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Nouvelles et Mélanges.

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Prière de l'empereur de la Chine,

Un journal anglais nous a fait connaltre tout dernièrement un monument fort curieux ; c'est une prière composée par l'empereur actuel de la Chine, Taou-Kwang, pour demander au Ciel la cessation d'une sécheresse qui a désolé ce pays l'année dernière. Ce qu'il y a de remarquable dans ce morceau, c'est la confession solennelle que fait le fils du Cial de toutes les fautes qu'il aurait pu commettre contre les devoirs de sa charge. On lira avec intérêt cet examen de conscience, qui prouve quels sont les principes de morale admis et reçus, quoique peut-être non pratiqués, dans ce vaste empire; principes que plus d'un monarque chrétien pourrait être dans le cas de prendre pour modèle. D'ailleurs il est beau de voir un roj infidèle et orgueilleux s'humilier, comme Nabuchodonosor, devant le Ciel impérial, comme il appelle l'Etre qui gouverne le monde,

Requête au Ciel impérial ( Hoang-Thien ).

• Je présente, à genoux, une requête pour qué nos affaires soient prises en considération. Oh, Hélas! Ciel impérial, sî le monde n'était pas ébranlé par des changemens extraordinaires, je n'oserais pas présenter l'offrande d'un service extraordinaire. Mais cette année la sécheresse est terrible. L'été est passé, et nous n'avons point eu de pluie. Non-seulement l'agriculture et les hommes souffrent de ce fléau, les animaux et les insectes, les plantes et les arbres, tout * presque cessé d'exister.

Moi, le ministre du Ciel, élevé au-dessus des hommes, je suis chargé de faire régner l'ordre dans le monde et de procurer la tranquillité à mes peuples. m'est impossible de dormir en paix je suis abimé dans la douleur; je

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tremble d'angoisses, et cependant je n'ai pu obtenir de pluies abondantes et fertiles.

» J'ai jeûné il y a quelques jours; j'ai offert de riches sacrifices sur les autels de la terre et de ses produits, et jai exprimé ma reconnaissance pour quelques nuages et de légères ondées; mais ce n'était point assez pour répandre la joie.

. Je regarde en haut, et je me souviens que le cœur du Ciel est bienveillance et amour. La seule cause de ce malheur est la profondeur toujours plus grande de mes péchés, mon peu de sincérité et mon peu de dévotion; voilà ce qui a fait que je n'ai pu toucher le cœur du Ciel, et faire descendre d'abondantes bénédictions.

J'ai consulté avec respect nos archives, et j'ai vu que l'an 24 de KhianLong, l'empereur mon grand-père, puissant, honorable et pur, a offert avec humilité un grand service pour la neige. Je me sens poussé par dix mille raisons à suivre son exemple, et j'assiége le Ciel avec une angoisse mortelle, m'examinant moi-même, et considérant mes fautes; je lève mes yeux en haut, et j'espère pouvoir obtenir mon pardon.

> Je me demande :

› Si j'ai manqué de respect dans les sacrifices; si l'orgueil et la prodigalité se sont glissés inaperçus dans mon cœur et y occupent une place; si j'ai cessé de donner tous mes soins aux affaires de mon gouvernement, et si je suis devenu incapable de m'en occuper avec le zèle et les soins persévérans qu'elles exigent; si je me suis servi de paroles légères et dignes de reproches; si, dans la distribution des récompenses et des peines, j'ai observé une équité parfaite; si j'ai fait tort au peuple et porté atteinte à la propriété en élevant des monumens ou en dessinant des jardins; si, dans l'élection des fonctionnaires, mon choix n'est pas tombé sur des personnes dont les actes ont été vexatoires pour le peuple ; si les punitions ont été dispensées justement ou injustement; si les opprimés ont trouvé des moyens d'appel; si des innocens n'ont pas été enveloppés dans les persécutions dirigées contre des sectes hétérodoxes; si les magistrats n'ont pas insulté le peuple et refusé d'écouter ses plaintes; si dans les opérations militaires des provinces de l'ouest il n'y a pas eu des massacres pour le seul fait de ce qui revenait à l'empereur; si les sommes répandues pour soulager la misère des provinces méridionales ont été sagement dispensées, ou si le peuple a été abandonné et exposé à périr dans les fossés; si les efforts tentés pour exterminer les montagnards rebelles de Hoonan et de Canton ont été bien dirigés, ou

