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FABLES

DE

LA FONTAINE

FABLES DE LA FONTAINE.

I.

LA CIGALE ET LA FOURMI (I, 1).

LES cigales sacrées et harmonieuses.

Plutarque.

Sans l'accompagnement du chant de la cigale, le tremblotement de l'air en été, au soleil, et pendant la grande chaleur, est comme une danse sans musique. J. Joubert.

Allez à la fourmi, ô paresseux; considérez sa conduite et apprenez à devenir sages;

Puisque, n'ayant ni chef, ni maître, ni prince, Elle fait néanmoins sa provision durant l'été, et amasse pendant la moisson de quoi se nourrir.

Salomon.

Vous que tient endormis une lâche paresse,
Prêtez l'oreille à ma leçon,

Travaillez, oisive jeunesse ;

Il faut que le labour précède la moisson;
Vivez bon économe et ménagez le vôtre.
Faire autrement, c'est Dieu tenter;

Et jamais il ne faut compter

Pour ses besoins pressants sur la bourse d'un autre.

Lenoble.

Il ne se faut jamais moquer des misérables :
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
La Fontaine.

À la pitié, mortel, ne ferme pas ton cœur.

Tu n'aurais plus le droit, quand viendrait le malheur, De la réclamer pour toi-même.

La libéralité ne ruine personne.

M. Viennet.

Vauvenargues.

He hath a tear for pity and a hand
Open as day for melting charity.

Shakspeare.

Donnez, riches! l'aumône est sœur de la prière.... Donnez afin que Dieu, qui dote les familles, Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles; Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit; Afin qu'un blé plus mûr fasse plier vos granges; Afin d'être meilleurs, afin de voir les anges

Passer dans vos rêves la nuit !

Donnez ! il vient un jour où la terre nous laisse.
Vos aumônes là-haut vous font une richesse.
Donnez afin qu'on dise: "Il a pitié de nous."
Afin que l'indigent que glacent les tempêtes,
Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes,
Au seuil de vos palais fixe un œil moins jaloux.

Donnez ! pour être aimés du Dieu qui se fit homme, Pour que le méchant même en s'inclinant vous

nomme,

Pour que votre foyer soit calme et fraternel,

Donnez afin qu'un jour à votre heure dernière,
Contre tous vos péchés vous ayez la prière

D'un mendiant puissant au ciel !

La cigale, ayant chanté
Tout l'été,

V. Hugo.

Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue:
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine

Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal.

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La fourmi n'est pas prêteuse :

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C'est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.-

Nuit et jour à tout venant

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Je chantais, ne vous déplaise.-
Vous chantiez! j'en suis fort aise.

Eh bien! dansez maintenant.

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8. Se trouva. Le verbe trouver vient du latin TURBARE, qui signifie remuer, puis chercher en remuant, enfin trouver. Vous voyez que remuer et chercher conduisent à trouver : cherchez et

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