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au contraire, que d'une manière médiate et consécutive.

Mais je prie de remarquer que rien ne justifie une pareille confusion.

2. D'abord, ces deux mouvemens sont loin d'être involontaires au même degré le mouvement inspiratoire, et tous ceux qui dérivent de lui, le cri, le rire bruyant, le bâillement, certaines déjections, certaines attitudes, etc., tout cela est plus ou moins soumis à la volonté.

Nous agissons, quand il nous plaît, sur le mouvement de l'inspiration: nous l'accélérons, nous le ralentissons, nous le suspendons même.

Dans une infinité de cas, nous pouvons nous livrer au rire, ou le réprimer; pousser des cris, ou les contenir; provoquer l'éjection des matières fécales, ou l'interrompre, etc.

Il n'en est point ainsi, au contraire, des mouvemens du cœur et des intestins : mouvemens absolument, constamment, et de tout point, rebelles à la volonté.

3. En second lieu, le mouvement respiratoire, comme tous les mouvemens dérivés de lui, est un mouvement coordonné, résultant du concours de plusieurs parties diverses et éloignées.

Le mouvement du cœur, comme celui des in

testins, au contraire, ne tient qu'à certaines parties continues, liées entre elles et ne formant toutes qu'un seul système; on pourrait dire qu'un seul organe.

4. Enfin, la dernière et définitive différence est précisément celle qu'on vient de voir, c'est-àdire que le mouvement respiratoire et ses dérivés tirent leur principe, immédiatement et coïnstantanément, du système nerveux ; tandis que le principe des mouvemens du cœur et des intestins n'en dérive que d'une manière médiate et consécutive.

5. Ce dernier point posé, il ne s'agit plus que de déterminer avec précision:

1° Quel est l'intermédiaire par lequel les mouvemens du cœur et des intestins tirent leur principe du système nerveux, et jusqu'à quel point ils l'en tirent;

2° Quel est le mode d'action propre et déterminé de cet intermédiaire.

Deux questions qui se résolvent pleinement, comme tout le monde voit, dans la Détermination des propriétés et des fonctions du système nerveux, communément n ommé grand-sympathique.

6. Cette détermination importante fait, depuis long-tems, pour moi, l'objet d'un travail sur l'ensemble duquel je ne suis pas assez satis

fait encore pour oser le soumettre à l'Académie.

Je la prierai néanmoins de vouloir bien me permettre d'en détacher ici un fait qui m'a paru assez curieux et assez nouveau pour mériter, dès à présent, de lui être communiqué.

EXTRAIT DES RECHERCHES

SUR LES PROPRIÉTÉS ET LES FONCTIONS

DU GRAND-SYMPATHIQUE.

S. Ier.

1. On ignore complètement encore si le grandsympathique est susceptible, ou non, de transmettre à l'animal les impressions ou irritations qu'il éprouve.

L'impassibilité de ce nerf à l'irritation mécanique paraît même un fait presque universellement reçu aujourd'hui en physiologie; et sur la réalité duquel les expériences directes de Bichat, de MM. Wutzer, Lobstein, de bien d'autres semblent ne plus laisser aucun doute.

2. Bichat' ayant découvert le ganglion semi-lunaire sur plusieurs animaux, l'irrita fortement: l'animal resta constamment impassible.

2

M. Wutzer ayant répété, à plusieurs repri

1 Anat. génér., tom. I, pag. 227.

De corp. hum. ganglior. fab. atque usu; pag. 181, Berol., 1817.

ses, l'expérience de Bichat, en a constamment obtenu le même résultat.

M. Lobstein avoue n'avoir jamais réussi, quelques précautions qu'il ait prises, à produire, par l'irritation immédiate du grand - sympathique, le moindre signe de douleur dans l'animal.

Enfin, la plupart des physiologistes paraissent n'avoir pas été plus heureux, dans leurs tentatives, que MM. Lobstein, Wutzer et Bichat.

3. Je ne parle pas des effets provoqués par le galvanisme; effets sur l'importance desquels les expériences de Fowler, de Rinhold, de Webster, de Nysten, etc., de M. de Humboldt3 surtout, ont depuis long-tems fixé l'attention. Il ne s'agit ici que de l'irritation mécanique.

S. II.

1. J'ouvris le bas - ventre, par une large incision cruciale sur un lapin; puis je mis bien

1 De nerv. sympathet. hum. fab. usu et morb., pag. 94-95. Paris, 1823.

2 Peut-être faut-il excepter Haller qui paraît avoir réussi, au moins une fois, à produire de la douleur sur un chien, par l'irritation du plexus hépatique Visum est animal doluisse, dit-il. (De part. corp. hum. sent. et irritab. oper. minor., tom. I, pag. 357.)

3 Exp. sur le gaiv. Paris, 1799.

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