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Pour servir de modèle aux parleurs à venir.
On ne sut pas longtemps à Rome
Cette éloquence entretenir.

13. Ours mal léché. Le peuple a cru que la mère ourse donnait la forme à son petit en le léchant. Un ours bien léché par sa mère n'est déjà pas très-beau, mais un ours mal léché! On appelle ainsi, au figuré, un enfant qui est mal fait, et aussi un homme grossier. Il est difficile de s'entendre avec cet homme-là; il est toujours de mauvaise humeur. C'est le contraire d'un faiseur de compliments.

16. Sayon. “Espèce de casaque ouverte, portée autrefois par les gens de guerre et par les paysans."-Littré.

Sayon a pour étymologie saie, laquelle est un manteau grossier. C'est le latin SAGUM.

31. Forfaits (voir crime, forfait, péché, faute, délit, xxvi, 3). 39. Die (voir xlii, 18).

77. À mon abord. À mon arrivée.

80. Leur ministère.

lequel est si lent.

Le ministère des lois ou de la justice,

94. L'inversion est ici trop hardie. Elle ne déplaît point cependant.

LVI.

LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES (XI, 8).

Dans la vieillesse, je crois qu'il faut planter et non bâtir, quoi qu'en aient dit les jeunes hommes.

Joubert.

N'estimez que le jeune homme que les vieillarda trouvent poli.

Idem.

Les vieillards sont la majesté du peuple.

Idem.

Il faut réjouir les vieillards.

Idem.

Vous avez peut-être raison de penser ainsi, mais vous n'avez pas raison de soutenir votre opinion contre un vieillard.

Idem.

La jeunesse avait jadis autant d'égards et de vénération pour la vieillesse que si chaque vieillard eût été le père commun des jeunes gens.

Valère Maxime.

Ne fais pas comme si tu devais vivre des milliers d'années. La mort pend sur ta tête: tandis que tu vis, tandis que tu le peux, rends-toi homme de bien.

Marc-Aurèle.

La brièveté de la vie nous interdit les longues espé

rances.

Horace.

Aie soin de ne pas te promettre de longs jours où que tu ailles, la mort suit l'ombre de ton corps.

Dionysius Cato.

La mort des vieilles gens est comme un abordage au port; celle des jeunes gens ressemble à un naufrage. Plutarque.

Un octogénaire plantait.

Passe encor de bâtir; mais planter à cet âge! Disaient trois jouvenceaux, enfants du voisinage: Assurément il radotait.

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Car, au nom des dieux, je vous prie, Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ? Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir.

À quoi bon charger votre vie

Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous! Ne songez désormais qu'à vos erreurs passées; 10 Quittez le long espoir et les vastes pensées;

Tout cela ne convient qu'à nous.

-

Il ne convient pas à vous-mêmes, Repartit le vieillard. Tout établissement Vient tard, et dure peu. La main des Parques

blêmes 15

De vos jours et des miens se joue également.
Nos termes sont pareils par leur courte durée.
Qui de nous des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier? Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement? 20
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage:
Eh bien, défendez-vous au sage

De se donner des soins pour le plaisir d'autrui!
Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui:
J'en puis jouir demain, et quelques jours encore; 25
Je puis enfin compter l'aurore

Plus d'une fois sur vos tombeaux.

Le vieillard eut raison: l'un des trois jouvenceaux
Se noya dès le port, allant à l'Amérique;
L'autre, afin de monter aux grandes dignités, 30
Dans les emplois de Mars servant la république,
Par un coup imprévu vit ses jours emportés;
Le troisième tomba d'un arbre

Que lui-même il voulut enter;

Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre 35 Ce que je viens de raconter.

2. Passe de bâtir. Un gullicisme qui signifie: vous pourriez vous justifier de bâtir; on pourrait vous passer cela, le tolérer, vous le pardonner. Je veux bien qu'on vous passe de bâtir.— Dans cette locution le verbe passer signifie souffrir, tolérer, comme dans ces expressions: je vous passe cette faute; il passe condamnation, c'est-à-dire, il la souffre, il se soumet. Passer vient de PASSUS un pas: passer la rue, etc. Cependant quand ce verbe signifie souffrir, tolérer, ne vaut-il pas mieux le dériver de PATI (PATIOR, PASSUS SUM), souffrir?

3. Jouvenceau. Mot fait de JUVENICELLUS diminutif de JUVENIS jeune. Ce mot est nuancé de caresse ou de plaisanterie. Plaisanterie ici.

10. Songer et penser (voir x, 6).

19, 20. Nor any moment gives us, ere it flies,

Assurance that another such shall rise.

21. Arrière-neveux (voir xlii, 27).

24. Cela même. C'est-à-dire, ce plaisir de faire du bien aux autres.

25. En: de ce noble plaisir.

34. Enter. Greffer par ente, c'est-à-dire, en insérant un scion, branche très-jeune, dans un autre arbre.

35. Cette phrase, mal construite, signifie : ils furent pleurés du vieillard, et il grava, etc.

Voir cette fable étudiée dans les Causeries avec mes élèves.

LVII.

RIEN DE TROP (IX, 11).

Il y a sur le fronton du temple de Delphes deux inscriptions des plus nécessaires pour la conduite de la vie: "Connais-toi toi-même," et "Rien de trop." À ces deux préceptes-là se rattachent tous les autres; et ils ont ensemble tant d'analogie et de rapport qu'ils semblent démontrer l'un par l'autre leur force mutu

elle.

"Se connaître soi-même " implique "rien de trop; " et "rien de trop" implique "se connaître soimême." Aussi, sur ces maximes écoutez Ion:

On dit en quatre mots: "se connaître soi-même ;
Mais pour s'y conformer, dieux! quelle peine extrême !
Jupiter seul le sait. . .

Heureux donc le mortel qui aura toujours ces deux paroles présentes à l'esprit, comme préceptes émanés d'Apollon Pythien! Il pourra sans peine les appliquer à chaque événement de la vie, et il supportera en homme intelligent toutes les épreuves. Comme il ne perdra jamais de vue sa propre nature, il conservera, quoi qu'il arrive, une juste modération. Il ne s'enflera pas plus jusqu'à l'insolence, qu'il ne se laissera abattre et ne descendra aux plaintes, aux gémissements. Il se mettra au-dessus des faiblesses de l'âme, au-dessus de cette crainte naturelle inspirée par la mort à ceux qui ne connaissent pas le cours ordinaire de la vie et l'influence que s'y réservent la Nécessité et le Destin.

Plutarque.

Si j'arrondissais mes États!
Si je pouvais remplir mes coffres de ducats!
Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire !
Tout cela, c'est la mer à boire ;

Mais rien à l'homme ne suffit.

Pour fournir aux projets que forme un seul esprit,
Il faudrait quatre corps: encor, loin d'y suffire,
À mi-chemin je crois que tous demeureraieut:
Quatre Mathusalem bout à bout ne pourraient
Mettre à fin ce qu'un seul désire.
La Fontaine

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