Page images
PDF
EPUB

Tous les temps ne sont qu'un instant, comparés à la durée de Dieu.... S'il est ainsi,... qu'est-ce que le cours de la vie d'un homme? (II, 272.) Parler sans cesse à un grand que l'on sert, en des lieux et en des temps où il convient le moins. (I, 212.)

Ç'a été autrefois mon entêtement, comme il est le vôtre. (I, 242.)

Épouser une veuve, en bon françois, signifie faire sa fortune; il n'opère pas toujours ce qu'il signifie. (I, 265.)

Ce qu'il sait bien qu'il lui sera demandé, et qu'il ne veut pas octroyer. (I, 374.)

«Diseurs de bons mots, mauvais caractère » : je le dirois, s'il n'avoit été dit. (I, 330.)

J'ai différé à le dire, et j'en ai souffert; mais enfin il m'échappe. (I, 182.) On ne sauroit en diminuer la réputation (la réputation de mes écrits); et si on le fait, qui m'empêchera de le mépriser? (II, 108.)

Le est pris de même au sens neutre quand il se rapporte à un adjectif ou à un participe, qu'ils soient, ou non, employés substantivement :

Il est habillé des plus belles étoffes.

ployées dans les boutiques? (I, 159.)

Le sont-elles moins toutes dé

Les belles choses le sont moins hors de leur place. (II, 171.)

Cela ne s'appelle pas être grave, mais en jouer le personnage; celui qui songe à le devenir ne le sera jamais. (II, 93.)

Les fourbes croient aisément que les autres le sont. (II, 20.)

Une troupe d'excommuniés (les comédiens), qui ne le sont que par le plaisir qu'ils leur donnent (aux chrétiens). (II, 173.)

On pourrait encore expliquer le pronom par le neutre cela, dans l'exemple suivant, où il se rapporte à l'idée rendue par un nom pluriel :

Les enfants des héros sont plus proches de l'être (d'être héros) que les autres hommes. (II, 122.)

Ce Tryphon qui a tous les vices, je l'ai cru sobre, chaste... : je le croirois encore, s'il n'eût enfin fait sa fortune. (I, 262.)

Il faudrait dans ce dernier exemple deux le (ou plutôt le et tel) pour marquer le double rapport à Tryphon et aux adjectifs sobre, chaste.

3° Rapport des pronoms de la 3a personne à des noms employés d'une manière indéterminée :

S'il (un homme d'esprit) a de la laideur, elle ne fait pas son impression. (II, 94.)

La présomption est qu'il a de l'esprit, et s'il est vrai qu'il n'en manque pas, la présomption est qu'il l'a excellent. (II, 113.)

Ce ne sont point.... des maximes que j'aie voulu écrire: elles sont comme des lois dans la morale, et j'avoue que je n'ai ni assez d'autorité ni assez de génie pour faire le législateur. (I, 111.)

Ceux qui écrivent par humeur sont sujets à retoucher à leurs ouvrages: comme elle n'est pas toujours fixe..., ils se refroidissent bientôt pour les expressions et les termes qu'ils ont le plus aimés. (I, 118.)

Tout est tentation à qui la craint. (I, 180.)

L'un a raison et l'autre ne l'a pas. (I, 226.)

Si celui qui est en faveur ose s'en prévaloir avant qu'elle lui échappe.... (1, 307.)

Si vous êtes si touchés de curiosité, exercez-la du moins en un sujet noble. (I, 317.)

Il n'y a personne au monde qui ne dût avoir une forte teinture de philosophie. Elle convient à tout le monde. (II, 63.)

Ils.... en dirent tant de mal (de cette harangue), et le persuadèrent si fortement à qui ne l'avoit pas entendue.... (II, 442.)

Il a les yeux ouverts sur tout ce qui vaque, poste, abbaye, pour les demander. (I, 307.)

Il n'y a pas lieu de relever les exemples où le représente un nom précédé de l'indéfini un:

Un homme de la cour qui n'a pas un assez beau nom, doit l'ensevelir sous un meilleur; mais s'il l'a tel qu'il ose le porter, il doit alors insinuer qu'il est de tous les noms le plus illustre. (I, 305.)

