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plusieurs en peu de tems, sans beaucoup de peine et d'une manière très-solide.

Or ce sont toutes ces connaissances, tous ces principes de la philologie et de la linguistique que le savant et modeste auteur dont nous analysons ici les travaux, a voulu appliquer à l'étude du latin, du grec et de l'hébreu, en prenant le français pour base de ces trois langues.

On voit déjà quelle nouvelle voie une telle méthode ouvre à l'enseignement, comment, dans une étude jusqu'à présent toute machinale et matérielle, les plus importantes questions se trouvent résolues, les principes les plus essentiels solidement établis, l'éducation enfin du jeune homme, commencée sur un plan large, et qu'il lui sera permis de développer pendant toute sa vie, selon son aptitude ou sa volonté à vouloir connaître un des points les plus importans de l'histoire de l'humanité.

Avant d'entrer dans quelques détails sur le volume dont nous annonçons aujourd'hui la prochaine publication, et qui traitera spécialement de l'étude du latin, nons croyons devoir, pour l'agrément des personnes qui sont étrangères à l'étude des langues, et qui peut-être secouent la tête quand nous leur parlons de mots hébreux contenus dans le grec, le latin et le français, mettre sous leurs yeux le tableau suivant, qui, tout incomplet qu'il est, pourra les convaincre que nous n'avançons rien qui ne soit vrai, et même reconnu des philologues.

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TABLEAU DE QUELQUES MOTS FRANÇAIS QUI SE TROUVENT DANS LES TROIS LANGUES LATINE, GRECQUE, HÉBRAIQUE.

Arrhes,
Clef,

Choeur (de danse), chorus,

Coupe,

Cyprès,

Dévorer,

Se gaudir,

cupa,

cupressus, cyparissus, xuñάptoσo,

μέταλλον, μúdŋ ( meule),

ghiber, dominer.

A meghae, R. лghae, êtregrand.

DD metel, fer fondu.

mela, remplir, plénitude, etc.
megháe, de лy gháe, mugir.
eoud, louange, n ide, louer.
noutel, porter, lever.

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TABLEAU 4.

Nous nous servons ici
de la prononciation dite
de Masclef, dans laquelle
on ne fait attention qu'aux

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jy dreboun1, R. 27 áreb, donner

x cla, fermer.

[en gage.

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héde, se réjouir.

Tour,

turris,

τύρσις,

tire, château.

Tyran,

tyrannus,

τύραννος,

[thésauriser.

Thrésor,

thesaurus,

θησαυρός,

thatsar, inusité de ¬yx atsar,

}

Ts se change en S.

Je vais, tu vas, il va, vado,

βάδω, βάω,

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boua, aller.

B se change en V.

Vin,

vinum,

οἶνος,

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ün, vin. O: est même chose que I ou Vi; le V est une aspiration.

Mais tous les mots ne sont pas passés dans les différentes langues d'une manière également apparente, et c'est pour cela qu'il faut une méthode, et qu'un ouvrage élémentaire, comme celui que nous annonçons, était nécessaire.

Cet ouvrage, qui est spécialement consacré à l'étude de la langue latine, sera divisé en trois parties.

Dans la première partie seront contenus les mots communement regardés comme racines ou primitifs, avec les expressions françaises qui en viennent, soit immédiatement, soit par des dérivés ou des composés, lesquels se trouveront sous leurs racines respectives. Quand celles-ci seront elles-mêmes susceptibles d'une étymologie latine, on la rapportera aussi.

Voici quel est le classement de tous les mots latins; tous ces mots peuvent se réduire à 2,500 racines. Sur ce nombre, 2,000 au moins sont suivies de mots français plus ou moins connus; et, dans ce nombre de 2,000, quelques centaines ont au surplus des étymologies latines, parce que ce ne sont pas des racines proprement dites; 418 environ ne sont suivies que d'étymologies latines; ainsi il n'en reste qu'un peu moins de 90, qui n'aient pas de dérivés français ni des orignes latines, et encore il faut noter que ces 90 racines sont la plupart grecques, ou si rarement employées, que beaucoup de ceux qui savent bien le latin ne les connaissent guère; quelques-unes au contraire se présentent si fréquemment qu'il n'est pas difficile de les apprendre par l'usage.

Ainsi tous les autres mots pouvant facilement se retenir et être compris par l'un ou l'autre de ces moyens, on voit combien l'étude des racines, et par elles de tout le latin, devra être abrégée et fåcilitée.

