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de trois ordres de mouvemens essentiellement distincts: les mouvemens coordonnés de locomotion et de préhension, les mouvemens coordonnés de conservation, les mouvemens du cœur et des intestins.

Dans le cervelet réside le principe coordonnateur des premiers; dans la moelle alongée, celui des seconds; les troisièmes ne dérivent du système nerveux que d'une manière médiate et consécutive.

18. La circulation, soutenue par l'insuflation, survit un certain tems, chez les animaux adultes, à la destruction totale du système nerveux.

19. Elle survit à cette destruction, chez les animaux voisins de leur naissance, même sans le secours de l'insuflation.

20. La circulation peut survivre un tems considérable, quoiqu'il n'y ait plus, dans le système circulatoire, que du sang noir.

21. Le Gallois avait déjà déterminé, par des expériences d'une exactitude remarquable, le point précis de la moelle épinière où commence le siége du premier mobile du mécanisme respiratoire.

J'ai montré que le siége de ce premier mobile s'étend à toute la moelle alongée, et que dans cette moelle réside, en outre, le principe régu

fateur de tous les mouvemens coordonnés de

conservation.

le

22. D'un autre côté, Le Gallois pensait que principe de la circulation dépend immédiatement de la moelle épinière, et de la moelle épinière tout entière; M. Philip avait déjà combattu cette opinion, en faisant voir, par des expériences nombreuses, que la circulation, soutenue par l'insuflation, survit à la destruction totale du système nerveux cérébro-spinal: j'ai montré, comme on vient de voir, qu'à un âge donné la circulation survit à la destruction totale de ce système, même sans le secours de l'insuflation, et qu'ainsi elle peut continuer un certains tems, déterminé par mes expériences, bien que tout le sang soit devenu tout noir.

23. Enfin, le ganglion semi-lunaire est, constamment et très énergiquement, excitable; les autres ganglions ne le sont que de loin en loin, et qu'à un degré très faible.

24. Il reste une dernière considération à développer. Communément, les mouvemens de la respiration, du cri, du bâillement, etc., sont appelés involontaires, par opposition aux mouvemens de locomotion et de préhension, qu'on appelle alors volontaires.

On vient de voir ce qu'il faut penser de cette

expression de volontaires, appliquée à certains mouvemens. La volonté n'est jamais que la cause provocatrice, éloignée, occasionelle de ces mouvemens; mais enfin elle peut les provoquer, en régler l'énergie, en déterminer le but; et, ce qu'il y a d'essentiellement remarquable, elle peut cela de tous points. Ainsi un animal peut, à son gré, se mouvoir ou non, lentement ou vite, dans telle ou telle direction qu'il lui plaît. Il est donc maître absolu, non pas du mécanisme de sa marche, mais de sa marche.

Il en est de même de la course et du saut, qui ne sont qu'une marche précipitée; du vol, du nagement, de la reptation, qui ne sont que différentes espèces de marche; de la station, qui n'est qu'une partie de la marche, et, en un mot, de tous les mouvemens de locomotion ou de translation. Il en est de même encore de la préhension des objets, de leur transport, de leur projection, de leur conduction, et, en un mot, de tous nos mouvemens de relation avec eux.

La respiration, le cri, le bâillement, certaines déjections, certaines attitudes, au contraire, ne dépendent que, jusqu'à un certain point, et que dans certains cas, de la volonté. En général, tous ces mouvemens ont lieu sans qu'elle s'en aperçoive, sans qu'elle s'en mêle, sans qu'elle y parti

cipe, souvent même quelque opposée qu'elle y

soit.

Enfin, les mouvemens du cœur et des intestins sont totalement, complètement et absolument étrangers à la volonté.

Sous le rapport de la volonté, comme sous le rapport du mécanisme, comme sous le rapport des organes du mouvement, il y a donc trois ordres de mouvemens essentiellement distincts. Les uns sont totalement soumis à la volonté ; les autres n'y sont soumis qu'en partie; les autres n'y sont point soumis du tout.

APPLICATIONS A LA PATHOLOGIE.

S. Ier.

1. En 1768, l'Académie royale de chirurgie proposa, pour la troisième fois, et pour sujet d'un double prix, la question suivante: « Éta» blir la théorie des lésions de la tête par contre» coup, et les conséquences pratiques qu'on peut

» en tirer '. »

Sous une forme toute chirurgicale, ce sujet. renfermait une question fondamentale de physiologie; il la supposait même, jusqu'à un certain point, résolue.

Il est clair qu'on ne saurait établir, effectivement, la théorie des lésions de la tête, ou, plus exactement, de l'encéphale, si l'on ne connaît déjà les propriétés et les fonctions des diverses parties dont cet organe important se compose.

2. La question n'était donc pas très clairement posée ; je crois qu'elle aurait dû l'être ainsi:

› Prix de l'Acad. roy. de chirurg., tom. IV.

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