s'ils n'ont servi qu'à faire fouler aux pieds, comme la boue et la cendre, les habitans de ces contrées.

> Sur tous ces points, sur toutes ces causes de tourmens que j'éprouve, je devrais poser le fil à plomb, et faire tous mes efforts pour redresser ce qui est mai, me souvenant toujours qu'il peut y avoir des fautes qui aient échappé à mes méditations.

>Prosterné devant toi, je te supplie, ô Ciel impérial! Hoang-Thien, de me pardonner mon ignorance et ma misère. Renouvelle mon cœur, car seul je présente et je comprends des millions d'hommes innocens. Mes péchés sont en si grand nombre que je ne puis y échapper. L'été est passé, l'automne est là; il est impossible d'attendre plus longtems. Je me frappe le front et je te supplie, Ciel impérial, de m'accorder promptement une heureuse délivrance, une pluie abondante et divinement bienfaisante. Sauve les vies de mes sujets, et relèvemoi de mes iniquités. Oh, Hélas! Ciel impérial, écoute avec bonté. Je suis effrayé, inquiet, angoissé. Je te présente ma requête avec respect.

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(Extrait du Chinese Repository.)

État de l'éducation en Russie. — Tout l'empire, y compris le grand-duché de Finlande, est divisé en sept districts universitaires, dont chacun comprend un nombre plus ou moins grand de gouvernemens et de provinces. Un curateur est placé à la tête de chaque district, et le ministre de l'instruction publique gouverne et dirige l'ensemble. Il y a une université dans chaque district, et un eu plusieurs gymnases dans chaque gouvernement, et de plus des écoles primaires et secondaires ; les premières sont appelées écoles d'arrondissement. Le nombre des étudians inscrits aux registres des différentes universités montait en 1830 à plus de 5,000.

Outre ces universités, il existe un grand nombre d'autres établissemens consacrés aux plus hautes branches d'études, et qui ne sont pas sous la juridiction immédiate du ministre de l'instruction publique. Elles portent le nom de hautes écoles spéciales. La théologie grecque est enseignée dans les académies de Kief, de Moscou, de St-Pétersbourg et de Kasan. Il y a dans ces établissemens plus de 26,000 étudians et 430 professeurs. L'Église catholique entretient 13 seminaires; les protestans prennent leurs grades à l'université de Dorpat, la Faculté de théologie leur est exclusivement réservée. La jurisprudence et toutes les

branches de médecine sont enseignées dans ces universités, mais plus particu. lièrement aux écoles médico-chirurgicales de St-Pétersbourg et de Moscou.

D'autres établissemens, jouissant à peu près des mêmes prérogatives que les universités, sont destinés à former la jeunesse russe pour les hautes fonctions d'État. Ce sont le lycée de Tsarkoie-Selo, la haute école de St-Pétersbourg et les pensions nobles des universités de Moscou et de St-Pétersbourg. Après avoir achevé leurs études, ils prennent un certain rang dans la hiérarchie.

Plusieurs milliers de jeunes gens reçoivent leur éducation aux écoles militaires, répandues dans l'empire au nombre de 25. L'étude des langues orientales, du commerce et de la technologie occupe un grand nombre de professeurs dans les autres écoles spéciales. Une institution orientale, fondée en 1828, a pour objet de former de bons interprètes pour les relations diplomatiques de la Russie avec les cabinets de l'Est, et une école fondée à Orembourg est consacrée à répandre parmi les musulmans de l'empire les résultats de la civilisation européenne.

