Coupe les nœuds du lacs: on peut penser la joie. De n'en avoir nulle nouvelle, Je veux qu'à mon souper celle-ci me défraie. Celle-ci, quittant sa retraite, Contrefait la boiteuse, et vient se présenter. Tout ce qui lui pesait : si bien que Rongemaille Sur qui s'était fondé le souper du chasseur. Pilpay conte qu'ainsi la chose s'est passée. Rongemaille ferait le principal héros, La gazelle a d'ailleurs l'adresse d'engager S'entremet, agit, et travaille. À qui donner le prix ? au cœur, si l'on m'en croit. Que n'ose et que ne peut l'amitié violente ! Je le célèbre et je le chante. Hélas! il n'en rend pas mon âme plus contente. Mon maître était l'Amour : j'en vais servir un autre, Sa gloire aussi bien que la vôtre. LXVIII. LE RENARD, LE LOUP, ET LE CHEVAL (XII, 17). Un renard, jeune encor, quoique des plus madrés, Beau, grand ; j'en ai la vue encor toute ravie.— Si j'étais quelque peintre ou quelque étudiant, Que vous aurez en le voyant. Mais venez. Que sait-on? peut-être est-ce une proie Ils vont ; et le cheval, qu'à l'herbe on avait mis, Fut presque sur le point d'enfiler la venelle. Leur dit: Lisez mon nom, vous le pouvez, messieurs: Le renard s'excusa sur son peu de savoir. Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire; Ils sont pauvres, et n'ont qu'un trou pour tout avoir; Ceux du loup, gros messieurs, l'ont fait apprendre à lire. Le loup, par ce discours flatté, Lui coûta quatre dents : le cheval lui desserre Voilà mon loup par terre, Mal en point, sanglant, et gâté. Frère, dit le renard, ceci nous justifie Ce que m'ont dit des gens d'esprit : Cet animal vous a sur la mâchoire écrit Que de tout inconnu le sage se méfie. LXIX. LE RENARD ET LES POULETS D'INDE (XII, 18). Contre les assauts d'un renard Un arbre à des dindons servait de citadelle. S'écria: Quoi! ces gens se moqueront de moi ! Tant de différents personnages: Il élevait sa queue, il la faisait briller, Pendant que nul dindon n'eût osé sommeiller. Sur même objet toujours tendue. Les pauvres gens étant à la longue éblouis, Autant de mis à part: près de moitié succombe. Le trop d'attention qu'on a pour le danger LXX. LA LIGUE DES RATS (XII, 25). Une souris craignait un chat Qui dès longtemps la guettait au passage. Que faire en cet état? Elle, prudente et sage, Consulte son voisin : c'était un maître rat, Dont la rateuse seigneurie S'était logée en bonne hôtellerie, Et qui cent fois s'était vanté, dit-on, Ma foi ! quoi que je fasse, Seul, je ne puis chasser le chat qui vous menace : Je lui pourrai jouer d'un mauvais tour. À l'office, qu'on nomme autrement la dépense, Faisaient, aux frais de l'hôte, une entière bombance. Et tous les poumons essoufflés. Qu'avez-vous donc ? lui dit un de ces rats; parlez. En deux mots, répond-il, ce qui fait mon voyage, C'est qu'il faut promptement secourir la souris ; Car Raminagrobis Fait en tous lieux un étrange carnage. Ce chat, le plus diable des chats, S'il manque de souris, voudra manger des rats. Chacun dit: il est vrai. Sus! sus! courons aux armes Quelques rates, dit-on, répandirent des larmes. N'importe, rien n'arrête un si noble projet : Chacun se met en équipage; Chacun met dans son sac un morceau de fromage; Ils allaient tous comme à la fête, Gronde, et marche au-devant de la troupe ennemie. Craignant mauvaise destinée, Font, sans pousser plus loin leur prétendu fracas, Chaque rat rentre dans son trou; Et si quelqu'un en sort, gare encor le matou. |