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vagabondage ignoble et dégradant pour eux, état pourtant dans lequel ils n'ont pas perdu entièrement le souvenir de leur primitive origine, non plus que toutes les traditions que possédaient leurs pères. Nous avons déjà parlé de quelques-unes de ces traditions, d'après les monumens indigènes trouvés par M. de Humboldt chez les Aztèques. Nous compléterons ces documens, et nous y ajouterons les peintures et les hieroglyphes mêmes, que nous ferons dessiner pour les Annales.

Outre ces travaux, que nous avons dû mettre en première ligne à cause de l'importance de leurs résultats, les Annales en ont publié un grand nombre d'autres qui tous ont eu pour but de donner de nouvelles preuves de la vérité de notre foi, et qui démontrent ce que nous avons annoncé dès le principe, que Sciences commencent à se réconcilier avec la Religion.

les

Nous allons en rappeler ici quelques-uns, parce qu'il importe beaucoup de les faire entrer en toute occasion, et dans les conversations, et dans les lectures, et dans la chaire, afin qu'ils soient connus de plus en plus et se popularisent.

Ainsi le savant voyageur et géographe M. Klaproth nous a appris que l'histoire certaine des peuples de l'Asie ne remonte pas au delà du 9e siècle avant notre ère, et que l'histoire incertaine des peuples les plus anciens ne remonte à peu près qu'à 3,000 ans avant notre ère, ou jusqu'à la grande inondation qui' submergea l'ancien continent.

M. Abel Rémusat nous a fait lire le nom de Jéhovah dans les anciens caractères chinois, et nous a fait connaître d'autres traditions qui commencent à jeter quelque jour sur les croyances obscures des Lettrés de cette nation.

M. Sylvestre de Sacy a retrouvé les restes des Samaritains dans un petit recoin de la Palestine, conservant encore leur Pentateuque, què l'on croyait perdu depuis le 6° siècle, et, avec le Pentateuque, des cérémonies et des croyances, et aussi des erreurs, qui datent de la séparation des dix tribus.

M. Balbi, en faisant passer devant nos yeux toutes les langues qui ont été parlées sur la terre, est arrivé à cette conclusion : qu'elles sont toutes dérivées d'une souche primitive, et qu'elles ont presque toutes une connexité plus ou moins grande avec Phébreu.

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Nous avons vu que l'ethnographic, science nouvelle que l'on doit à ce même savant, est encore une science toute religieuse qui contient l'histoire primitive du genre humain ; elle confirme cette grande vérité renfermée dans la Genèse que tout vient de Dieu. Nous aurons encore à parler des travaux fort importans et fort curieux que nous devons à la vaste érudition et à la rare patience de M. Petit-Radel, membre de l'Institut. Ce savant est sur le point d'achever un monument auquel il a consacré toute sa vie. C'est de débrouiller les tems mythologiques et héroïques de la Grèce, et l'origine de ces fameux monumens cyclopéens ou pélasgiques, qui subsistent encore sur les rivages de l'Asie-Mineure, dans toute la Grèce, l'Italie, les îles de la Méditerranée et une région de l'Espagne. Avec des soins infinis et une patience incalculable, M. PetitRadel s'est procuré des vues exactes de tous ces monumens et de toutes ces ruines, et il en a fait des modèles en plâtre qui représentent l'état où ils se trouvent en ce moment; ces modèles, exposés seulement depuis peu de jours dans la salle de la biblio theque du palais de l'Institut, formeront un musée nouveau, sous le nom de Musée cyclopéen.

Grace à la bienveillance que veut bien nous témoigner ce savant académicien, nous pouvons assurer que les Annales feront connaître d'une manière toute spéciale ces importans, travaux. Ils sont destinés à prouver que ces constructions cyclopéennes sont semblables à celles que l'on trouve décrites dans la Bible, et que les Pelasges pourraient bien être les Cananéens chassés par Josué

de la Palestine'.

Dans l'analyse des différens travaux de l'Académie asiatique de Calcutta, nous avons vu les voiles qui couvraient les croyances et les traditions de l'Inde soulevés peu à peu. Grâce aux veilles des William Jones, des Wilkins, des Halhed, nous avons connu la doctrine obscure des Brahmanes et des livres sacrés des Indous; et nous y avons trouvé de nombreuses traces des révélations primitives faites au genre humain, et que les enfans de Noé, qui ont peuplé l'Inde, avaient dù nécessairement y porter...

Ce n'est qu'en 1841, et après la mort de M. Petit-Radel, que ses héritiers at fait imprimer ses travaux. Nous en rendrons compte prochainement. (Note Tela de edition.)

Bien des découvertes restent encore à faire dans ces contrées ; c'est là qu'il faut aller chercher l'origine de la mythologie grecque et peut-être égyptienne. Nous ferons connaître les autres travaux qui sont déjà faits, et nous tiendrons nos Abonnés au courant des découvertes qui se font encore tous les jours.

Dans son voyage critico-biblique, M. le professeur Scholz a mis la dernière évidence à l'intégrité des livres du Nouveau-Testament. Tous les manuscrits ont été examinés, les variantes notées, et il en est ressorti que le texte latin du Nouveau-Testament dont se sert l'Église catholique est l'édition la plus exacte et la plus purc de toutes celles que les recherches critiques les plus minutieuses aient fait découvrir.

