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physiologie, et qui consiste à ordonner ou coordonner les mouvemens voulus par certaines parties du système nerveux, excités par d'autres.

Il y a donc, dans le système nerveux, trois propriétés essentiellement distinctes :

L'une de vouloir et de percevoir; c'est la sensibilité;

L'autre d'exciter immédiatement la contraction musculaire; je propose de l'appeler excitabilité; La troisième de coordonner les mouvemens;

je l'appelle coordination.

L'irritabilité, ou contractilité, est, comme chacun sait depuis Haller, la propriété exclusive au muscle de se contracter ou raccourcir avec effort, quand une excitation quelconque l'y détermine.

Mais, indépendamment de ces trois propriétés fondamentales du système nerveux, l'une de vouloir, l'autre d'exciter, l'autre de coordonner les contractions musculaires; chaque partie déterminée de ce système joue un rôle déterminé dans les mouvemens dits volontaires, ou de locomotion et de préhension.

Le nerf excite directement la contraction musculaire ; la moelle épinière lie les diverses contractions partielles en mouvemens d'ensemble; le cervelet coordonne ces mouvemens en mouvemens réglés, marche, course, vol, station, préhension, etc.; les lobes cérébraux veulent et

sentent.

Ainsi donc, les facultés intellectuelles et sensitives résident dans les lobes cérébraux ; la coordination des mouvemens de locomotion, dans le cervelet; l'excitation immédiate des contractions, dans la moelle épinière et ses nerfs.

Tout montre donc une indépendance essentielle entre les facultés locomotrices et les sensitives; entre l'excitation et la coordination des contractions musculaires.

L'organe qui veut et qui sent ne coordonne ni n'excite les mouvemens: l'organe qui coordonne n'excite pas, et réciproquement celui qui excite n'ordonne pas.

Ainsi, par exemple, les irritations des lobes cérébraux ou du cervelet ne déterminent jamais des

contractions musculaires: la moelle épinière, agent immédiat de toutes les contractions et par elles de tous les mouvemens, n'en veut ni n'en coordonne aucun. Un animal privé de ses lobes cérébraux perd toutes ses facultés intellectuelles, et conserve toute la régularité de ses mouvemens; un animal, au contraire, privé de son cervelet, perd toute régularité dans ses mouvemens, et conserve toutes ses sensations, etc..

Les diverses parties du système nerveux ont donc toutes des propriétés distinctes, des fonctions spéciales, des rôles déterminés ; nulle n'empiète sur l'autre. Le nerf excite; la moelle épinière lie; le cervelet coordonne; les lobes céré→ braux veulent et sentent. De l'indépendance des organes dérive l'indépendance des phénomènes.

Enfin, non seulement l'origine des mouvemens est distincte, dans la masse cérébrale, de l'origine des sensations; l'origine des sens eux-mêmes s'y distingue encore de celle des sensations.

L'ablation des lobes cérébraux, par exemple, fait perdre à l'instant la vue; mais l'iris n'en

reste pas moins mobile; le nerf optique, excitable. L'ablation, au contraire, des tubercules quadrijumeaux abolit sur-le-champ la contractilité des iris et l'action de la rétine et du nerf optique. Dans le premier cas, on n'avait détruit que la sensation de la vue; on détruit le sens de la vue, dans le second.

Il y a donc, en dernière analyse, dans la masse cérébrale, des organes distincts pour les sens, pour les sensations, pour les mouvemens.

J'avais conclu des expériences de ce premier Mémoire que dans les lobes cérébraux résident exclusivement toutes les sensations.

Lorsqu'on enlève, en effet, le lobe d'un côté à un animal, il ne voit plus de l'œil du côté opposé; les deux lobes enlevés, il devient aveugle et n'entend plus. La vision et l'audition résident donc bien incontestablement dans ces lobes puisqu'elles se perdent bien incontestablement par eux.

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Mais, pour les autres sensations, il n'était pas, à beaucoup près, aussi aisé de décider d'abord

si elles sont, ou non, pareillement perdues. On peut croire que l'animal, privé de ses lobes, ne goûte ou ne flaire pas dans le moment où on l'observe, uniquement parcequ'il n'en a pas actuellement envie, et que peut-être il goûterait ou flairerait plus tard: on sent combien il est difficile de discerner le cas où il touche, du cas où il est simplement touché, etc.

Un seul moyen m'a paru propre à lever ces difficultés, mais aussi ce moyen est-il, à mon avis, infaillible: c'a été de faire survivre, le plus longtems que j'ai pu, les animaux à l'opération.

Évidemment, l'animal, une fois guéri des suites immédiates de la lésion mécanique qu'entraîne nécessairement avec elle l'ablation des lobes cérébraux, devait reprendre peu à peu toutes les facultés qui ne dérivaient pas essentiellement de ces lobes.

Or les expériences auxquelles je me suis livré dans cette vue, et qui forment le sujet du second Mémoire de cet ouvrage, montrent clairement que, quelque temps que les animaux survivent à

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