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A Rouvres, près de Dijon, même sacrifice a été fait par le curé pour payer les mois d'école des enfans pauvres.

A Aigué (Sarthe), le curé s'est chargé pendant plusieurs années de l'instruction des garçons, jusqu'à ce qu'un frère de la maison établie à Ruillé-sur-Loir (même département), par M. l'abbé Dujarrié, ait pu le remplacer dans ces fonctions. Ce même M. Letessier, qui dessert Aigué, paie le loyer de la classe, dont le matériel a été acheté de ses deniers.

A Saint-Aubin (Sarthe), l'école des garçons est dirigée par le curé en personne.

A Neuville (même département), le curé a poussé l'abnégation jusqu'à établir l'instituteur dans des bâtimens dépendant du presbytère.

Je ne parle pas de toutes les écoles que les curés ont fondées. Celles qui sont destinées à recevoir les garçons sont en moindre nombre dans ces fondations; mais on ne saurait compter les écoles de filles établies par cette voie. Nous ferons remarquer en passant que ces dernières écoles n'ont reçu aucune atteinte de la loi du 28 juin; le ministre l'a déclaré à la tribune, rien n'est changé quant à présent dans leur régime.

Pour moi, j'en fais l'aveu, ce qui me frappe dans les traits que je viens de citer, c'est moins encore l'esprit de sacrifice dont nos prêtres sont capables (qui en doute?), mais ce sont les moyens variés dont leur ingénieuse charité s'est armée pour s'assurer le droit de distribuer aux petits et aux simples cette aumône de l'instruction, la plus sainte, la plus précieuse de toutes. A nous donc, catholiques, de voir ce qu'il nous est donné de faire pour leur être en aide.

Pourquoi, s'écrie un chaleureux écrivain, M. Laurentie, pourquoi, au lieu de perdre notre tems à des disputes qui sont, pour la plupart, si vaines et si futiles devant les conseils dominateurs et impérieux de la Providence, ne faisons-nous pas, tous tant que nous sommes, prêtres ou pères de famille, une vaste ligue en France pour arracher la jeunesse et l'enfance à ses corrupteurs? Je voudrais une association qui liât tous les gens de bien et fournît dans tout le royaume des moyens d'assurer l'établissement et l'entretien des écoles populaires. Le monde va vite; les ans s'écoulent à des

controverses sans résultat; les révolutions se précipitent, et la courte vie de l'homme est emportée dans ce tourbillon qui brise et emporte aussi les empires. Mais, ne pouvant dompter les révolutions, on pourrait vaincre les erreurs et sauver à l'avenir des catastrophes nouvelles. C'est à ce travail que doivent se convier tous les hommes qui croient à la Providence plus qu'aux partis. »

Et nous, après avoir cité ces excellentes paroles, ne pourronsnous pas demander pourquoi ce ne sont pas déjà des faits ? pourquoi M. Laurentie, qui a été inspecteur-général de l'Université et qui a la double expérience de l'administration et des associations catholiques, n'a-t-il pas fondé depuis deux mois, à la face du soleil, le conseil central de cette association nouvelle? pourquoi le Moniteur des villes et des campagnes, qui a publié l'appel généreux que nous venons de transcrire, n'y a-t-il donné aucune suite? pourquoi enfin n'aurions-nous pas, nous, hommes de foi et de charité, nos comités d'arrondissement qui, d'un bout de la France à l'autre, encourageraient et vivifieraient, non pas seulement l'instruction, mais l'éducation des enfans du peuple?

TH. FOISSET,
Juge à Beaune (Côte-d'Or).

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Mythologie.

ORIGINE INDIENNE

DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE.

Erreurs enseignées dans les traités classiques de mythologie. — La langue, la la poésie, la philosophie, la plupart des divinités grecques ont leur origine dans l'Inde. — L'ermitage du Kandou, allégorie indienne.

Plusieurs fois nous avons déjà parlé des erreurs que l'on enseigne dans nos cours d'études classiques sur les religions antiques, et en particulier sur ce que l'on appelle la mythologie '. Nous avons même signalé, comme une des plus graves ignorances du siècle, cette persuasion que l'on nous donne dans nos livres élémentaires, que toutes les divinités païennes et le système du paganisme, tel que nous le connaisons, ont été inventés par les Grecs, dont l'imagination féconde et brillante, comme disent quelques auteurs, créa un ciel, un enfer, des dieux, conformes aux goûts, aux besoins, aux mœurs et au climat de la Grèce. Il arrive de là que nos esprits se trouvent remplis de préjugés et d'erreurs dont les instituteurs sont loin de calculer les déplorables effets; car ces préjugés et ces erreurs nous font envisager sous un faux jour les rapports de la Providence avec les peuples païens. Ces peuples, si nous nous en rapportons seulement aux études élémentaires et classiques, semblent hors de la famille de Noé et d'Adam, de la grande famille de Dieu. On suit vaguement leur origine jusqu'à la guerre de Troie; puis, lorsque notre imagination es

