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et la peine à prêcher des hommes faits et formés, ou plutôt déformés dès leur enfance, ou à disputer avec des vieillards qui nous échappent, tout penchés qu'ils sont vers la tombe qui les réclame.

Les Annales se sont occupées spécialement de cet important objet. Le plan d'études donné par M. l'abbé Foisset, pour les maisons d'éducation cléricale, a été goûté comme il le mérite, et a déjà produit d'excellens effets'.

Nous devons en dire autant des excellentes lettres que M. Bouvier, grand-vicaire du diocèse du Mans, a insérées dans les Annales, à l'occasion des articles de M. l'abbé Foisset.

Les nouvelles vues émises par M. l'abbé de Salinis, sur la direction scientifique et religieuse qu'il convient de donner, dans le siècle où nous vivons, aux études classiques, ont aussi fait une sensation profonde.

Puis les différentes observations semées çà et là dans plusieurs articles sur les études de la Philosophie, de la Théologie, de la Scholastique, de la Mythologie, de l'Histoire, ont réveillé puissamment, nous le savons, l'intérêt de tous les hommes qui s'occupent de l'instruction, soit religieuse, soit scientifique. De telle manière que les esprits sont, nous pouvons le dire, préparés à seconder les efforts de ceux qui travaillent à renouveler les études fortes, et surtout celles qui ont pour but de rendre l'éducation plus chrétienne et plus solide.

Nous aiderons autant qu'il sera en nous à cette impulsion ; à cet effet, nous donnerons prochainement une analyse d'un excellent discours prononcé par M. l'abbé Foisset dans la maison d'études qu'il dirige avec tant de succès.

Nous espérons en outre être à même de publier, dans le Numéro d'août, le Prospectus d'un grand et beau travail ayant pour but de faciliter l'étude des langues par une Méthode nouvelle et préparée dans le silence depuis nombre d'années.

Ce travail, que nous ne pouvons qu'indiquer ici, montrera comment on peut, par des règles sûres et faciles, remonter des

■ Pour l'indication des volumes où se trouvent tous les travaux cités ici, voir les noms des auteurs ou de la matière dans la table générale des matières mise à la fin du XIIe volume.

2 Voir le Numéro de septembre ci-après, p. 169. (Note de la 2o édition.)

langues dérivées aux langues primitives et radicales, c'est-à-dire de la langue française à la langue latine, de la latine à la grecque, et de la grecque à l'hébraïque. En voyant le tableau que nous offrirons des mots de toutes ces langues, lesquels ont passé de l'une à l'autre d'une manière reconnaissable et sensible, on ne pourra s'empêcher d'être étonné que l'on n'ait pas essayé plus tôt de lier ensemble toutes les langues en indiquant leurs racines communes, et de les délier ensuite en recherchant leurs dérivés au moyen des règles générales et uniformes qu'elles ont suivies dans leurs transformations.

On verra de suite combien la méthode actuelle, qui consiste à étudier toutes les langues séparément et isolément, sans rapport entre elles, est anti-naturelle et bien plus longue et plus difficile que celle que nous soumettrons aux réflexions de nos lecteurs. Peut-être trouveront-ils que ce travail est destiné à opérer un grand changement dans l'instruction élémentaire. Or ce travail, avec ses méthodes, ses tableaux, ses dictionnaires, est achevé, et déjà nous avons commencé à traiter avec un imprimeur pour en commencer l'exécution.

Nous aurons encore à parler de la latitude qu'offre la loi sur l'instruction primaire, inséree récemment au Moniteur, pour se livrer à l'instruction religieuse des classes les plus nombreuses de la société.

Après l'éducation de la jeunesse, ce qui a le plus occupé les Rédacteurs des Annales, c'est de mettre au grand jour les nombreuses preuves dont bien des personnes ne se doutaient pas, et qui pourtant sont décisives, par lesquelles on est certain que les sciences, naguère si hostiles à la Religion, sont devenues ses plus solides auxiliaires, et s'avancent tous les jours de plus en plus vers le Catholicisme, avec lequel elles sont destinées à s'unir et à régner sur les hommes, du seul règne qu'aucune raison ne contestera bientôt plus.

Les travaux les plus importans dont nous avons eu à parler sont sans contredit ceux de Cuvier sur la Géologie et la Chronologie biblique.

Les dissertations de ce savant ne doivent point être, comme beaucoup de travaux semblables, lues et admirées un moment. Elles doivent former pour nous une espèce d'époque et de point

d'arrêt. Il faut que les professeurs de Théologie et de Philosophie, il faut que tous les apologistes de la Religion partent des conséquences établies dans ces ouvrages, comme de principes qu'il n'est plus possible de nier sans s'exposer à la risée de ceux qui sont à la hauteur des connaissances de ce siècle.

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Ces conséquences sont fort importantes; on peut les réduire

Aux suivantes :

La vérité du déluge universel est prouvée par les faits géologiques;

Les annales du monde entier ne remontent pas au delà de l'époque fixée par l'historien sacré du déluge, et toutes ces annales nous parlent du déluge, et s'accordent à en fixer l'époque à celle consignée dans nos Livres saints.

On voit de quelle importance sont de pareilles conclusions. Il faut donc abandonner d'anciennes preuves et d'anciens calculs qui ont aussi leur mérite, mais qui ne sont pas aussi complets et ne présentent pas ce magnifique tableau de synchronisme universel établi par Cuvier.