Tous les gymnases, au nombre de 55, subirent, sous le règne du dernier empereur, une complète réorganisation, et sont maintenant établis sur un pied

uniforme.

Il y a en outre 247 maisons particulières d'éducation, toutes soumises au contrôle de l'université du district dans lequel elles sont placées. Les écoles primaires sont très-peu nombreuses: on n'en compte que 120. Viennent ensuite les écoles élémentaires ou paroissiales: leur nombre est loin d'être proportionné aux besoins de la population, malgré tous les efforts du dernier czar. Le nombre total des écoles placées sous le contrôle immédiat du ministre de l'instruction publique était, en 1824, de 1,411, dans lesquelles 70,000 jeunes gens des deux sexes recevaient l'éducation. Dans cette estimation nous ne comprenons pas les écoles dans les colonies militaires, qui sont très-nombreuses, ni celles qu'entretient le clergé russe, et qui, dans la même année, montaient à 344. Enfin nos écoles normales et les écoles allemandes sont de jour en jour imitées et introduites en Russie. La somme annuelle mise à la disposition du ministre de l'instruction publique monte à environ 3 millions de roubles.

La presse aussi commence à exercer son influence sur l'esprit public: il ne paraît toutefois en ce moment que 63 journaux dans tout l'empire : ils sont écrits en douze langues différentes. Comparées au reste de l'Europe, sans doute les ressources intellectuelles de la Russie sont encore insignifiantes, et la masse

de la population est encore indifférente aux bienfaits de l'instruction. Quoi qu'il en soit, on ne peut pourtant s'empêcher de reconnaître les constans efforts du gouvernement: quelque retardataire que paraisse cet empire, quand on réfléchit sur les germes de perfectionnement qui se développent dans son sein, on De voit pas pourquoi on nierait sa tendance civilisatrice.

(L'Europe littéraire.)

Bibliographic.

MITHRIAKA ou les Mithriaques; Mémoire académique sur le culte symbolique du soleil, par M. de Hammer, traduit et publié par M. Smith, membre de l'Académie de Caen, etc. Chez l'Éditeur, faubourg St-Gilles, à Caen; et à Paris, chez Merklein. Prix : 15 fr.

Nous espérons revenir bientôt sur cet ouvrage, où le savant auteur a éclairci une foule de questions relatives à ce culte, le plus ancien peut-être et le plus répandu en Orient.

On lisait ces jours derniers dans la plupart des journaux de Paris : « Le roi Louis-Philippe a reçu en audience particulière MM. Alexandre Lenoir et Charles Farcy, de la société royale des antiquaires de France, qui ont présenté à S. M. les matériaux précieux relatifs à la publication des ANTIQUITÉS MEXICAINES, notamment celles de Palenque et de Milla, desquelles il résulte évidemment que cette partie du Nouveau-Monde fut aussi anciennement civilisée que l'Égypte et l'Inde. Cet important ouvrage est destiné à changer toutes les idées reçues touchant l'Amérique, qui aurait eu, à une époque fort reculée, des rapports intimes avec l'Indostan, et même avec l'Égypte..

Nous savions déjà que ces deux estimables savans s'occupaient de mettre au jour tout ce qui a rapport aux antiquités si précieuses de l'Amérique, mais nous avons vu avec plaisir cette annonce, et nous la reproduisons pour prouver comment peu à peu les idées changent dans le public, et les systèmes philosophiques et anti-religieux font place à des jugemens plus sains et plus favorables a notre cause. Nos abonnés peuvent compter que rien de ce qui intéressera la religion dans ce magnifique ouvrage ne leur demeurera inconnu'.

- Nous avons annoncé dernièrement la prochaine publication d'une HISTOIRE DE TOUTES LES VILLES DE FRANCE, par M. Daniélo : la pre

Les Annales ont en effet analyse ce grand ouvrage. Voir le premier article dans le t. xi, p. 276.

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