Voir entre autres un article sur le Destin, inséré dans le No 24, t. IV, p. 393, et celui sur l'Enseignement de la mythologie, No 28, t. V,

p. 203.

saie de pénétrer au-delà des tems héroïques, elle s'arrête éblouie et presque révérencieuse devant les demi-dieux, les dieux qu'on nous représente comme sortis du Chaos - Et le monde semble commencer là. - Et nulle indication, nul essai, pour coordonner ces croyances avec celles des autres peuples. Comme les Grecs, et plus qu'eux peut-être, nous croyons que seuls ils ont été civilisés, et que tout le reste était barbare.

Or, tout cela est inexact, incomplet, mal compris, faux. Leurs dieux, leur civilisation, leurs arts, leur littérature, les Grecs les ont reçus de l'étranger, de cet Orient, la source de toutes les connaissances, de toutes les traditions et de tous les peuples, comme le dit notre Bible. Et pour montrer à nos lecteurs que ces assertions ne sont pas gratuites et puisées dans le désir de rapporter tout à nos Écritures, nous allons encore interroger la science de ce siècle, et mettre sous leurs yeux le résultat de ses investigations. Grâce aux recherches, à la persévérance et à la rare sagacité de quelques savans, cette barrière, qui avait parqué dans la Grèce nos connaissances profanes, est renversée; et nous trouvons dans l'Orient antique, mieux connu, mieux apprécié dans sa langue et ses croyances, l'origine de toutes les croyances, de toutes les erreurs, de toute la civilisation grecque. La Grèce n'est que la fille volage, vagabonde, mondaine de la vieille terre de l'Inde, cachée jusqu'à ce jour à nos yeux. Aussi la Mythologie est sur le point de voir se débrouiller peut-être le vieux chaos qui a présidé à sa naissance. Voici les preuves de cette filiation et de cette maternité; nous les puisons dans un discours prononcé par feu M. de Chézy, et inséré dans un des numéros du Journal asiatique.

« Les Muses grecques veulent bien aujourd'hui faire les honneurs à leurs sœurs des bords du Gange, et suspendre un moment les doctes accords de la lyre, pour faire place aux accens, un peu légers peut-être, du luth indien.

A ce nom de sœurs, à ce lien de parenté dont je reconnais l'existence entre les Muses de l'Hélicon et celles du mont Mérou, il me semble déjà entendre mille voix s'élever contre une pareille assertion, contre la possibilité d'une semblable alliance! Longtems, je Favouerai, j'ai partagé la même prévention; mais, après le plus

mûr examen ; après le travail le plus sérieux, je n'ai pu me refuser à considérer comme sorties du même berceau des sœurs qui, malgré l'espace immense qui les sépare, parlent cependant à peu près la même langue, s'expriment souvent dans les mêmes termes, emploient les mêmes figures, et semblent avoir été inspirées par le même génie.

En effet, il est impossible, pour peu qu'on ait fait quelques progrès dans l'étude de la langue sanskrite, de ne point être frappé des rapports qui existent entre ce riche idiome et les langues grecque et latine; rapports qui se rencontrent non pas seulement dans des mots isolés, mais dans la structure la plus intime du langage, qui ne peuvent être l'effet du hasard, et qui supposent nécessairement ou une origine commune entre les peuples qui parlent ces langues, ou au moins de longues communications entre

eux.

L'histoire, il est vrai, ne peut nous fournir encore assez de données pour résoudre ce problème; mais combien d'autres faits réels enveloppés dans les ténèbres de ces tems, que nous nommons fabuleux et héroïques, sur lesquels son flambeau n'a pu jusqu'à présent répandre la lumière !

Si de l'étude de la langue sanskryte, considérée purement en elle-même, étude qui rend presque nuls tous les systèmes étymologiques hasardés jusqu'à nos jours, et qui est absolument indispensable pour diriger avec quelque certitude nos recherches dans un labyrinthe où l'on n'a trop souvent rencontré que des monstres; si de cette étude, dis-je, on passe à celle de la doctrine des Indiens, de leurs usages, de leur croyance, de leurs mythes sacrés, quels rapprochemens plus curieux encore ne se présenteront pas aussitôt à notre imagination!

Méditons-nous leurs livres de métaphysique, nous croyons lire les sublimes traités de Platon. Le dogme de l'immortalité de l'âme n'est point développé par ce sage et par les autres philosophes de la Grèce avec plus de profondeur et de sublimité tout ensemble qu'il ne l'est par les brahmanes dans leurs Oupanichads ( textes sacrés des Védas) où ces matières sont en général traitées sous forme de dialogues entre un maître et son élève, à la manière de Socrate.

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