D'un vilain homme. Ce caractère suppose toujours dans un homme une extrême malpropreté.... Vous le verrez quelquefois tout couvert de lèpre.... (I, 70.)

Dans la phrase suivante, il y a passage du sens général au sens particulier :

On le voit tantôt, pour s'exercer au javelot, le lancer tout un jour con tre l'homme de bois, tantôt tirer de l'arc, etc. (I, 86.)

4° Rapport à des pronoms indéterminés :

Si quelqu'un se hasarde de lui emprunter quelques vases, il les lui refuse souvent. (I, 69.)

Chacun.... croit penser bien...; il en est moins favorable à celui qui pense.... aussi bien que lui. (II, 234.)

5o Nous, vous, se rapportant à on, ou pris au même sens indéterminé que ce pronom :

L'on aime à être vu, à être montré, à être salué, même des inconnus : ils sont fiers s'ils l'oublient; l'on veut qu'ils nous devinent. (II, 36.)

Le poëme tragique vous serre le cœur dès son commencement, vos laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre, ou s'il vous donne quelque relâche, c'est pour vous replonger dans de nouveaux abîmes et dans de nouvelles alarmes. (I, 138.)

Les exemples suivants nous montrent un emploi analogue des possessifs, soit adje‹tifs soit pronoms :

Le meilleur de tous les biens, s'il y a des biens, c'est le repos, la retraite, et un endroit qui soit son domaine. (I, 326.)

Vivre avec ses ennemis comme s'ils devoient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme s'ils pouvoient devenir nos ennemis. (I, 208.) Il semble qu'aux âmes bien nées les fêtes, les spectacles.... rapprochent et font mieux sentir l'infortune de nos proches ou de nos amis. (II, 38.) L'on ne trouve rien de bien dit ou de bien fait que ce qui part des siens. (I, 276.)

Si, content du sien, on eût pu s'abstenir du bien de ses voisins, on avoit pour toujours la paix et la liberté. (I, 368.)

6° Omission du pronom :

Comme les hommes ne se dégoûtent point du vice, il ne faut pas aussi se lasser de leur reprocher. (I, 105.)

De le leur reprocher, dans les éditions de Coste et dans plusieurs éditions modernes. Ils.... ont plus d'esprit que ne porte leur condition. (I, 349.)

7° Pronom surabondant. Voyez ci-après, p. LX, PLÉONASME, 1o.

8° EN, Y. Voyez au Lexique.

9° Construction des pronoms personnels. Voyez ci-après, p. LXIV, 2o.

II.

PRONOMS DÉMONSTRATIFS.

Voyez, au Lexique, CE, CET, CELUI.

III.

PRONOMS RELATIFS OU CONJONCTIFS ET PRONOMS

INTERROGATIFS ET EXCLAMATIFS.

Voyez, ci-après, P. LXIV et LXV, CONSTRUCTION, 4°; et, au Lexique, QUI, QUE, QUOI ; DONT; LEQUEL, LAQUELLE ; QUEL, QUELLE.

Qualification commencée par un nom ou un adjectif et continuée par un pronom relatif :

Combien d'âmes foibles, molles et indifférentes, sans de grands défauts et qui puissent fournir à la satire! (II, 72.)

Il.... se fait déployer une riche robe et qui vaut jusqu'à deux talents. (I, 79-)

Né inquiet et qui s'ennuie de tout, il (l'homme) ne s'ennuie point de vivre. (II, 249 et 250.)

Que leur sert le mystérieux jargon de la médecine, et qui est une mine d'or pour ceux qui s'avisent de le parler? (II, 77.)

Il semble qu'il y ait plus de ressemblance dans ceux (dans les poëmes) de Racine...; mais il est égal... : exact imitateur des anciens...; à qui le grand et le merveilleux n'ont pas même manqué. (I, 141.)

L'un des capitaines d'Alexandre le Grand, et dont la famille régna quelque temps dans la Macédoine. (I, 78, note 5; voyez ibidem, l. 3 et 4.) Le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi trèspropre à se faire des amis. (I, 389; voyez, au Lexique, DONT.)

