Page images
PDF
EPUB

sphinx, des Antinous et d'un grand nombre d'autres statues égyptiennes. Il faut observer cependant que dans le voile égyptien les deux bouts qui se prolongent au-dessous des oreilles sont le plus souvent très-minces, et pliés transversalement. Dans une statue d'Apis, qui se trouve au musée Capitolin, les bouts sont convexes par devant, et striés longitudinalement, tandis que la partie postérieure, celle qui touche le col, est plane, et non arrondie comme dans la coiffe mexicaine. Cette dernière présente la plus grande analogie avec la draperie striée qui entoure les têtes enclavées dans les chapitaux des colonnes de Tentyris, comme on peut s'en convaincre en consultant les dessins exacts que M. Denon en a donnés dans son voyage en Egypte'.

› Peut-être les bourrelets cannelés qui dans l'ouvrage mexicain se prolongent vers les épaules sont-ils des masses de cheveux semblables aux tresses que l'on voit dans une statue d'Isis, ouvrage grec qui est placé dans la bibliothèque de la Villa Ludovisi, à Rome. Cet arrangement extraordinaire des cheveux frappe surtout dans les revers du buste gravé sur la seconde planche, et qui présente une énorme bourse attachée au milieu par un nœud. Le célèbre Zoega, que la mort vient d'enlever aux sciences, m'a assuré avoir vu une bourse tout à fait semblable dans une petite statue d'Osiris, en bronze, au musée du cardinal Borgia, à Véletri.

Le front de la prètresse aztèque est orné d'une rangée de perles qui bordent un bandeau très-étroit. Ces perles n'ont été observées dans aucune statue de l'Égypte. Elles indiquent les communications qui existaient entre la ville de Ténochtitlan, l'ancien Mexico et les côtes de la Californie, où l'on en pêchait un très-grand nombre. Le col est enveloppé d'un mouchoir triangulaire auquel pendent vingt-deux grelots ou glands, placés avec beaucoup de symétrie. Ces grelots, comme la coiffe, se retrouvent dans un grand nombre de statues mexicaines, dans des bas-reliefs et des peintures hieroglyphiques. Ils rappellent les petites pommes et les fruits de grenade qui étaient attachés à la robe du grandprêtre des Hébreux.

Denon, Voyage, pl. 39, 40, 60 (Numéros 7 et 8). 2e édition. 1842.

TOME VII. N° 39.

17

» Sur le devant du buste, et à 1/2 décimètre de hauteur audessus de sa base, on remarque de chaque côté les doigts du pied; mais il n'y a pas de mains, ce qui indique l'enfance de l'art. On croit reconnaître sur le revers que la figure est assise ou même accroupie. Il y a lieu de s'étonner que les yeux soient sans pupilles, tandis qu'on les trouve indiqués dans le bas-relief découvert récemment à Oaxaca.

› Le basalte de cette sculpture est très-dur et d'un beau noir; c'est du vrai basalte auquel sont mêlés quelques grains de péridot, et non de la pierre lydique ou du porphyre à base de grünstein, que les antiquaires appellent communément basalte égyptien. Les plis de la coiffe et surtout les perles sont d'un grand fini, quoique l'artiste, dépourvu de ciseaux d'acier, et travaillant peut-être avec les mêmes outils de cuivre mêlés d'étain que j'ai rapportés du Péait dû trouver de grandes difficultés dans l'exécution.

rou,

› Ce buste a été dessiné très-exactement sous les yeux de M. Dupé, par un élève de l'académie de peinture de Mexico. Il a 0TM, 38 de hauteur sur (m, 19 de largeur. Je lui ai laissé la dénomination de buste d'une prétresse, qu'on lui donne dans le pays; il se pourrait cependant qu'il représentat quelque divinité mexicaine, et qu'il eût été placé originairement parmi les dieux pénates. La coiffe et les perles qui se retrouvent dans une idole découverte dans les ruines de Tezcuco, et que j'ai déposée au cabinet du roi de Prusse, à Berlin, autorisent cette conjecture; l'ornement du col et la forme non monstrueuse de la tête rendent plus probable que le buste représente simplement une femme aztèque. Dans cette dernière supposition, les bourrelets cannelés qui se prolongent vers la poitrine ne pourraient être des tresses, car le grand-prêtre, ou Tepanteohuatzin coupait les cheveux aux vierges qui se dévouaient au service du temple.

› Une certaine ressemblance entre le calantica des têtes d'Isis et la coifle mexicaine, les pyramides à plusieurs assises, analogues à celles du Fayoum et de Sakharah, l'usage fréquent de la peinture hieroglyphique, les cinq jours complémentaires ajoutés à la fin de l'année mexicaine, et qui rappellent les épagomènes de l'année memphitique, offrent des points de ressemblance assez remarquables entre les peuples du nouveau et de l'ancien continent;

nous sommes cependant bien éloignés de nous livrer à des hypothèses qui seraient aussi vagues et aussi hasardées que celles par lesquelles on a fait des Chinois une colonie de l'Egypte. La plupart de ces analogies s'évanouissent dès que l'on examine les faits isolément. L'année mexicaine, par exemple, malgré ses épagomènes, differe totalement de celle des Egyptiens. Un grand géomètre, qui a bien voulu examiner les fragmens que j'ai rapportés, a reconnu par l'intercalation mexicaine, que la durée de l'année tropique des Aztèques est presque identique avec la durée trouvée par les astronomes d'Almanon'.,

Dans notre Numéro 41 (ci-après, p. 397), nous donnerons une lithographie représentant le calendrier mexicain, que l'on pourra comparer ainsi au zodiaque égyptien, et dont l'explication nous fournira encore de nombreux rapprochemens entre les croyances du nouveau-monde et celles de l'ancien.

