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gence. Lapeyronie ne le supposait, au contraire, dans le corps calleux, que parceque, dans ses observations, c'était principalement le corps calleux qu'il avait trouvé détruit ou altéré, à la suite de lésions qui avaient altéré ou détruit les sens et l'intelligence, etc., etc., etc.

6. Toutes ces combinaisons diverses de lésions cérébrales, circonscrites ou étendues, générales ou partielles, dont on trouve tant d'exemples dans les auteurs, concourent donc à confirmer ce résultat fondamental, établi dans mon second Mémoire, savoir: « Qu'une lésion déterminée des » lobes cérébraux, quel qu'en soit le siége, peut >> très bien, pourvu qu'elle ne dépasse pas cer»taines limites, coexister avec l'exercice des >> fonctions intellectuelles et sensitives; tandis qu'une lésion de ces organes, quel qu'en soit le siége encore, ne peut, dès qu'elle dépasse cer»taines limites, coexister avec ces fonctions. »

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DE L'UNITÉ DU SYSTÈME NERVEUX.

1. Chaque partie essentiellement distincte du système nerveux a, comme nous l'avons vu, une fonction propre et déterminée.

La fonction des lobes cérébraux est de vouloir, de juger, de se souvenir, de voir, d'entendre, en un mot de sentir. Le cervelet dispose et coordonne les mouvemens de locomotion et de préhension; la moelle alongée, ceux de conservation la moelle épinière lie en mouvemens d'ensemble les contractions musculaires immédiatement excitées par les nerfs.

2. Mais, indépendamment de cette action propre et exclusive à chaque partie, il y a, pour chaque partie, une action commune, c'est-àdire de chacune sur toutes, de toutes sur cha

cune.

:

Ainsi, les lobes cérébraux veulent et sentent; c'est leur action propre la suppression de ces lobes affaiblit l'énergie de tout le système nerveux; c'est leur action commune. L'action propre du cervelet est de coordonner les mouvemens de locomotion; son action commune est d'influer sur l'énergie de tout le système, etc., etc.

Chaque partie du système nerveux, les lobes cérébraux, les tubercules quadrijumeaux, la moelle alongée, la moelle épinière, les nerfs, a donc une fonction propre ; et c'est là ce qui la constitue partie distincte: mais l'énergie de chacune de ces parties influe sur l'énergie de toutes les autres; et c'est là ce qui les constitue parties d'un système unique.

3. Cela posé, toute la question de l'Unité du système nerveux se réduit visiblement à l'évaluation expérimentale du rapport selon lequel chaque partie distincte de ce système concourt à l'énergie commune.

4. On a vu que l'ablation des lobes cérébraux se borne à affaiblir les mouvemens; celle du cervelet, à les affaiblir plus encore; tandis que celle de la moelle épinière, de la moelle alongée, ou des nerfs, les abolit radicalement. C'est que, comme on l'a vu aussi, les lobes cérébraux se bornent à vouloir le mouvement; le cervelet, à le coordonner; tandis que la moelle alongée, la moelle épinière, les nerfs, le produisent.

5. Généralement, on donne assez indifféremment le nom de paralysie à la perte, ou à la faiblesse du mouvement, quelle que soit d'ailleurs la partie nerveuse de laquelle cette perte et cette faiblesse émanent.

Ce qui précède suffit pour faire voir qu'appliqué à la destruction des lobes cérébraux ou du cervelet, le mot de paralysie ne peut signifier, relativement aux facultés locomotrices, qu'affaiblissement; tandis qu'appliqué à la destruction des moelles épinière ou alongée, il signifie abolition radicale de ces facultés.

6. On a vu, d'un autre côté, que, parmi les diverses parties du système nerveux affectées aux mouvemens, les unes le sont aux mouvemens de locomotion, les autres, aux mouvemens de conservation: il s'ensuit que la destruction de cellesci doit être bien plus promptement funeste que la destruction des autres, puisque la vie dépend immédiatement des mouvemens de conservation, et ne dépend, au contraire, des mouvemens de locomotion que d'une manière éloignée et consécutive.

7. Mais il est un ordre de phénomènes bien autrement propre à mettre dans tout son jour, et cette Unité puissante du système nerveux, qui, malgré leur diversité d'action, lie entre elles toutes les parties de ce système, et le degré d'influence selon lequel chacune de ces parties concourt à l'énergie commune.

8. Lorsque l'on sépare, par une section transversale, la moelle épinière dans une région dé

terminée de son étendue, c'est la portion postérieure qui meurt, et l'antérieure qui vit.

Lorsqu'au contraire on divise les lobes cérébraux par une section pareillement transversale, c'est la portion postérieure qui vit, et l'antérieure qui meurt.

9. En remontant de l'extrémité caudale de la moelle épinière vers un point donné de l'encéphale, c'est toujours la portion séparée de l'encéphale qui meurt.

En redescendant, au contraire, des lobes cérébraux vers ce point, ce sont toujours les portions détachées de la moelle épinière qui meurent.

Ce qui décide donc de la vie ou de la mort de ces portions ainsi divisées, c'est de tenir ou non à ce point.

10. Mes expériences établissent que c'est dans la moelle alongée, c'est-à-dire dans toute cette portion de moelle qui s'étend de l'origine des tubercules quádrijumeaux à l'origine de la huitième paire', que ce point important réside.

'Les belles expériences de Le Gallois avaient déjà montré que le siége du premier mobile de l'inspiration finit, ou commence, à l'origine même de la huitième paire.

Or, cette origine constitue, comme on l'a vu d'après mes expériences, la limite postérieure de la inoelle alongée,

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