développés par l'éducation? Ignorez-vous aussi que lorsqu'on néglige d'exercer les organes, ils deviennent inertes, tandis qu'au contraire l'exercice les développe? D'ailleurs, dans le jeune âge les organes ne demandent qu'à s'exercer et qu'à saisir chacun son objet relatif. Si on en néglige quelques-uns, ceux qu i seront les plus exercés acquerront la force vitale au préjudice des autres; et, lorsque l'homme voudra, dans la suite, développer sa pensée, la communication lui deviendra impossible, si telle disposition organique lui manque pour n'avoir pas été cultivée. Alors

quel malheur qu'il soit resté longtems dans l'inaction! Ses organes y ont perdu leur activité, ils ne peuvent plus obéir; le travail devient à charge, et les plus grands talens se trouvent enfouis.

Dirons-nous ensuite que l'homme social étant appelé à remplir les fonctions d'un état, il ne peut en faire des applications fécondes qu'en proportion de l'étendue de ses connaissances, puisque toutes les sciences se tiennent et trouvent l'une dans l'autre secours et appui mutuels. Et d'ailleurs, comment savoir la profession pour laquelle un homme aura plus d'aptitude, si on n'a pas étudié ses dispositions en les développant? Ces dispositions sont les lois du Créateur, et ce n'est pas en vain qu'on leur fait violence en les détournant de leur but, en mutilant, pour ainsi dire, l'organisation. Oh! qu'il en soit autrement : donnez d'abord à cet esprit les connaissances qui lui conviennent, et appelez-le à se déterminer ensuite; la nature elle-même secondera nos vues, et tous les états seront bientôt florissans, parce que les membres du corps social, exerçant leurs facultés dans leurs rapports convenables, le feront avec succès, avec choix, avec bonheur; dans cette administration réglée par l'ordre, l'homme se retrouvera vraiment roi de la nature, gouvernant les élémens et disposant des êtres sensibles avec cette force, cette équité et cette justice qui sont les caractères de sa souve

raineté.

Nous serons heureux, Messieurs, si l'éducation parvient à nous conduire vers le perfectionnement; et son progrès du côté de la vérité ne tardera pas à obtenir l'accomplissement d'une destinée si brillante, dès que l'égoïsme et l'intérêt personnel, qui en sont trop souvent les mobiles, auront fait placé au dévouement sincère et à la charité qu'inspirent les besoins de l'humanité aussi bien que l'exemple de Jésus-Christ, dont le dessein généreux n'a eu pour but que l'éducation du monde par la régénération des esprits et des cœurs dans l'éternelle vérité. ›

Nouvelles et Mélanges.

ANGLETERRE.

EUROPE.

Mort d'un brahmane qui, le premier de sa caste, était venu vísiter l'Europe. Nous avons déjà parlé d'un brahmane de l'Inde qui, le premier de sa secte, a renoncé à sa haine contre le christianisme et aux préjugés héréditaires qui jusqu'à ce jour avaient animé sa caste contre notre religion, nos connaissances et notre civilisation. Nous avons même fait connaître un fragment de l'ouvrage qu'il a composé contre l'esclavage auquel les femmes sont assujetties dans l'Inde. Ce brahmane, désirant de mieux connaître nos arts et nos sciences, était venu en Europe depuis quelques années. Quoiqu'il fût venu passser quelques mois à Paris, où sa présence a fait peu de sensation, c'est on Angleterre qu'il demeurait habituellement, et c'est là qu'il est mort, le 27 septembre, dans une visite qu'il était állé faire à Stapletongrove, près Bristol. Son enterrement a eu lieu vendredi, 18 octobre, dans cette même ville. Son fils, Rajah Ram-Roy, environ vingt personnes de diverses opinions religieuses, toutes amies du défunt, et les deux serviteurs hindous du rajah ont assisté à cette cérémonie, qui a eu lieu dans le silence le plus solennel. Le corps à été déposé dans une propriété particulière par égard pour sa famille dans l'Inde, qui aurait perdu, dit-on, les honneurs et priviléges de sa caste, si le brahmane avait été enterré avec les cérémonies usitées chez les chrétiens.

Voici les détails que nous donnent sur sa personne et sur ses croyances les différens journaux anglais.

Cet homme distingué est le premier Hindou de marque qui non-seulement ait abandonné l'idolâtrie, que professaient ses parens et ses ancêtres, mais qui ait

Voir ce que nous avons dit de ce brahmane, nommé Ram-mohun-Roy, dans le No 6, t. I, p. 421 et 422 des Annales. Dans le prochain No nous parterons plus au long de ses croyances et de ses travaux, d'après des documens qui nous arrivent trop tard pour être insérés dans celui-ci. Voir ci-après p. 363.

traduit des portions du Nouveau-Testament, écrit et publié à Calcutta des ouvrages pour la défense du christianisme.

Son voyage en Angleterre avait excité le plus grand intérêt. Il avait pour but de s'instruire des mœurs européennes, et de servir ses compatriotes en leur ménageant des relations plus faciles avec l'Angleterre.

Pendant son séjour en Angleterre il ne s'est jamais bien porté; le climat ne lui était pas favorable. Il avait beaucoup de talens. Il parlait et écrivait l'anglais avec pureté et même avec élégance; la modestie et la dignité de sa conduite intéressaient particulièrement tous ceux qui pouvaient le voir et converser avec lui. Sa manière de vivre était des plus simples, et il ne s'en départit jamais. Il était brahmane de première classe.

Il savait bien le persan et l'arabe, assez bien l'hébreu et les langues indiennes, surtout le sankrit, le bengali, l'hindi et l'indoustani.

Ram-mohun est le premier Hindou instruit qui ait ouvertement professé des idées religieuses contraires à celles de sa patrie, et plusieurs milliers de ses compatriotes ont suivi son exemple.

Jamais il n'a adopté aucune des formes du christianisme. C'est une erreur de croire qu'il fut même unitaire. L'évêque Heber de Calcutta l'appelait un brahmane athée; mais c'est une calomnie. Ram-mohun était un pur déiste. Il écoutait à Londres des sermons dans diverses églises, sans professer pour cela un culte particulier. Peut-être cherchait-il encore le meilleur quand il mourut.

Politiquement parlant, il était républicain, ou plutôt ce que nous appelons maintenant radical. Dans son pays Ram-mohun était agent accrédité du grand Mogol. Les mots sanskrits qui forment son nom signifient littéralement : le bienaimé de Rama, d'extraction royale.

Quoique ces détails sur Ram-mohun-Roy ne satisfassent pas entièrement le désir que nous aurions eu de le savoir mort dans le christianisme, cependant son exemple a beaucoup servi au progrès des doctrines évangéliques, en faisant tomber les préjugés de sa nation et de sa caste contre nous. Aussi de jour en jour les peuples de l'Inde se montrent-ils moins défavorables au christianisme.

ASIE.

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INDE.-CALCUTTA. Assemblée d'Hindous qui demandent eux-mêmes l'abolition des sacrifices des femmes, Nous l'avons déjà dit plusieurs fois que

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