1

Laplace, Exposition du système du monde, 3e edition, P. 554.

A.

་་་་་་་་་་་་་

Mélanges.

Authenticité d'une prophétie des livres sibyllins, concernant la naissance du Messie. — Les livres sibyllins étaient souvent cités par les auteurs païens et chrétiens des premiers siècles de l'Église. Il est constant qu'il existait, avant la naissance de Jésus-Christ, plusieurs livres contenant des prédictions remarquables, et conservés dans le Capitole. Plus tard, il paraît que différentes additions et interpolations furent faites dans ces livres sibyllins. La critique du 18e siècle, confondant ces deux sortes de livres, les rejeta tous. Les docteurs chrétiens paraissent aussi avoir accordé trop facilement que tous les oracles sybillins étaient apocryphes; mais voilà que la critique de ce siècle, qui, comme nous l'avons dit quelquefois, a presque tout à refaire dans l'histoire des religions et des croyances antiques, revient sur cette question, et s'attache à prouver l'authenticité de l'oracle sibyllin concernant la naissance de Jésus-Christ. Voici ce que nous lisons dans le Mémorial encyclopédique d'août :

A la séance du 6 juin de la société littéraire de Londres on a lu un mé

252

moire de M. G. S. Faber sur l'origine d'une prophétic latine qui circula pour la première fois à Rome 63 ans avant l'ère chrétienne, et qui annonçait que la Nature allait faire naître un roi pour le peuple romain: Regem populo romano Naturam parturire. (Suét. in Vit. Aug.) Il est constant, d'après les témoiguages d'auteurs anciens et les recherches des modernes, qu'un pareil oracle avait cours en Italie plus de 60 ans avant Jésus-Christ, et on est généralement d'accord qu'il avait été puisé originairement dans les livres sibyllins.

[ocr errors]

Après avoir fait l'histoire de ces livres mystérieux, et avoir démontré que ce ne fut guère que 66 ans avant l'ère chrétienne qu'on rétablit dans le Capitole ces oracles fameux dont les originaux, dus à Tarquin, avaient été brûlés lors de l'incendie de ce monument, M. Faber pose cette question:

› Comment un oracle qui s'accorde d'une manière si précise avec l'opinion qui était à cette époque, ou quelques années plus tard, dominante en Orient, a-t-il pu s'introduire dans la deuxième collection des vers des Sibylles conservée dans le Capitole romain?

› Pour répondre à cette question, l'auteur prouve que l'oracle italien et l'opinion régnante en Orient avaient une seule et même source, qui était les livres sacrés des Hébreux, dont on avait eu connaissance dans l'Occident par les traductions grecques, et dont divers fragmens, suivant Denis d'Halicarnasse, étaient considérés, en Italie même, comme des oracles sortis de la bouche d'une des dix Sibylles. Il fortifie cette opinion en citant la ressemblance du Pollion de Virgile sous le rapport des idées et des expressions, avec différentes prophéties juives sur le Messie. Les prédictions de l'oracle commençaient à cette époque à se répandre; il est probable que le savant poëte obtint la permission d'en voir une copie, ou même d'explorer les manuscrits originaux. Ce qu'il y a de certain, c'est que le style de cette pièce s'éloigne tellement de l'esprit des écrivains païens, qu'on pourrait la prendre pour une véritable prophétie sur le Messie, ou au moins un poëme sur ce sujet, et une imitation exacte des prophéties des prophètes juifs. Enfin, pour confirmer son opinion, M. Faber rappelle que la collection des oracles n'était pas l'ouvrage d'une seule Sibylle, mais de plusieurs ; que ces femmes mystérieuses étaient dans l'origine au nombre de quatre, mais que ce nombre fut ensuite porté jusqu'à dix, qu'une des six Sibylles qui furent ajoutées aux quatre premières etail, assuret-on, Juive d'origine, el avait été recrutée parmi les Sibylles des Hébreux de la Palestine..

el

DE

PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 40.-Octobre 1833.

Etudes cléricales.

EXAMEN

DE QUELQUES AMÉLIORATIONS A INTRODUIRE
DANS LES ÉTUDES CLÉRICALES.

Avantages à remplacer les auteurs païens par les auteurs chrétiens. —- Améliorations proposées aux traités scolastiques; --- de la logique ; — de la religion

naturelle ; — de l'évidence. - Nécessité de recourir à l'étude des Pères.

Nous avons souvent appelé à nous les réflexions des hommes sages et expérimentés qui se trouvent à la tête des maisons d'éducation ecclésiastique. Plusieurs fois déjà on a répondu à cet appel, et nous savons que les considérations émises par M. l'abbé Foisset et par M. Bouvier, vicaire-général du diocèse du Mans, ont été lues avec intérêt et goûtées par la plupart de nos lecteurs. Nous pouvons ajouter même que quelques-unes des améliorations indiquées par ces messieurs, ont été au moins commencées dans quelques localités, et qu'elles y ont produit les plus heureux résultats. C'est ce qui nous engage à publier encore la lettre suivante, qui nous paraît contenir des réflexions justes et présentées avec cet esprit de modestie et de défiance qui fait que ce que l'on dit ne peut qu'être pris en bonne part et profiter au règne de la vérité. Monsieur le Directeur,

Les Annales ont publié, sur l'éducation cléricale, des articles du plus grand mérite, et tels qu'on en devait attendre de leurs savans TOME VII. N° 40. — 2‹ édition. 1842. 17his.

« PreviousContinue »