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et fut enterrée à Welwyn le 16 octobre 17741. Leur fille unique, nommée Elizabeth comme sa mère et sa grand'mère, fut baptisée le 20 octobre 1767 2 et vécut auprès de son père d'une vie calme et retirée. Quelques amis venaient de temps à autre les voir, le jeune Thornton en 1778 qui leur présenta plus tard Wm Hayley, en 1781 le Dr Johnson revenant de voyage avec son « fidus Achates, James Boswell, et parfois encore le Dr Cotton de St Albans. Jusqu'en 1787 le fils de notre auteur figure sur le registre des séances du comité directeur de l'école fondée par ce dernier, puis toutes traces de lui cessent. Une mention faite incidemment par Thomas Maurice 3 quand il parle du compagnon « avec lequel, dit-il, pendant ma vie subséquente, j'ai passé bien des heures d'intimité dans les tavernes de Londres, » et qui, comme lui né de parents déjà âgés, « ne fut pas, ajoute-t-il, en définitive plus heureux que moi » sous le rapport de la santé, laisse supposer que Frederick Young s'établit ensuite à demeure dans la capitale où il dut mourir vers le début du XIXe siècle.

Mais si l'on veut tenir compte de la parenté par alliance, intéressante en tout cas au point de vue de la transmission possible de documents relatifs à la famille, il reste encore des représentants en Angleterre du nom de Lee, rattachés par les liens du sang à Lady Elizabeth Young. Tel est notamment Lord DillonLee de Ditchley dans le comté d'Oxford qui n'a malheureusement pu retrouver ni lettres ni papiers jetant quelque lumière sur cette époque. Un autre parent éloigné, le Rev. Timothy Trip Lee (1769-1840), boursier de Winchester College et Vicar of Thame dans le comté d'Oxford à partir de 1795, donna à son fils, né

1. Voici l'extrait du registre des décès de Welwyn : « 1774 - Mrs Elizabeth (wife of Fred. Young Esq.) was buried Oct. the 16th. She was buried in linnen [sic] and 50 sh. were distributed to the poor. »>

2. Le registre des baptêmes de Welwyn porte: « Elizabeth, daug. of Fred. Young and Elizabeth his wife was privately baptized Oct. the 20th 1767, received into the Church Nov. the 28th

Une note curieuse du Rev. J. Jones, à la date du 30 août 1766, dans le registre des baptêmes de Welwyn, dit que notre auteur « made it a rule... never to read the office of public baptism in private houses. >>

3. Memoirs of the Author of Indian Antiquities. London, Messrs Rivington, 1819. 4. D'après les traditions de la famille du Dr F. G. Lee, Frederick Young vivait encore en 1798 et même au delà.

en 1798, le prénom de Frederick Young. Le fils de Frederick Lee, qui s'appelle également Frederick George Lee, Docteur en théologie et récemment encore Vicar of Lambeth, a étudié en même temps que l'histoire de l'église paroissiale de Thame, la généalogie des pasteurs qui s'y sont succédé et c'est à son extrême obligeance que je dois une partie importante des renseignements qui précèdent. Poète distingué à ses heures 1, il semble avoir pris à tâche de prouver que le talent et la poésie, au XIX comme au XVIII° siècle, sont de tradition dans la famille illustrée par l'auteur des Nuits.

1. Voir les poèmes suivants du Rev. F. G. Lee, D. D:

The Martyrs of Vienne and Lyons, a prize poem recited in the Theatre, Oxford, June 28, 1854. The King's Highway, Petronilla and other poems (London, Th. Bosworth, 1866) et De Profundis, various verses, Printed for private circulation, London, 1899.

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Certains critiques modernes proclament, en principe, l'identité spirituelle d'un écrivain et de ses œuvres. Ils n'admettent pas que l'on sépare l'étude de l'homme de l'étude de ses livres qui ne sont plus, en quelque sorte, que la conséquence logique et inéluctable d'une mentalité spéciale. Etant donnés telle disposition d'esprit, tel milieu physique et moral, semblent-ils dire, tel ensemble de phénomènes corrélatifs, il en résultera nécessairement tel produit artistique ou littéraire. Cette théorie est l'expression de la vérité quand elle se contente de conclusions moins rigoureuses. Elle met en pleine lumière l'importance d'examiner avec le plus grand soin les antécédents d'un auteur quelconque, son évolution particulière de l'enfance à l'âge mûr sous l'action d'influences diverses, ainsi que les tendances générales de la pensée contemporaine dans la société et à l'époque où il apparaît; en un mot, elle rend indispensable d'établir sa biographie avec toute l'exactitude possible et de reconstituer le passé où il a vécu. Mais elle outrepasse ses droits dès qu'elle prétend supprimer l'imprévu dans l'histoire des peuples ou des individus et prescrire à des agents libres la manière précise dont ils devront se développer et la forme même des manifestations extérieures de leur personnalité.

Dans le domaine des lettres proprement dites, la tentative est séduisante, mais plus hasardeuse peut-être que partout ailleurs.

Si l'on veut, coûte que coûte, faire rentrer le talent étudié dans un cadre inflexible où ses moindres efforts soient à une place marquée d'avance et trouvent une explication complète, l'on risque de créer un nouveau lit de Procuste, de mutiler l'esprit humain en lui imposant des limites trop étroites ou d'enfler des ouvrages médiocres pour leur attribuer une valeur intrinsèque qu'ils ne sauraient avoir. S'agit-il non plus de productions isolées mais de périodes littéraires, la théorie reste également insuffisante. Elle ne tient pas compte des variations individuelles qui peuvent troubler l'harmonie d'un ensemble apparemment uniforme. Enfin, si elle s'applique assez bien aux époques où le courant des idées dominantes entraîne la masse des intelligences à la façon d'un torrent irrésistible, elle s'adapte difficilement aux époques indécises où le flot semble s'arrêter en attendant qu'il suive quelque pente ignorée. Ses preuves les plus concluantes elle les emprunte aux débuts ou au triomphe d'une école nettement définie, elle ne les cherche pas à un moment de transition.

Or, c'est essentiellement un homme de transition en même temps qu'un auteur à vues originales, cet Ed. Young dont la vie, nous l'avons vu, relie comme un trait d'union le règne de Charles II au règne de George III. Sa double caractéristique l'expose à des influences multiples et parfois contradictoires, mais lui permet aussi de réagir contre elles. De là une physionomie complexe, une figure de Janus tantôt tournée vers le passé, tantôt regardant du côté de l'avenir, mais le plus souvent à l'improviste. De là cette spontanéité d'humeur qui affranchit Young, à l'occasion, des tendances de son époque ou tout au moins de celles qui, sur le moment, emportent ses contemporains. Pareil à ces instruments d'extrême sensibilité qui marquent à l'avance une saute du vent, il a déjà changé de direction quand les girouettes voisines conservent encore celle qu'il indiqua le premier et paraît par là même parfois précéder les autres et parfois retarder sur elles. Il n'est donc pas nécessaire de confondre l'étude de ses ouvrages avec l'étude de sa biographie, ni même utile de suivre pour celle-là l'ordre purement chronologique. Les seules compositions de notre auteur complètement dominées par une influence passagère sont les pièces de vers

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