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roi, qui existent encore aujourd'hui, et sur lesquels il a découvert le portrait que nous reproduisons ici.

› Le 4 jour de mon arrivée à Thèbes, le 23 novembre 1828, je quittai la rive gauche du Nil pour visiter la partie orientale de Thèbes. Je vis d'abord Louqsor, palais immense, précédé de deux obélisques de près de 80 pieds, d'un seul bloc de granit rose, d'un travail exquis, accompagnés de quatre colosses de même matière, et de trente pieds de hauteur environ, car ils sont enfouis jusqu'à la poitrine. C'est encore là du Rhamsès-le-Grand. Les autres parties du palais sont des rois Mandouei, Horus et Aménophis-Memnon; plus, des réparations et additions de Sabacon l'Ethiopien et de quelques Ptolémées, avec un sanctuaire tout en granit, d'Alexandre, fils du conquérant. J'allai enfin au palais ou plutôt à la ville de monumens, à Karnac. Là m'apparut toute la magnificence pharaonique, tout ce que les hommes ont imaginé et exécuté de plus grand. Tout ce que j'avais vu à Thèbes, tout ce que j'avais admiré avec enthousiasme sur la rive gauche, me parut misérable comparaison des conceptions gigantesques dont j'étais entouré. Je me garderai bien de vouloir rien décrire; car ou mes expressions ne vaudraient que la millième partie de ce qu'on doit dire en parlant de tels objets, ou bien, si j'en traçais une faible esquisse, même, fort décolorée, on me prendrait pour un enthousiaste, peut-être même pour un fou. Il suffira d'ajouter qu'aucun peuple ancien ni moderne n'a conçu l'art de l'architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose que le firent les vieux Égyptiens; ils concevaient en hommes de 100 pieds de haut, et l'imagination qui, en Europe, s'élance bien au-dessus de nos portiques, s'arrête et tombe impuissante aux pieds des 140 colonnes de la salle hypostyle de Karnac.

en

› Dans ce palais merveilleux, j'ai contemplé les portraits de la plupart des vieux Pharaons connus par leurs grandes actions, et ce sont des portraits véritables; représentés cent fois dans les bas-reliefs des murs intérieurs et extérieurs, chacun conserve une physionomie propre et qui n'a aucun rapport avec celle de ses prédécesseurs ou successeurs ; là, dans des tableaux colossals, d'une sculpture véritablement grande et toute héroïque, plus parfaite qu'on ne peut le croire en Europe, on voit Mandouei combattant les peuTOME VII. No 38.-2e édition. 1842.

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ples ennemis de l'Egypte, et rentrant en triomphateur dans sa patrie; plus loin, les campagnes de Rhamsès-Sésostris ; ailleurs, Sésonchis traînant aux pieds de la Trinité thebaine ( Ammon, Mouth et Khons), les chefs de plus de trente nations vaincues, parmi lesquelles j'ai retrouvé, comme cela devait être, en toutes lettres :

I-OU-DA-HA-ME-LA-K.

Le roi des Juifs ou de Juda'.

› C'est là un commentaire à joindre au chapitre XIV du Ier livre des Rois, qui raconte en effet l'arrivée de Sésonchis à Jérusalem et ses succès: ainsi l'identité que nous avons établie entre le Schéschonk égyptien, le Sésonchis de Manéthon et le Sésac ou Schéschok de la Bible, est confirmée de la manière la plus satisfaisante. J'ai trouvé autour des palais de Karnac une foule d'édifices de toutes les époques, et lorsque, au retour de la seconde cataracte vers laquelle je fais voile demain, je viendrai m'établir pour 5 ou 6 mois à Thèbes, je m'attends à une récolte immense de faits historiques, puisque, en courant Thèbes comme je l'ai fait pendant 4 jours, sans voir même un seul des milliers d'hypogées qui criblent la montagne Libyque, j'ai déjà recueilli des documens fort importans.

› Je joins ici la traduction de la partic chronologique d'une stèle que j'ai vue à Alexandrie : elle est très-importante pour la chronologie des derniers Saïtes de la 26 dynastic. J'ai de plus des copies d'inscriptions hieroglyphiques gravées sur des rochers, sur la route de Cosseïr, qui donnent la durée expresse du règne des rois de la dynastie persanne.

› J'omets une foule d'autres résultats curieux; je devrais passer tout mon tems à écrire, s'il fallait détailler toutes mes observations nouvelles. J'écris ce que je puis dans les momens où les ruines

On remarquera que la figure d'oiseau rendue par u ou et deux autres sigues ne se trouvent pas dans l'alphabet que nous avons donné, t. I, p. 430. Ces signes n'avaient pas été insérés dans le premier alphabet par M. Champollion ; on fera bien de les y ajouter au crayon. Voir le nouvel alphabet que nous

avons donné, t. I (3o série), p. 299.

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Royaume de Tuda perennité dansleportnuit de

ROBOAM, FILS DE SALOMÓN.

Trouve par M'Champollion parmi les peuples vaincus par Sesac et représentés sur les murs du palais de Karnac.

PORTRAIT DE ROBOAM.

egyptiennes me permettent de respirer, au milieu de tous ces travaux et de ces jouissances, réellement trop vives si elles devaient se renouveler souvent ailleurs comme à Thèbes '. ›

même

Nous terminons ici cette citation; cependant l'ouvrage renferme encore bien d'autres découvertes qui doivent servir de réponse à les un grand nombre d'objections, et prouver, sans réplique, que objections si nombreuses que l'on a élevées contre la construction de Farche dans le désert, la perfection du travail, le nombre d'ouvriers nécessaire, etc., étaient sans fondement. Il y a aussi une question tout entière, et que l'ancienne érudition et la vieille science ont à peine abordée, c'est celle des divinités égyptiennes et du culte qui leur était rendu. Nous osons dire qu'elle n'a pas été bien posée par les anciens critiques. Quoique nous avons lieu de croire que tous les élémens propres à jeter du jour sur cette question ne sont pas encore ni assez précis ni assez complets, cependant il faut convenir que M. Champollion a recueilli un grand nombre de faits et de légendes sùres, et devant servir de guides fidèles à ceux qui voudront s'en occuper. Nous recommandons, en conséquence, le volume de M. Champollion à ceux qui étudient ces matières. Nous y reviendrons, nous, encore, surtout lorsque le grand ouvrage du Voyage en Fgypte, avec ses dessins originaux, anra paru. Il y aura là une riche et abondante moisson pour les défenseurs de la cause catholique.

A. B.

• Lettres écrites d'Égypte et de Nubie, etc., 7 lettre, p. 97. Voir à la fin de ce Numéro, p. 166, la liste complète des OEuvres de M. Champollion.

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