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l'armée au avait divisé sa grande armée en deux, et confié sur le Haut- au général Wurmser le commandement de celle

trichienne

Rhin.

du Haut-Rhin. Le gros de ses forces se concentra vers Fribourg où le quartier-général fut placé le 23 août.

Pichegru avait successivement porté le sien à Plobsheim, à Ottmarsheim, à Brisach, à Huningue, soit pour exécuter le projet de passage médité, ou pour mieux suivre ses relations avec les émigrés.

Tout prit un aspect menaçant sur les frontières de Suisse; les cantons inquiets firent former un cordon pour garantir leur neutralité, qui reposait d'ailleurs bien moins sur de faibles postes que sur le respect au droit des gens et sur l'esprit national. Cependant la campagne venant enfin à s'ouvrir dans les premiers jours de septembre sur le Bas-Rhin, détourna l'orage des environs de Bâle. Mais avant de rapporter les opérations militaires qui en résultèrent et qui appartiennent à la seconde période, il est convenable de porter nos regards sur ce qui se passait en Italie, en Espagne, et dans l'intérieur de la France, durant la longue inaction des deux partis sur la frontière d'Allemagne.

CHAPITRE XLVII.

Les

Expédition en Corse. - Bataille navale d'Alassio. - Plan de campagne des puissances belligé rantes pour s'emparer de la rivière de Génes. Force et emplacement des armées. Austro-Sardes prennent l'offensive et forcent les Français à battre en retraite. - L'armée française occupe la ligne de Borghetto en attendant des renforts. Combat naval des îles d'Hyères.

Le gouvernement français n'ayant rien à crain

dre du côté de l'Italie pendant la mauvaise saison, crut pouvoir disposer sans danger d'une partie des troupes des deux armées qui gardaient cette frontière, pour les employer à une expédition maritime, destinée à la fois à porter l'épouvante sur les côtes de la Toscane, et à reconquérir la Corse, où les Paolistes én dissension ouverte avec le vice-roi Elliot, semblaient maintenant disposés à favoriser les républicains.

A cet effet, il ordonna vers la fin de janvier au général Schérer, commandant l'armée d'Italie, de détacher à Toulon, sous les ordres

Projet de
Schérer

des généraux Laubadère et Garnier, un corps de 16 à 18 mille hommes, qui fut remplacé à celle-ci par environ 8 mille fantassins et 500 chevaux tirés de l'armée des Alpes.

Déjà par l'activité de ses agens, la marine avait mis, à la fin de 1794, une belle escadre en état de tenir la mer; mais c'était peu d'avoir dans les rades de Toulon 12 vaisseaux de ligne; il fallait d'autres moyens pour transporter une division aussi considérable, soit sur la côte du Ponent, soit en Corse. L'on crut d'abord avec d'autant plus de fondement que l'expédition serait ajournée, qu'à la suite du résultat déplorable de la sortie intempestive de la flotte de Brest, la division désignée pour venir la renforcer, avait été obligée de rentrer dans ce port, et que, dans l'état actuel, l'escadre française ne serait pas de force à lutter contre celle de lord Hotham qui croisait entre les îles d'Hyères et la Corse; mais le zèle des représentans, enflammé par les obstacles, vint à bout de les surmonter, et l'expédition fut prête à mettre à la voile à la fin de février.

A cette époque, la cour de Florence ayant rejeté par déjà fait sa paix particulière avec la république, le comité. et l'armement ne pouvant avoir pour objet que de chasser les Anglais de la Corse, Schérer proposa vainement aux délégués de la Convention d'ouvrir la campagne par un coup d'éclat, en

détachant de l'expédition, lorsqu'elle serait parvenue à hauteur de Saint-Florent, une division de cinq à six mille hommes sur Finale ou Vado, afin de jeter la terreur sur les côtes de l'Etat de Gênes, et de s'emparer des débouchés principaux de l'Apennin, avant que les Austro-Sardes fussent en mesure d'opposer une vive résistance. Son avis fut rejeté : l'on prétendit que 10 à 12 mille hommes d'élite ne suffiraient pas pour conquérir la Corse, où il n'y avait pas plus de huit mille Anglais déjà détestés, et contre lesquels la population entière était prête à se soulever. Quoi qu'il en soit, Schérer eut ordre de se tenir sur une défensive absolue pendant tout le temps de l'expédition, et de mettre en état de défense toute la côte depuis Marseille jusqu'à Vintimiglia. Le 3 mars, l'amiral Martin, accompagné du L'escadre représentant Letourneur, mit à la voile avec quinze vaisseaux de ligne, six frégates et trois la Corse. corvettes. Leur intention était de chercher la flotte de lord Hotham, qu'ils croyaient trouver dans les eaux de St.-Florent, de l'y combattre, de jeter ensuite à terre environ 4 mille hommes dont les vaisseaux de haut-bord étaient chargés, d'aller ensuite parcourir la Méditerranée, tandis que le convoi sous l'escorte de trois frégates et de quelques autres bâtimens légers, laissés dans les rades de Toulon, viendrait débarquer en Corse,

de Toulon

cingle vers

Prise du Berwich par les

par des

Cette disposition prouve de la prudence: on ne voulait point exposer le convoi à faire le Français. trajet avant d'avoir assuré son passage; mais les calculs de l'amiral et du représentant manquèrent de justesse. Lord Hotham se trouvait à Livourne depuis quelques semaines, et il ne restait plus dans le golfe de St.-Florent que le Berwick, de 74 canons, qui, retardé réparations, s'était mis en route le 6 pour rejoindre à Livourne. Découvert le lendemain au point du jour par l'escadre française, trois frégates lui donnèrent aussitôt la chasse. L'Alceste, la plus fine voilière, l'ayant atteint la première, l'attaqua, et soutenue bientôt par les deux autres qu'une division de vaisseaux de ligne s'apprêtait à appuyer, elle le força d'amener au bout d'un quart d'heure, l'amarina et l'envoya de suite à Toulon. L'amiral Martin se félicitait de cette heureuse rencontre, lorsqu'un coup de vent démâta un de ses vaisseaux et en sépara un autre.

Combat

naval d'Alassio.

Cependant lord Hotham, informé de la sortie de l'escadre française, ayant mis à la voile de Livourne le 7 avec treize vaisseaux de ligne, cinq frégates et un brûlot anglais, deux vaisseaux de ligne et deux frégates napolitains, l'atteignit le 13, à dix milles environ d'Alassio, sur la côte de Ponent. Martin voyant son infériorité, voulut éviter le combat; mais le Ça-ira, dans une manoeuvre, ayant perdu ses deux mâts de hune en

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