[merged small][ocr errors]

Emplois remarquables (voyez, au Lexique, les divers mots de cette classe):

Qui considéreroit bien le prix du temps, et combien sa perte est irréparable, pleureroit amèrement sur de si grandes misères. (I, 295.)

Dans les exemples qui suivent, nous avons le possessif dans des tours où nous nous contentons ordinairement de l'article:

Il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse. (II, 135.) Il demande ses gants, qu'il a dans ses mains, semblable à cette femme qui prenoit le temps de demander son masque lorsqu'elle l'avoit sur son visage. (II, 7.)

Ménalque est surpris de se voir à genoux sur les jambes d'un fort petit homme, appuyé sur son dos, les deux bras passés sur ses épaules, et ses deux mains jointes et étendues qui.... lui ferment la bouche. (II, 9.)

Un homme superstitieux, après avoir lavé ses mains..., se promène une grande partie du jour avec une feuille de laurier dans sa bouche. (I, 65 et 66.)

On peut voir ci-dessus, p. XLII, aux PRONOMS PERSONNELS, 5o, des emplois de mots possessifs se rapportant à on, l'on, ou exprimant le même rapport indéterminé que

ce pronom.

Voici deux exemples (nous pourrions aisément en augmenter le nombre) où le rapport est grammaticalement incertain, mais déterminé par le sens :

Il descend du Palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour le sien, il se met dedans : le cocher touche et croit remener son maître dans sa maison. (II, 8.)

L'on ne trouve rien de bien dit ou de bien fait que ce qui part des siens... cela va jusques au mépris pour les gens qui ne sont pas initiés dans leurs mystères. (I, 276.)

:

Pour l'expression des rapports, nous voyons, en maint endroit de nos bons auteurs, qu'ils ne croyaient point avoir à pousser la rigueur grammaticale au delà de ce qui fit pour la clarté.

VII. VERBE.

I. Voix.

1° Emplois remarquables du passif :

Des pagodes.... où ils eussent placé des figures de métal pour être adorées. (II, 248.)

Les meilleurs conseils.... viennent d'ailleurs que de notre esprit : c'est assez pour être rejetés d'abord. (II, 111.)

2o Passif exprimé par des verbes réfléchis:

Les plus grandes choses.... se gatent par l'emphase. (I, 243.)

J'ai pris soin de lui désigner (au public) cette seconde augmentation par une marque particulière et telle qu'elle se voit par apostille. (I, 109, variantes 2 et 3; voyez encore I, 110, l. dernière.)

Les quatre-vingt-dix-neuf ans que cet auteur (Théophraste) se donne dans cette préface se lisent également dans quatre manuscrits de la bibliothèque Palatine. (I, 14.)

La fameuse bataille qui s'est donnée sous le gouvernement de l'orateur Aristophon. (I, 49.)

S'il se laisse prévenir contre une personne d'une condition privée, de qui il croie avoir reçu quelque injure: « Cela, dit-il, ne se peut souffrir, et il faut que lui ou moi abandonnions la ville. » (I, 84.)

N'aimer de la parole de Dieu que ce qui s'en préche chez soi ou par son directeur. (II, 152.)

La preuve s'en tire du fond de la religion. (II, 270.)

La mer s'ouvroit.... après que les Dionysiaques.... étoient commencées. (II, 509.)

Des circonstances si marquées.... ne se relèvent point et ne touchent personne. (II, 243.)

Les temples où se fait un grand concours. (II, 156.)

Tels se laissent gouverner jusqu'à un certain point, qui au delà sont intraitables et ne se gouvernent plus. (I, 211.)

On s'élève à la ville dans une indifférence grossière des choses rurales et champêtres. (I, 295.)

3o Verbes réfléchis avec ellipse du pronom :

On en a vu (des maux).... qui ont sapé par les fondements de grands empires et qui les ont fait évanouir de dessus la terre. (I, 366.)

Le besoin d'argent a réconcilié la noblesse avec la roture, et a fait évanouir la preuve des quatre quartiers. (II, 168.)

