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partielles et déconsues des escadrons castillans. Plusieurs même furent culbutés sur Villa-Macolum, et ne durent leur salut qu'à la protection des batteries de gros calibre, placées sur la droite de la Fluvia. Bien que le combat devint alors plus vif, Sauret, par ses bonnes dispositions, mit son convoi à l'abri, et ramena dans son camp plus de 300 chariots de grains et de nombreux troupeaux; trophées moins glorieux qu'utiles, d'une entreprise timide, que la pénurie seule avait commandée.

Comme il arrive presque toujours dans les affaires indécises, les deux partis s'attribuèrent la victoire; et en cela Schérer s'abusa moins que le comte Urrutia, car il montra de la justesse dans le coup-d'oeil, et manoeuvra bien. Le général espagnol, au lieu de quitter la belle position d'Oriols, à une lieue en arrière de la Fluvia, aurait dû faire tous ses efforts pour y attirer son adversaire; et lui livrer bataille dans la vallée, la rivière à dos.

de la

espagnole.

Quoi qu'il en soit, ce combat doublant la Les Français confiance que le comte Urrutia avait de lui- sont chassés même et de ses troupes, il détacha aussitôt de Cerdagne Girone le général Cuesta avec une forte division, pour chasser les Français de la Cerdagne espagnole. Ce corps, après avoir franchi le col de Moyans, surprit les postes d'Ofriège et d'Yer. Le général Charlet n'eut pas le temps de rassem

bler ses cantonnemens disséminés; un de ses lieutenans investi dans Puycerda, après avoir soutenu une canonnade de deux heures, fut fait prisonnier avec 400 hommes qui s'y trouvaient.

Cette affaire termina la guerre, à laquelle le traité de Bâle mit fin le 12 juillet. Bien que de ce côté, comme en Biscaye, rien ne fût désespéré; qu'il y eût même des chances de succès en faveur des Espagnols; le favori, qui avait jusqu'alors attisé la guerre, craignant que sa prolongation ne causât sa chute, consentit à acheter la paix par des sacrifices, et céda une colonie, pour retenir le pouvoir qui lui échappait.

Les choses furent rétablies en Europe, par le traité de Bâle, sur le même pied où elles étaient en 1792 mais la France se fit céder la partie espagnole de St.-Domingue; acquisition plus embarrassante qu'utile, dans l'état de bouleversement où se trouvait le reste de la colonie, et dont le moindre résultat devait être la perte du commerce interlope avec l'Amérique, qui se faisait par l'entremise des habitans espagnols de l'île. La France, privée de communications avec ses propres colonies, ne gagnait rien à en acquérir de nouvelles ; et la cession stipulée en sa faveur mit, par la tournure des événemens, l'île entière de St.-Domingue sous l'influence anglaise.

Quoi qu'il en soit, le traité fut également bien

accueilli dans les deux pays; en Espagne, surtout, où l'on espéra qu'il cicatriserait promptement des plaies profondes: et, comme la faveur des souverains couvre souvent la turpitude des ministres, celui qui le signa pour ainsi dire malgré lui, le duc d'Alcudia, reçut le beau titre de prince de la Paix.

Mais, quittons ce théâtre trop malheureusement teint de sang français, au mépris des intérêts nationaux; et portons nos regards sur une contrée, où une paix inal affermie et odieuse aux deux partis, va donner lieu à de nouveaux chocs.

CHAPITRE XLIX.

Projet pour une descente sur les côtes de France. -Hoche déjoue les intrigues de Cormatin, et le fait arreter -Renouvellement des hostilités en

Bretagne.

· Combat naval de Lorient. — Ex

pédition de Quiberon. émigrés.

Hoche J détruit les

L'AUTRICHE, AUTRICHE, en resserrant les liens qui l'attachaient à l'Angleterre, sentit le danger de rester seule exposée à tout le poids des efforts de la république sur le continent; et, appréciant de plus en plus l'avantage d'une diversion puissante en Vendée, elle pressa son alliée d'y faire une expédition, capable d'amortir les coups qui lui seraient portés sur le Rhin. D'un autre côté, le cabinet de St.-James, obsédé depuis neuf mois

par le comte de Puisaye, résolut enfin de tenter une descente sur les côtes de France. D'après les assurances données par cet agent, nulle diversion n'était plus propre à remplir les désirs du cabinet de Vienne. La pacification de la Bretagne et de la Vendée n'était qu'illusoire; les chefs n'attendaient que le signal de reprendre les armes, et l'occupation d'un point de la côte

par une force auxiliaire devait décider les habitans du Cotentin à secouer le joug de la Convention. Séduit par ces flatteuses promesses, le cabinet de Londres, moins jaloux de favoriser la rentrée des Impériaux en Belgique, ou de rétablir la royauté en France, que de trouver l'occasion de prendre possession de Brest et de Cherbourg, dont il était possible que des imprudens lui curassent l'entrée; fit les préparatifs de l'expédition avec une telle activité, que ses alliés en espérèrent les plus heureux résultats.

pro

tion de

pédition.

Elle devait se composer principalement des Composilégions d'émigrés français à la solde anglaise, l'armée d'exformant environ 6 mille hommes. C'était moins sur la force numérique de ce corps qu'on fondait de grandes espérances, que parce qu'il fournirait d'excellens cadres aux masses de paysans armés pour la cause royale. Il y avait de plus une division de troupes britanniques de pareille force, un régiment d'artillerie et le matériel nécessaire à une armée de 80 mille hommes.

Le ministère anglais, autant pour éloigner de lui tout soupçon d'arrière-pensée, que pour assurer le succès de l'expédition projetée, crut agir prudemment en confiant le commandement. des troupes de débarquement au comte d'Artois, réclamé avec ardeur par les vendéens et les chouans, et qui lui-même avait sollicité plusieurs

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