Et ici nous avons à signaler un oubli ou plutôt une lacune que nous espérons remplir prochainement, c'est de consacrer un article à la vie et aux ouvrages de ce grand géologue', dans lequel nous préciserons tout ce que le christianisme doit à ses veilles et à ses investigations. Chose singulière! des éloges publics lui ont été rendus sur sa tombe, dans les Facultés savantes, au palais de la Chambre des pairs, et pas un des grands et des savans de ce monde n'a parlé de ce que Cuvier a fait pour la défense de la cause du Christ. Qui sait pourtant? il est probable que Dieu ne lui avait donné cette vaste capacité de cerveau, que nous ont dénte si matériellement les anatomistes et les phrenologistes, que pour qu'il pût ainsi saisir un plus grand nombre de fils de l'histoire de l'humanité, et les lier entre eux, effet n'a fait aussi bien que lui, et pourtant aucun de ces grands, de ces savans du monde n'y a pensé. En effet, que sont

ce que

nul autre en

· Ce travail n'a pas été fait, parée que quelques-unes des idées de Cuvier ont ¿é modifiées par d'autres savans, ses successeurs; mais on peut voir dans nos deas tables générales du xe et du xixe volume l'analyse des travaux que nous avons empruntés. (Note de la 2e édition. )

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les travaux de Cuvier, et que sont les intérêts de l'Église du Christ au prix des travaux de nos législateurs et de certains savans et des intérêts majeurs qui occupent tous leurs instans? Qui sait encore? peut-être celui qui a loué Cuvier y a pensé, et n'a pas osé en parler!... C'est là qu'en sont certains savans, sages et hommes de cœur de ce siècle!

Comme Cuvier, Champollion-le-Jeune est, sans aucun doute, un de ces hommes dont la science a honoré ce siècle. Or la Religion ne le réclame pas moins que la science. Bien que la découverte du langage hieroglyphique ne date que de quelques années, et qu'à peine commence-t-on à bégayer cette langue depuis si longtems muette; bien que le peuple d'Égypte, si parleur et si écrivassier, n'ait encore dit que quelques mots, cependant de nombreuses preuves sont déjà venues témoigner en faveur de la véracité des récits de notre Bible. Les travaux de M. Greppo, vicaire-général de Belley, sur les hieroglyphes, ceux de Mgr. de Bovet sur les dynasties égyptiennes, l'excellente lettre de M. Athanase Cocquerel sur l'étude des hieroglyphes, dans leurs rapports avec l'Écriture sainte, que nous avons publiés, peuvent donner une idée de tout ce que nous apprendront de favorable à notre cause tous ces papyrus, toutes ces inscriptions, que l'on commence à peine à copier et à lire.

Nous suivrons tous ces travaux, et les ferons connaître à nos lecteurs. C'est encore pour cet objet que nous avons fait dessiner et lithographier l'Alphabet hieroglyphique qui a été inséré dans le 12o Numéro. C'était un commencement d'un travail que nous compléterons dans les lithographies suivantes. Car ces lithographies, qui ont paru faire plaisir à tous nos Abonnés, vont reparaître ainsi que nous l'avions annoncé alors. Chaque volume en contiendra au moins deux. Pour faire suite à l'Alphabet hieroglyphique, nous publierons successivement tous les caractères des différentes langues connues, parlées ou non parlées', afin que nos Abonnés puissent faire la comparaison de ces différens caractères, dont ils peuvent entendre parler, et apprécier ainsi plus facilement cette proposition de M. de Paravey : que les chiffres et

Cette publication a commencé au vol. xiv, p. 270,

les leures de toutes les nations ont une origine commune et hiéroglyphique. Nous terminerons cette série de publications par les grands tableaux où M. de Paravey a mis en regard la plupart des caractères connus, anciens et modernes.

Nous avons parlé quelque part de ce bas-relief égyptien où se trouvent gravés sur la pierre le portrait du roi Roboam, vaincu par un roi égyptien, et le nom des douze tribus d'Israël. Nous espérons pouvoir donner à nos lecteurs une représentation fidèle de ce monument, qui est peut-être le plus ancien qui existe en preuve de la véracité de nos Livres.

Aussi les tiendrons-nous au courant de l'état où se trouve l'étude des hiéroglyphes, si malheureusement interrompue par la mort de M. Champollion; nous dirons les personnes qui la cultivent, et les progrès qu'elles feront faire à cette science.

Parmi les travaux qui doivent donner une nouvelle force et une nouvelle direction à la défense de la Religion, il faut compter ceux que nous avons publiés sur l'Amérique et sur l'état primitif de cette partie du monde. Les documens historiques insérés dans le 1er et le 2o volume, ceux que nous avons extraits du savant ouTrage de M. de Humboldt ne permettent plus de disputer sur la question de savoir si l'état des sauvages est un état naturel ou primitif. Toutes les objections des philosophes du 18e siècle et de quelques restes de ces incrédules qui écrivent encore de nos jours, sont résolues, et résolues par des faits. Les systèmes politiques et religieux basés sur les droits naturels et l'indépendance absolue et presque animale, élaborés avec tant d'obscurité et de peine par les Idéologues des 18 et 19° siècles, tombent devant les découvertes des Archéologues américains et les récits des voyageurs véritablement savans et philosophes.

llest décidé, sans laisser place au doute, que l'Amérique a joui primitivement d'une civilisation très-avancée, qu'elle a été couverte de villes fortifiées, où les populations vivaient soumises à des

s; les traces de ces villes subsistent encore. Ainsi l'état où l'on a trouvé les sauvages lors de la découverte de Colomb, était un état dégénéré; c'était un état contre nature. Les sauvages doivent être Considérés à présent comme des enfans qui s'étaient séparés de leurs pères et se trouvaient hors de la famille, abandonnés peutitre, volontairement peut-être, et tombés ainsi dans un état de

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