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Et contre la Fortune ayant pris ce conseil,

Il la trouve assise à la porte

De son ami plongé dans un profond sommeil.

2. En lieu. En un lieu.

6 Étant les fidèles courtisans, etc.

7. Bon moment. C'est-à-dire, le moment de la saisir.

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13. Vous valez, etc. C'est La Fontaine qui répond aux courtisans de la Fortune, lesquels croient qu'ils peuvent aspirer haut, puisque leur voisin, planteur de choux, est devenu pape. 18. Jadis (voir v, 3).

21. Son sexe en use ainsi. Une méchanceté à l'adresse des femmes. Comme elles, la Fortune est capricieuse et contrariante: elle repousse ceux qui la cherchent ct cherche ceux qui ne se présentent pas.

Seek not the dame, and she will you,

A truth which of her sex is true.

23, 24. Soupirant pour. On dit soupirer pour, après, et vers. 25. Pourquoi ne quitterions-nous pas notre séjour ?

33. Ou, si l'on veut. Si vous préférez cette expression.

34. Par voie et par chemin. C'est-à-dire, par tous les chemins qui se présentent, les prenant tous, sans guère choisir et ne s'arrêtant nulle part, allant toujours. La voie est plus grande que le chemin. Ce mot vient du latin VIA, et pour cela signifie surtout les grandes routes romaines. Chemin appartient à la basse latinité, est tiré de CAMINUS. Le mot voie n'est guère employé pour désigner autre chose que les routes romaines, si ce n'est dans certaines expressions consacrées comme celle que nous avons ici. On dit la voie publique, voyager par la voie de terre, ou par la voie de mer. Généralement c'est route qu'on emploie pour désigner les grands chemins, larges, longs, solidement établis, et tracés avec soin. Mais on fraye des chemins partout, et il y en a de toutes sortes, de grands et de petits; un simple sentier est un chemin.-Celui qui va par voie et par chemin prend tout ce qui se présente, les chemins, les voies, les routes.

36. En un lieu que la déesse devait fréquenter plus que tout autre.

39. Sous Louis XIV, les courtisans ne manquaient pas d'assister au coucher et au lever du roi, parce que ces heures étaient celles où ils trouvaient le plus facilement occasion de l'approcher et de solliciter de lui une faveur.

42. Qu'est ceci? Qu'est-ce que cela signifie, dit-il ? pourquoi ne puis-je arriver à aucun succès? Il voit, à la cour, la fortune entrer tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, et est étonné qu'elle n'entre jamais chez lui, qu'il ne puisse héberger la capricieuse. 45. Aussi. Moi aussi, moi comme les autres.

46. Héberger quelqu'un, c'est le recevoir chez soi et le loger. Ce mot est tiré du vieil allemand HERIBERGA, qui était un campement militaire. HERBERGE de l'allemand moderne est notre mot auberge, lequel s'écrivait en vieux français HERBERGE, d'où est venu le verbe héberger.

47, 48. Il veut dire qu'il n'aime pas l'humeur ambitieuse des courtisans. C'est ce dont on l'avait averti; on lui avait dit que leur ambition est détestable. Il trouve que c'est vrai. Pourquoi? Parce qu'ils se précipitent vers la Fortune tellement que lui ne peut pas attraper sa part de faveurs. Vous voyez que c'est à qui courra le plus vite à la cour. Pauvres gens !

49. Que ce vers est comique, et comme il marque bien que notre homme en a par-dessus la tête de cette cour! c'est-à-dire, qu'il en est horriblement fatigué.

51. Surate. Où est Surate? c'est bien sûr de l'autre côté de la

mer.

52. To say so was to embark at once.

54. Cette route. La route de la mer.

53, 54, 55. Un souvenir d'Horace. Voyez la 3o ode du livre i, adressée à Virgile:

Illi robur et œs triplex

Circa pectus erat, qui fragilem truci

Commisit Pelago ratem

Primus, nec timuit præcipitem Africum
Decertantem Aquilonibus,

Nec tristes Hyadas, nec rabiem Noti,
Quo non arbiter Hadrice

Major, tollere seu ponere vult freta.

M. Jules Janin traduit comme suit, avec élégance et très. librement, ce passage: "Il était, certes, cuirassé de chêne et d'un triple airain le téméraire qui, le premier, sur un fragile esquif, affronta la mer indignée ! En vain les vents du midi se heurtent contre les aquilons du nord, il défie à la fois les Hyades menaçantes et la rage du Notus apaisant ou soulevant à son gré la mer Adriatique, son esclave."

