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5, 6, 7. Cette phrase est fautive. Il faut dire ou bien: ni la auit, ni son obscurité, ni son silence, ni ses autres charmes, n'arrêtaient les vacarmes de la reine; ou bien : la nuit et son obscurité, son silence et ses autres charmes, n'arrêtaient pas les vacarmes de la reine.

8. Nul et aucun (voir les Entretiens, p. 195).

9. Commère (voir xxiv, 6).

10. Rien qu'un mot.

13. S'il est ainsi. On dit d'ordinaire: s'il en est ainsi.

14. Nos têtes rompues. Mauvaise inversion pour n'aient rompu nos têtes.-Rompre la tête de quelqu'un par des cris, c'est l'étourdir de ses cris.

16. Que. Pourquoi ?

20. But say, why doom yourself to sorrow so?

26. Car Hécube fut cent fois plus malheureuse que vous.

LV.

LE PAYSAN DU DANUBE (XI, 7).

Qui peut relire le Loup et l'Agneau, le Chêne et le Roseau, le Paysan du Danube, sans être touché du côté grandiose qui domine chez La Fontaine, et n'est-on pas tenté d'appliquer à son œuvre même le portrait de l'arbre démesuré,

De qui la tête au ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

Le paysan du Danube cache sous sa ceinture de joncs marins un cœur où vit le souffle des dieux.

Th. de Banville.

Un discours destiné à la fois à émouvoir et à instruire ne pourrait être formé sur le modèle de celui-ci. Mais celui-ci, dans son genre, est parfait: et l'orateur de

profession peut l'étudier avec profit. La liaison, la continuité, l'entraînement certes n'y manquent pas; une idée suscite l'autre ; c'est comme la propagation du feu dans un incendie. Sans doute le rustique orateur se met à la merci de ses transitions; elles le mènent où elles veulent; mais il importe peu dans ce sujet et dans cette situation. S'il s'agissait d'expliquer, d'exposer, en un mot, d'enseigner, ce serait autre chose.-Étudiez la marche de ce discours, il en vaut la peine.

A. Vinet. Quand les choses ont saisi l'esprit, les mots viennent en foule.

Sénèque.

Les gentillesses des orateurs ne servent que pour amuser le vulgaire, incapable de prendre la viande plus massive et plus ferme.

Montaigne.

Au fort de l'éloquence de Cicéron plusieurs en entraient en admiration; mais Caton n'en faisant que rire: "Nous avons, disait-il, un plaisant consul."

Fi de l'éloquence qui nous laisse envie de soi.

Idem.

Idem.

Il ne faut point juger des gens sur l'apparence. Le conseil en est bon; mais il n'est pas nouveau.

Jadis l'erreur du souriceau

Me servit à prouver le discours que j'avance:

J'ai, pour le fonder à présent,

Le bon Socrate, Ésope, et certain paysan
Des rives du Danube, homme dont Marc-Aurèle
Nous fait un portrait fort fidèle.

5

On connaît les premiers: quant à l'autre, voici
Le personnage en raccourci :
Son menton nourrissait une barbe touffue;
Toute sa personne velue

10

Représentait un ours, mais un ours mal léché:
Sous un sourcil épais il avait l'œil caché,
Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre, 15
Portait sayon de poil de chèvre,

Et ceinture de joncs marins.

Cet homme ainsi bâti fut député des villes
Que lave le Danube. Il n'était point d'asiles
Où l'avarice des Romains

20

Ne pénétrât alors, et ne portât les mains.
Le député vint donc, et fit cette harangue :
Romains, et vous sénat assis pour m'écouter,
Je supplie avant tout les dieux de m'assister :
Veuillent les immortels, conducteurs de ma
langue, 25

Que je ne dise rien qui doive être repris!
Sans leur aide, il ne peut entrer dans les esprits

Que tout mal et toute injustice:

Faute d'y recourir, on viole leurs lois.

30

Témoin nous que punit la romaine avarice:
Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits,
L'instrument de notre supplice.
Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque
jour

Ne transporte chez vous les pleurs et la misère,
Et mettant en nos mains, par un juste retour, 35
Les armes dont se sert sa vengeance sévère,

Il ne vous fasse, en sa colère,

Nos esclaves à votre tour.
Et pourquoi sommes-nous les vôtres ? Qu'on me die
En quoi vous valez mieux que cent peuples
divers. 40

Quel droit vous a rendus maîtres de l'univers ?
Pourquoi venir troubler une innocente vie?
Nous cultivions en paix d'heureux champs; et
nos mains
Étaient propres aux arts, ainsi qu'au labourage.
Qu'avez-vous appris aux Germains?
Ils ont l'adresse et le courage:
Sils avaient eu l'avidité,

Comme vous, et la violence,

45

Peut-être en votre place ils auraient la puissance,

Et sauraient en user sans inhumanité.

Celle que vos préteurs ont sur nous exercée
N'entre qu'à peine en la pensée.

La majesté de vos autels

Elle-même en est offensée;

50

Car sachez que les immortels

55

Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples, Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur, De mépris d'eux et de leurs temples,

D'avarice qui va jusques à la fureur.

Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de

Rome: 60

La terre et le travail de l'homme
Font pour les assouvir des efforts superflus.
Retirez-les: on ne veut plus

Cultiver pour eux les campagnes.

Nous quittons les cités, nous fuyons aux mon-
tagnes; 65
Nous laissons nos chères compagnes;
Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux,
Découragés de mettre au jour des malheureux,
Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime.
Quant à nos enfants déjà nés,
70
Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés:
Vos préteurs au malheur nous font joindre le crime.
Retirez-les : ils ne nous apprendront
Que la mollesse et que le vice;

Les Germains comme eux deviendront 75
Gens de rapine et d'avarice.

C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord.
N'a-t-on point de présent à faire,

Point de pourpre à donner; c'est en vain qu'on espère

Quelque refuge aux lois: encor leur ministère 80 A-t-il mille longueurs. Ce discours, un peu fort, Doit commencer à vous déplaire.

Je finis. Punissez de mort

Une plainte un peu trop sincère.

À ces mots, il se couche; et chacun étonné Admire le grand cœur, le bon sens, l'éloquence

Du sauvage ainsi prosterné.

85

On le créa patrice; et ce fut la vengeance
Qu'on crut qu'un tel discours méritait. On choisit
D'autres préteurs; et par écrit

Le sénat demanda ce qu'avait dit cet homme,

90

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