Dans différens articles, les Annales ont encore fait connaître, siècle par siècle, les erreurs qui ont assiégé l'Église du Christ, et ont essayé de faire comprendre l'influence que la philosophie, et surtout la méthode païenne du trop fameux Aristote ont exercée sur l'étude scientifique des croyances que le Christ a confiées à son Église; elles ont joint à ce tableau, siècle par siècle, la listes des souverains pontifes qui l'ont gouvernée et celle des docteurs qui l'ont édifiée ou défendue, en y ajoutant une note bibliographique exacte de tous les ouvrages des anciens Pères et défenseurs de la foi. Enfin, dans un grand nombre d'articles sur la variété des individus habitant les différens climats et sur l'unité de l'espèce humaine; sur les traditions primitives conservées, plus ou moins dénaturées, chez la plupart des peuples, et offrant pourtant des preuves certaines de leur origine; dans les extraits des plus récens voyages où nous avons appris dans quel état se trouvent en ce moment les villes, les contrées et les peuples contre lesquels les prophètes avaient lancé leurs prophétiques menaces; dans tous ces travaux, dis-je, nous croyons avoir fait comprendre l'état présent des découvertes modernes dans leur rapport avec la Religion, et constaté le mouvement général des intelligences, qui toutes reviennent vers le catholicisme.

Ce que nous venons de dire peut faire comprendre la direction que nous avons donnée à nos travaux passés et une partie de celle que nous donnerons à ceux qui seront insérés dans les Numéros qui vont suivre.

Car, nous croyons pouvoir le promettre, une plus grande et

plus forte impulsion va être donnée aux Annales de philosophie chrétienne. Jusqu'à présent nous nous sommes bornés à bien constater le point où se trouve la science; il nous a fallu revenir sur des auteurs et des ouvrages qui datent des précédentes aunées; aujourd'hui, sans négliger ces sortes de travaux, qui, tout utiles qu'ils sont, ne sont pas suffisamment connus, nous nous occuperons un peu plus des auteurs et des ouvrages de notre époque, soit français, soit étrangers. Ce champ est immense, et la moisson n'est pas moins belle que celle que nous avons déjà cueillie dans le domaine de la science du siècle.

Il est aussi un grand nombre de jeunes gens qui, entraînés dans le doute ou l'incrédulité par l'impulsion donnée à la science commune et ordinaire et à l'éducation publique, s'arrêtent au milieu du mouvement, saisis comme nous d'étonnement à la vue du retour de la haute science et de la saine philosophie vers la Religion. Puis dans des ouvrages sérieux ou futiles ils émettent de ouables pensées, et adressent à la science, à l'impiété et à la religiosité du siècle des objections et des reproches fondés. C'est avec eur que nous nous trouverons un peu plus souvent dans la lice, et, avec cordialité et franchise, avec estime et bonne foi, nous discuterons ensemble si nos croyances présentes et nos révélations antiques ne contiendraient pas le mot de cette énigme de la vie, qu'ils ne peuvent deviner ou comprendre avec toute la science du

siècle.

Quoique nos Annales s'occupent spécialement des sciences, nous ne renonçons pas pour cela à la littérature. S'il paraît quelque ouvrage qui soit utile à notre cause, si, parmi les prétendues productions poétiques, incolores, fanées, étiolées à leur naissance, qui nous inondent, il se présente quelqu'une de ces fleurs de poésie au parfum céleste, au coloris simple et naturel, quel'une de ces fleurs qui peuvent trouver place dans les parvis du temple et sur les angles de l'autel, nous les ferons connaître à os Abonnés, et nous saluerons le poète de nos vives acclamations. Nous aurions encore à dire bien des choses à nos Abonnés, à révondre à bien des demandes, à remercier de bien des assurances sympathie, à accepter bien des offres de service, mais cela nous erait trop loin. Nous désirons que nos Abonnés ne voient en ceci une simple lettre familière, qui s'adresse à eux seulement, et

qui aussi est écrite en courant, sans plan, sans art, sans préparation. Nous leur demandons un peu de patience, et aussi un peu d'indulgence; et nous espérons, Dieu aidant, satisfaire à toutes nos promesses et à toutes leurs espérances.

Nous ne pouvons donner ici le tableau statistique de nos abonnés, cette recherche et cette classification n'étant pas encore faites; mais nous le publierons, comme nous l'avons déjà fait, à la fin du semestre. Nous ne voulons cependant pas dissimuler que ce tableau ne serait pas aussi prospère que le dernier. Nous n'osons nous en plaindre, mais nous espérons que cette diminution sera facilement réparée par le nouveau développement que vont prendre nos Annales.

Nous mettons avec confiance nos travaux sous l'approbation et la protection de nos premiers pasteurs et des personnes honorables qui président à l'instruction et à l'éducation religieuse en France. Nous leur demandons avec instance leurs conseils et leurs suffrages; trop heureux de les recevoir et de les suivre. Notre journal est en partie leur ouvrage; nous n'avons ni système ni doctrine à nous que nous voulions faire prévaloir : tout ce qui peut servir à la défense de la Religion, de quelque part qu'il nous vienne, est sûr d'être bien accueilli.

Nous espérons que nos frères voudront apprécier notre désintéressement, encourager nos efforts, soutenir notre courage, et contribuer ainsi au bien qui est au fond de nos vues, de nos esprits et de nos cœurs.

Le Directeur, seul propriétaire,
A. BONNETTÝ.

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