58. Essuyant. Au moment où il essuyait. Ces dangers lui faisaient regretter son village. Car telle est la signification de tourner les yeux vers une chose que nous avons laissée derrière nous. Essuyer des dangers signifie les subir, les éprouver, les souffrir.

59. Quatre ministres de la mort.

61. Pourquoi aller chercher la mort à l'étranger (et en précipiter la venue par les dangers auxquels on s'expose)? elle vient assez tôt nous trouver chez nous.

64. Pour lors. En ce moment-là.

65. Elles étaient lasses de le porter, c'est-à-dire, elles le por. vèrent très-longtemps, et cependant il n'en rapporta rien, si ce n'est de comprendre la leçon des sauvages: Demeurez chez vous. 69. Instruit par la nature, demeure en ton pays.

72. En somme. Au total, en résumé.

77. Faire son emploi de régler ses désirs est une excellente occupation.

83. Mieux que je n'ai fait, ou que je ne ferais si je bougeais. 85. Conseil signifie ici résolution.

87. La Fontaine est bien heureux de pouvoir favoriser le dormeur dans sa fable. Vous savez que notre cher poëte était amoureux du sommeil. Il divisa, dit-il, son temps en deux parties, dont il passa l'une à dormir et l'autre à ne rien faire. Passe pour la première moitié, mais l'autre ! pouvait-il mieux la remplir qu'en créant ces petits drames qui seront éternellement les délices du genre humain?

XLII.

LA MORT ET LE MOURANT (VIII, 1).

Posthume! ah! Posthume! Elles courent les années, elle arrive à grands pas la vieillesse, et déjà voilà les rides, et bientôt voici la mort! La prière n'y fait rien.

Quiconque a véçu des biens de la terre, le possesseur du champ ou son fermier, passera le fleuve d'oubli. C'est la loi. Ami Posthume, il te faudra quitter ces riches domaines, abandonner ta maison, ton aimable épouse, et de tous ces arbres que ta main cultive, un seul, le cyprès, ornement des tombeaux, doit te suivre, ô maître éphémère de tant de biens!

Horace.

J'entre dans la vie avec la loi d'en sortir; je viens faire mon personnage; je viens me montrer comme les autres après, il faudra disparaître. Ma vie est de quatre-vingts ans tout au plus; prenons-en cent. Qu'il y a eu de temps où je n'étais pas ! qu'il y en a où je ne serai point, et que j'occupe peu de place dans ce grand abîme des ans. Je ne suis rien. Je ne suis même que pour faire nombre; encore n'avait-on que faire de moi, et la comédie ne serait pas moins bien jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre.

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Bossuet.

La vie est un drame; qu'importe sa longueur ? L'essentiel, c'est la façon dont il est joué.

Sénèque.

Tâchons de rendre notre vie semblable aux métaux précieux, qui ont beaucoup de poids sous un petit

volume. C'est par nos actions qu'il la faut mesurer, non par la durée.

Idem.

Celui qui a accompli tous les devoirs de la vertu n'a jamais trop peu vécu.

Cicéron.

Nous sommes prêtres de Vesta: notre vie est le feu sacré que nous avons mission d'entretenir, jusqu'à ce que Dieu lui-même l'éteigne en nous.

Joubert.

Il faut mourir aimable, si on le peut.

Idem.

Chose effrayante, et qui peut être vraie : les vieillards aiment à survivre.

Idem.

Hippocrate, après avoir guéri bien des maladies, luimême est tombé malade, est mort. Les Chaldéens ont prédit les morts de bien des hommes; puis, eux aussi, la destinée les a ravis au monde. Alexandre et Pompée, et Caïus César, qui avaient si souvent détruit de fond en comble des villes entières, et massacré des multitudes innombrables de cavaliers et d'hommes de pied dans les batailles, sont partis de la vie à leur tour. Qu'est-ce à dire ? tu t'es embarqué, tu as traversé la mer, te voilà au port: débarque !

Marc-Aurèle.

Il faut partir de la vie avec résignation comme l'olive mûre tombe en bénissant la terre sa nourrice, et en rendant grâces à l'arbre qui l'a produite.

Idem.

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