La seconde partie présentera le tableau complet des transformations changemens, altérations, que les mots ont subis en passant d'une langue dans une autre. Cette partie traitera donc des règles de l'étymologie; les principales de ces règles sont qu'il faut négliger le son des voyelles, parce que dans toutes les langues elles se remplacent les unes par les autres; regarder comme une seule lettre toutes celles de même organe; savoir les affinités qui existent entre les lettres des divers organes, etc.

Pour donner un exemple de la méthode et de l'ouvrage, nous

allons citer les règles par lesquelles il sera facile de prouver qu'un mot qui cependant ne présente presque aucune trace de la racine primitive vient cependant rigoureusement de cette racine; nous prendrons pour exemple le mot CHEF, téte, lequel vient, avec certitude, de CAPUT, tête.

1. On retranche la finale UT, et l'on a

CAPUT.

CAP.

EXEMPLES.

De totus on a fait tout; de lupus, loup; de bonus, bon; de malum, mal; de vilis, vil; etc.

2 En changeant le C en CH, on a

EXEMPLES.

Campus, champ; cantus, chant ; castus, chaste; currus, char; caritas, charité; mancus, manchot; candela, chandèle ; scala, eschèle; etc.

3o En changeant A en E, on a

EXEMPLES.

Amarus, amer; mare, mer; pala, pelle; carnalis, charnel; talis, tel;

qualis, quel; æternalis, éternel; camisia, chemise, etc.

4° En changeaht P en V, on aura

EXEMPLES.

Sapor, saveur; sapo, savon; sápa, sève; capra, chèvre ; etc.

5o Enfin, en changeant V en F, on aura

EXEMPLES.

CHAP.

CHEP.

CHEV

CHEF.

Vivus, vif; activus, actif; bove, bœuf; ovum, œuf; novus, neuf; novem, neuf; etc.

Et lorsque l'on verra ici cinq opérations pour trouver régulièrement le mot chef dans le mot caput, il ne faudrait pas croire que les enfans fussent obligés de tâtonner ainsi sur tous les mots. Non; nous osons dire qu'une fois les règles connues et mises pendant quelque tems en usage, ces changemens se présenteront

d'eux-mêmes à l'esprit et à la langue des enfans. Il est des difficultés bien plus grandes, des irrégularités bien plus compliquées et bien plus embarrassantes qu'ils viennent à bout de connaître et de surmonter, sans peine, et presque machinalement; car on dirait que les règles et les difficultés du langage se gravent d'elles-mêmes dans l'esprit des enfans, et que les mots, avec leurs irrégularités, viennent naturellement sur leur langue.

La troisième partie traitera de toutes les désinences : l'on y verra comment elles modifient diversement et uniformément les mots primitifs; d'ailleurs il est nécessaire de les connaître nonseulement pour apprécier la valeur de ces mots, mais encore pour remonter au primitif ou à la racine. On sera étonné de la facilité que donne cette étude pour comprendre toutes les significations que peut avoir une racine modifiée régulièrement et par des règles fixes et peu nombreuses dans ses désinences.

Nous le répétons, cette méthode nous paraît seule poser les premières bases de l'étude scientifique, philosophique, si l'on veut, mais en même tems chrétienne, des langues. Et nous le disons avec d'autant plus de raison que c'est une véritable introduction à toutes les langues. En effet, la plupart des principes exposés et mis en usage dans cette méthode servent pour les autres langues; car le mécanisme est à peu près le même pour toutes, au moins pour les plus connues, les plus utiles, et les plus dignes d'exciter la curiosité d'un jeune homme qui veut acquérir les connaissances qui forment une éducation distinguée.

pas dire

cela que

Nous ne voulons pour toutes les langues sont les mêmes radicalement, qu'elles ne different que par la différence des sons donnés aux voyelles; la linguistique n'est pas encore assez perfectionnée pour nous permettre de prononcer sur cette question.

Sans rejeter entièrement cette pensée, nous ne la recevons pas, parce que nous ne voulons pas ici faire de système. Nous en prévenons de nouveau nos lecteurs; nous n'ambitionnons pas l'honneur d'imposer notre science au siècle, mais nous cherchons à faire tourner à la gloire de la vérité et de Dieu, et au profit des sciences et des hommes, nos frères, ce que nous trouvons dans les découvertes de ce siècle. Ramenant ainsi à leur pricipe, comme à

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