Page images
PDF
EPUB

défendaient se retirèrent sur le camp de Terzano, où le général Freytag les recueillit.

.

Aussitôt que le poste de la Madone fut replié, le comte de Wallis poussa ses troupes en avant et coupa bientôt dans Savone le faible bataillon de Dupuis qui, feignant d'être vivement poursuivi, se sauva sur les glacis de la citadelle, et sauta dans le chemin couvert. Les Génois étonnés, et ne se doutant.pas de la ruse, tirèrent alors quelques coups de canon et de fusil, comme pour prouver aux Autrichiens qu'ils étaient prêts à faire respecter leur neutralité. Ceux-ci, encouragés par le bruit, pressèrent leur marche, croyant prendre les Français entre deux feux; mais en débouchant des rues adjacentes, qu'on juge de leur surprise en les voyant installés dans le chemin couvert. Dupuis parlementait alors avec les Génois, qui avaient levé le pont - levis du corps de place, pour les engager à le recevoir dans le fort. Wallis le somma: il répondit qu'il saurait essuyer le feu de la citadelle et repousser ses troupes si elles se présentaient. L'embarras des Impériaux fut au moins égal à celui des Génois. Cependant le feu sur la gauche redoublant d'intensité, le général de Vins se rendit chez le gouverneur de Savone pour le presser de se défendre. Celuici demanda à consulter le sénat, prétextant qu'il n'avait pas d'instruction pour un cas si

particulier. Heureusement pour la ville qu'avant la fin de la journée, après maints pourparlers, il parvint à s'entendre avec les généraux autrichiens. Dupuis et sa troupe furent admis à jouir des droits d'hospitalité accordés par toute puissance neutre aux troupes qui déposent les armes. Ou les embarqua avec arines et bagages sur des chaloupes qui allèrent les déposer à Finale.

Pendant que la division Wallis se trouvait ainsi paralysée par cette ruse de guerre devant Savone, les colonnes de Roccavina et Rota s'étaient réunies devant le Cugliano et attaquaient le pont de Zinora défendu par l'adjudant-général Frontin avec deux bataillons de grenadiers. Cette ́ poignée de braves ne put résister au choc, et fut forcée d'aller s'embusquer derrière les murs de la rive droite de ce torrent, d'où elle continua à fusiller. Les Impériaux, comptant n'avoir à essuyer que ce feu de mousqueterie, passèrent alors le pont en colonne serrée. Tout à coup les deux forts de Vado commencèrent à faire jouer toutes leurs batteries. Cet incident attiédit leur ardeur; après avoir hésité quelques minutes, ils rebroussèrent chemin en désordre, et ce ne fut qu'avec peine que leurs chefs parvinrent à les rallier derrière des murs et des jardins d'oliviers de l'autre côté du torrent.

Roccavina jugeant donc qu'il ne réussirait pas ici, reparut une heure après en ordre de bataille

au pied de Tersano, vis-à-vis de St.-Sébastien, dans le lit même de la rivière. Le général Freytag sentant l'urgence de déjouer cette manoeuvre, ordonna à Laharpe d'exécuter une sortie avec 300 grenadiers. Ce mouvement est favorisé par le jeu à bout portant de trois bouches à feu masquées par les broussailles, et par une fusillade d'une centaine de tirailleurs dispersés dans les taillis. Laharpe arrive à la faveur des arbres, sans être aperçu, sur le flanc de la ligne ennemie, l'assaille et la culbute sur la rive gauche du torrent. En même temps l'adjudant - général Frontin repassa le pont de Zinora avec le 6o bataillon de grenadiers, et poursuivit, la baïonnette dans les reins, tout ce qui se trouvait devant lui. Le général Roccavina fut blessé grièvement, et son collègue aurait eu beaucoup de peine à couvrir la retraite, s'il n'eût été parfaitement secondé par les uhlaus. Cette échauffourée, qui ne finit qu'à la nuit, coûta à de Vins plus de mille hommes tués, blessés et prisonniers.

Eclairé un peu tard sur la véritable direction à donner à ses attaques, il se porta la nuit avec une partie des troupes de Wallis pour renforcer l'attaque que le général d'Argenteau devait faire le lendemain sur les postes de Settepani et de San Giacomo. Tremblant même d'être inquiété dans ce mouvement, il demanda un armistice pour enterrer ses morts. Le général La

harpe le lui accorda d'autant plus volontiers que les troupes françaises avaient un grand besoin. de repos.

Le 25 juin, à trois heures du matin, conformément à ses instructions, d'Argenteau attaqua les retranchemens de Settepani et de Melogno, le général Cantu ceux de San Giacomo, tandis que Wallis et Liptay firent une fausse attaque dans la plaine sur le pont de Zinora. De Vins se flattait par cette disposition de percer le centre de la ligne française et de tourner sa droite. Ses calculs furent de nouveau en défaut : les démoustrations dans la plaine n'inquiétèrent nullement la brigade Laharpe, qui se maintint ce jour-là et le suivant dans Vado; mais la partie de la ligne de Settepani à San Giacomo gardée seulement par sept faibles bataillons, après avoir été défendue avec une valeur peu commune, demeura aux Autrichiens.

Tandis que ces choses se passaient à la droite des républicains, Garnier cherchait à attirer l'attention de l'ennemi sur la gauche. Après avoir emporté le poste de St.-Barnouil, il rallia aux bains de Vinadio les troupes cantonnées à SainteAnne, et se porta sur le village de Bagni dont il chassa. le baron Galea après un combat opiniâtre. Colli méprisant ces vaines attaques, se contenta de renforcer ses avant-postes, et Garnier sentant lui-même l'inutilité d'une si faible

diversion, rentra le lendemain dans sa position. Cependant Massena, frappé de l'urgence de se maintenir sur les hauteurs pour assurer la retraite de la brigade Laharpe qui tenait toujours Vado, renforça le 26 d'un bataillon le poste de Melogno; mais, comme ce poste était commandé par celui de Settepani, il roulait dans sa tête le projet de l'enlever aux Autrichiens, lorsqu'un épais brouillard venant à s'élever dans la soirée du 27, le décida à le mettre à exécution sur-le-champ. Il confia la conduite d'un bataillon à chacun de ses adjudans-généraux Joubert et Laserre, se réserva la conduite d'un troisième, et vers sept heures du soir les met en marche sur Melogno qui est surpris, enlevé. Les ennemis fuient en désordre sur Settepani, où on les poursuit. Malheureusement la difficulté de suivre des sentiers étroits et difficiles, au milieu du brouillard, causa de la confusion dans les colonnes : celle de Joubert arriva au pied des retranchemens sans s'en douter, et s'engagea corps à corps avec les Autrichiens. Bientôt les deux autres sont également aux prises. C'est un massacre épouvantable d'Argenteau reconnaissant enfin le petit nombre d'hommes qui lui disputent des retranchemens qui lui ont coûté tant de sang, ouvre la barrière à ses réserves, et les lance sur ces quinze cents audacieux. Cet effort fut décisif; ils furent culbutés et ramenés l'épée dans les reins

« PreviousContinue »