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qui est empêché, c'est-à-dire étymologiquement, qui est dans un piége, n'est guère libre de se mouvoir. Il est dans l'embarras, comme les gens de notre fable.

50. Bon esprit. Cette déesse rend l'esprit bon et tranquille, le tient en bon état.

53. Ils rentrent en grâce. Ils avaient offensé la Médiocrité, en la méprisant, puisqu'ils avaient appelé, par leur vou, les richesses. Mais elle leur fait grâce; ils rentrent en grâce auprès d'elle.

60. Sur le point de partir.

62. Point. La négation forte est parfaite ici (voir i, 15).

XXXI.

LES GRENOUILLES QUI DEMANDENT UN ROI (III, 4).

Quand l'on parcourt, sans la prévention de son pays, toutes les formes de gouvernement, l'on ne sait à laquelle se tenir. Ce qu'il y a de plus raisonnable et de plus sûr, c'est d'estimer celle où l'on est né la meilleure de toutes, et de s'y soumettre.

La Bruyère.

Platon remerciait le ciel de ce qu'il était né du temps de Socrate; et moi je lui rends grâce de ce qu'il m'a fait naître dans le gouvernement où je vis, et de ce qu'il a voulu que j'obéisse à ceux qu'il m'a fait aimer. Montesquieu.

Si je pouvais faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois; qu'on pût mieux sentir son bonheur dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dan

chaque poste où l'on se trouve, je me croirais le plus heureux des mortels.-Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu'ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir, je me croirais le plus heureux des mortels.

Les grenouilles, se lassant

De l'état démocratique,

Par leurs clameurs firent tant

Idem.

Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.

Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique :

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Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,
Que la gent marécageuse,

Gent fort sotte et fort peureuse,

S'alla cacher sous les eaux,

Dans les joncs, dans les roseaux,

Dans les trous du marécage,

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Sans oser de longtemps regarder au visage

Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau.

Or c'était un soliveau,

De qui la gravité fit peur à la première

Qui, de le voir s'aventurant,

Osa bien quitter sa tanière.

Elle approcha, mais en tremblant.

Une autre la suivit, une autre en fit autant:

Il en vint une fourmilière ;

Et leur troupe à la fin se rendit familière

Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi.

Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi.

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Jupin en a bientôt la cervelle rompue :

Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue! 25 Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue,

Qui les gobe à son plaisir;

Et grenouilles de se plaindre,

Et Jupin de leur dire: Eh quoi! votre désir 30 A ses lois croit-il nous astreindre?

Vous avez dû premièrement

Garder votre gouvernement;

Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire Que votre premier roi fût débonnaire et doux : De celui-ci contentez-vous,

De peur d'en rencontrer un pire.

7. Gent (voir xvii, 41).

9. Alla se cacher (voir ix, 2).

14 à 17. The thing was really a log,

Whose gravity inspired with awe
The first that, from his hiding-place
Forth venturing, astonished, saw

The royal blockhead's face.

15. De qui, pour duquel ou dont (voir Entretiens, p. 160). 23. Coi (voir xliv, 9).

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24. Rompre la cervelle à quelqu'un ou lui rompre la tête, c'est la même chose; c'est l'étourdir, c'est lui demander tant, tant insister, tant l'importuner qu'il n'entend plus. C'est comme si on lui cassait ou rompait la tête ou bien la cervelle.

28. Gobe (voir xvii, 31).

29. Grenouilles de se plaindre (voir viii, 19). 30, 31. What! what! great Jupiter replied, By your desires must I be tied.

XXXII.

LE RENARD ET LE BOUC (III, 5).

On ne manque jamais de raisons, lorsqu'on a fait fortune, pour oublier un bienfaiteur ou un ancien ami.

Vauvenargues.

"Unequal combinations are always disadvantageous to the weaker side."

"Once upon a time," cried the child, "a giant and a dwarf were friends, and kept together. They made a bargain that they never would forsake each other, but go seek adventures. The first battle they fought was with two Saracens; and the dwarf, who was very courageous, dealt one of the champions a most angry blow. It did the Saracen but very little injury, who, lifting up his sword, fairly struck off the poor dwarf's arm. He was now in a woful plight; but the giant coming to his assistance, in a short time left the two Saracens dead on the plain, and the dwarf cut off the dead man's head out of spite. They then travelled on to another adventure. This was against three bloodyminded satyrs, who were carrying away a damsel in distress. The dwarf was not quite so fierce now as before ; but for all that struck the first blow, which was returned by another that knocked out his eye; but the giant was soon up with them, and, had they not fled, would certainly have killed them every one. They were all very joyful for this victory, and the damsel who was relieved fell in love with the giant and married

once.

him. They now travelled far, and farther than I can tell, till they met with a company of robbers. The giant, for the first time, was foremost now: but the dwarf was not far behind. The battle was stout and long. Wherever the giant came, all fell before him; but the dwarf had liked to have been killed more than At last the victory declared for the two adventurers; but the dwarf lost his leg. The dwarf had now lost an arm, a leg, and an eye, while the giant was without a single wound. Upon which he cried to his little companion, 'My little hero, this is glorious sport; let us get one victory more, and then we shall have honor forever!'-'No,' cries the dwarf, who by this time was grown wiser, 'no; I declare off; I fight no more: for I find, in every battle, that you get all the honor and rewards, but all the blows fall upon me." "

Goldsmith.

Capitaine renard allait de compagnie
Avec son ami bouc des plus haut encornés:
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez;
L'autre était passé maître en fait de tromperie.
La soif les obligea de descendre en un puits: 5
Là chacun d'eux se désaltère.

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Après qu'abondamment tous deux en eurent pris,
Le renard dit au bouc: Que ferons-nous, compère?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi ;
Mets-les contre le mur: le long de ton échine
Je grimperai premièrement ;
Puis sur tes cornes m'élevant,

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