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EXPÉRIMENTALES

SUR LES PROPRIÉTÉS ET LES FONCTIONS

DU SYSTÈME NERVEUX,

DANS

LES ANIMAUX VERTÉBRÉS.

DÉTERMINATION DES PROPRIÉTÉS DU SYSTÈME NERVEUX ET DU RÔLE QUE JOUENT LES DIVERSES PARTIES DE CE SYSTÈME DANS LES MOUVEMENS DITS VOLONTAIRES, OU DE LOCOMOTION ET DE PRÉHENSION:

MÉMOIRE

LU A L'ACADÉMie royale des SCIENCES DE L'INSTITUT,

DANS SES SÉANCES DES 4, 11, 25, 31 MARS, ET 27 AVRIL 1822.

PREMIÈRE PARTIE.

DÉTERMINATION DES PROPRiétés du système nerveux.

S. Ier'.

1. Le système nerveux est tout à la fois l'origine des sensations et l'origine des mouvemens.

Mais est-ce par une propriété unique ou par deux propriétés diverses qu'il détermine deux phénomènes aussi distincts? Cette question, presque aussi ancienne que la science, n'a jamais été résolue d'une manière définitive.

L'opinion la plus générale a toujours été de n'attribuer au système nerveux qu'une propriété unique, en vertu de laquelle il détermine également et les sensations et les mouvemens. Néanmoins, et à diverses reprises, quelques physiologistes ont soutenu l'opinion contraire; savoir, qu'il y a deux propriétés distinctes, l'une pour les mouvemens, l'autre pour les sensations. Mais quand on en est venu à demander à ces physiologistes si ces deux propriétés résident dans les mêmes parties, ou dans des parties diverses, nul n'a répondu par des expériences directes; et ainsi, cette opinion, tour à tour abandonnée ou reproduite dans la science, n'a jamais été ni complètement établie ni complètement réfutée.

Quelques faits acquis, de bonne heure, en pathologie, ne laissent pourtant aucun doute que ces deux propriétés, l'une de sentir, l'autre de mouvoir, ne soient essentiellement distinctes et indépendantes entre elles.

Le sentiment peut être aboli et le mouvement conservé réciproquement. le mouvement peut

disparaître et le sentiment survivre. Le sentiment et le mouvement ont donc, dans les masses nerveuses, des siéges divers et une origine. distincte.

Le point de la question et de la difficulté n'est donc qu'à déterminer expérimentalement (car ce n'est qu'ainsi que l'on détermine) quelles parties du système nerveux servent exclusivement à la sensation, et quelles, au contraire, servent exclusivement à la contraction.

Évidemment, l'expérience de chaque partie pouvait seule en constater la propriété. J'ai donc expérimenté, tour à tour et séparément, les nerfs, la moelle épinière, la moelle alongée, les tubercules quadrijumeaux, les lobes cérébraux, et le cervelet.

S. II.

Expériences relatives à la détermination des propriétés des nerfs.

1. Lorsque l'on pince ou que l'on pique un nerf dans une certaine étendue de son trajet, il y a, sur-le-champ, une réaction opérée 1.

Il ne s'agit ici que des nerfs rachidiens. On verra plus tard le résultat de mes recherches sur le grand sympathique.

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Cette réaction a pour effets immédiats, d'une part, la contraction des parties musculaires auxquelles le nerf se rend; et, d'autre part, la sensation éprouvée par l'animal.

Ainsi, contraction dans les muscles; sensation éprouvée par l'animal: voilà les deux effets ordinaires de l'irritation d'un nerf.

2. J'ouvris le ventre à une grenouille, et je découvris bien les nerfs cruraux; puis, j'irritai ces nerfs en les pinçant, à plusieurs reprises, avec une pince à disséquer. A chaque pincement, l'animal éprouva des contractions brusques et partielles dans les muscles de la région antérieure des cuisses; et il ressentit en même tems des douleurs qui le tourmentaient beaucoup.

3. Je découvris le nerf sciatique d'une autre grenouille les irritations de ce nerf déterminèrent également des contractions dans les muscles postérieurs de la jambe, et un malaise général.

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Je coupai ce nerf par une section transversale, peu près vers le milieu de son trajet fémoral: les irritations du tronc inférieur donnèrent longtems encore des contractions dans les muscles de ce tronc; mais je ne remarquai plus de malaise général, l'animal ne ressentait plus ces irritations. Les irritations du tronc supérieur pro

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