Ce palais, ces meubles.... vous enchantent et vous font récrier d'une première vue sur une maison si délicieuse. (I, 271.)

4o Voyez ci-après, dans le Lexique, p. 5 et p. 235, les exemples de la forme réfléchie que nous avons eu à noter aux articles ABOYER et MOQUER.

5o Verbes impersonnels :

Hier, il fut bien parlé de vous. (I, 36.)

Quelque rapport qu'il paroisse de la jalousie à l'émulation, il y a entre elles le même éloignement que celui qui, etc. (II, 40.)

Il me fait envie de manger à une bonne table où il ne soit point. (II, 57.)

[blocks in formation]

A. Modes et Temps personnels.

1° Emplois divers de l'indicatif :

Dans la plupart des exemples qui suivent, l'usage actuel voudrait ou du moins admettrait le subjonctif.

Il semble que la logique est l'art de convaincre de quelque vérité. (I, 143.)

Il semble que le mariage met tout le monde dans son ordre. (I, 159.) Il semble qu'une passion vive et tendre est morne et silencieuse. (I, 191; voyez I, 34, 7. 2; I, 61, l. 4; et ci-après, p. XLVI, 7o exemple.)

Je comprends.... fort aisément qu'il est naturel à de tels esprits de tomber dans l'incrédulité. (II, 238.)

Il fait en sorte que l'on croit, sans qu'il le dise, qu'il porte une haire et qu'il se donne la discipline. (II, 155.)

Il a une démarche molle et le plus joli maintien qu'il est capable de se procurer. (II, 149.)

Cette pratique.... bannit l'éloquence du seul endroit où elle est en sa place. (II, 185.)

Il faut avoir de l'esprit pour être homme de cabale: l'on peut cependant en avoir à un certain point, que l'on est au-dessus de l'intrigue. (I, 334.)

Feignant que la précipitation et le tumulte lui ont fait oublier ses armes, il court les querir dans sa tente. (I, 82.)

Ce n'est pas qu'il faut quelquefois pardonner à celui qui, avec un grand cortége..., s'en croit plus de naissance et plus d'esprit. (I, 160.)

Le sens est : « Ce n'est pas qu'il ne faille »; la Bruyère emploie ce n'est pas que au sens de toutefois.

2o Indicatif au sens du conditionnel :

Dans la plupart des phrases qui suivent, c'est le conditionnel passé qui est remplacé par l'imparfait de l'indicatif. Dans plusieurs la concordance des temps n'est correcte qu'à la condition de substituer par la pensée un mode l'autre, le conditionnel à l'indicatif.

<< Maint» est un mot qu'on ne devoit jamais abandonner, et par la facilité qu'il y avoit à le couler dans le style, et par, etc. (II, 206.)

« Valeur » devoit aussi nous conserver << valeureux. » (II, 208.) On en est là, quand la fièvre nous saisit et nous éteint: si l'on eût guéri, ce n'étoit que pour desirer plus longtemps. (II, 19.)

Qu'a-t-il du faire? Si j'en juge.... par le parti que vous auriez pris vous-même en pareille situation, c'est ce qu'il a fait. (I, 307.)

Il est.... à desirer.... qu'on cherchât une fin aux écritures. (II, 185.) S'ils (Voiture et Sarrazin) s'étoient moins pressés de venir, ils arrivoient trop tard. (II, 146.)

Si, content du sien, on eût pu s'abstenir du bien de ses voisins, on avoit pour toujours la paix et la liberté. (I, 368.)

Il y en a de tels que s'ils eussent obtenu six mois de délai de leurs créanciers, ils étoient nobles. (II, 163.)

Si l'on eût guéri, ce n'étoit que pour desirer plus longtemps. (II, 19.)

A ces exemples nous pouvons joindre le suivant, où voilà équivaut à un présent de l'indicatif, substitut du conditionnel :

L'un d'eux.... se lève matin, chausse des guêtres,... prend un fusil : le voilà chasseur, s'il tiroit bien. (I, 282.)

« PreviousContinue »