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bouchure. Ce projet, encore plus vicieux que le premier, puisqu'il portait la majeure partie de l'armée dans un cul-de-sac, eut le sort qu'il méritait.

Conformément à ses instructions, Augereau, ayant laissé 2 mille hommes sur les hauteurs de Roses et d'Armadas, passa la rivière sans difficulté, et déploya sa division dans la plaine, dominée par l'ermitage de Ste-Anne, où il plaça de suite une batterie pour chauffer Bascara et Calabuix. Le général Arias, commandant l'avantgarde espagnole, la fit à l'instant contrebattre par des pièces de gros calibre; puis se rapprocha des bords de la Fluvia avec de l'artillerie légère et plusieurs régimens, afin de la passer au gué d'Arenys et de déborder la gauche de cette division. Augereau, inquiet de cette manoeuvre, céda insensiblement du terrain, et revint sur les hauteurs de Pontos et d'Armadas. Dès que Urrutia s'en aperçut, il ordonna à son quartiermaître-général O'Faril, de passer la Fluvia et de suivre chaudement les Français, afin de les retenir dans cette position pendant que Vives et la Romana en tourneraient la droite, et que le comte de St.-Hilaire abordérait la gauche avec sa cavalerie. Augereau, par sa prudence', échappa à ce triple danger, et la bonne contenance de son arrière-garde rompit tous les efforts de l'ennemi.

Bien que Schérer n'eût rencontré que trois ou quatre cents hommes pour lui disputer le passage, il n'osa pourtant s'aventurer de l'autre côté, après avoir reçu l'avis de la retraite de son lieutenant : et il fit bien; car on ne sait trop comment il s'en serait tiré, ayant dans ce coupegorge toute l'armée espagnole sur les bras.

en Biscaye.

Tandis que ces événemens se passaient sur les Operations bords de la Fluvia, le général Moncey donnait tous ses soins pour l'embrigadement des corps isolés, et la recomposition des bataillons de grenadiers destinés à former des réserves dans chaque division: d'un autre côté, il pressait le général Lespinasse d'achever les équipages de siége, de campagne et de ponts, qu'on assemblait à Bayonne.

Le comité avait chargé le colonel Marescot, qui venait de se signaler par la prise de Maëstricht, de diriger les attaques de Pampelune; et tous les préparatifs compatibles avec la pénurie générale se faisaient à cet effet, en attendant les renforts promis.

Dans cet intervalle Moncey crut devoir tenir en haleine les troupes qui lui restaient. A sa gauche, destinée à un rôle passif, il envoya camper sept bataillons de la division Mauco sur le col de Lindous, à l'entrée du val de Roncevaux; tandis que

lá droite formant des camps à Iziar et à Aldava, entre la Deba et l'Urola, faisait tâter différens postes, qui couvraient l'aile gauche du prince 'de Castel-Franco, et préludait à l'ouverture de la campagne, en enlevant celui de Muzquirnechu qui liait Elosna à Elgoybar (1). Quelques démonstrations furent également dirigées vers Ascarate, au point d'intersection du corps de bataille de l'ennemi avec son aile gauche.

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Toutefois, l'armée n'était pas encore en état de prendre l'offensive. Ne pouvant s'enfoncer dans la péninsule avant d'être maîtresse de Pampelune, elle aurait été probablement restreinte à la défensive, si le gouvernement n'avait fait filer en toute hâte de la Vendée, un corps de 12 mille hommes, qu'il remplaça dans ces contrées par une division de l'armée qui venait de réduire Luxembourg. Le comité de salut public, en se décidant à cette mesure, reprit son premier projet, et recommanda aux généraux Schérer et Moncey de l'exécuter en tous points. Il réintégra même le général Sahuguet, pour aller prendre le commandement de la division du val d'Aran; et enjoignit au représentant Blad d'aller s'établir à Toulouse, pour entretenir une correspondance

(1) On trouvera les principaux endroits indiqués, sur le croquis particulier aunexé à la planche 3. - Ceux qui voudront suivre tous les mouvemens consulteront les cartes de Roussel ou de Lopez.

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active avec les généraux qui devaient concourir à son exécution, tant en Catalogne et en Cerdagne, qu'en Navarre et en Biscaye. Malgré ces dispositions formelles, le projet, comme on le verra, fut modifié en ce qui concernait les deux expéditions sur le centre; Sahuguet reçut une autre destination; et toutes les troupes venues de la Vendée, renforcèrent l'armée stationnée dans le Guipuscoa.

L'espèce d'inaction forcée dans laquelle les armées opposées restèrent durant la majeure partie des mois de mai et de juin, accrédita les bruits de paix, auxquels les fréquentes entrevues du marquis d'Yranda et du général Servan donnèrent lieu. Mais bientôt l'apparition dans le golfe de Gascogne d'une escadre espagnole qui captura plusieurs bâtimens de commerce français; et, l'arrivée des renforts envoyés de l'intérieur de la république, les firent évanouir : de part et d'autre, on ne songea plus qu'à se mesurer de nou

veau.

Avant de recommencer les hostilités, Moncey perdit trois de ses meilleurs lieutenans, Frégeville, Marbot et Laborde, destitués par les représentans en mission, comme fauteurs du système de dévastation, suivi dans la campagne précédente à l'égard des habitans du Guipuscoa : exemple remarquable de justice distributive, qui frappait les innocens pour sauver le coupable.

Pyrénées

L'armée des Enfin, le 25 juin, la première colonne de la occidentales division de l'Ouest étant arrivée, le général Monl'offensive. cey résolut de prendre immédiatement l'offen

prend

Elle fond

d'abord sur

sive. Nous avons déjà dit que l'aile gauche de l'armée du prince de Castel- Franco occupait, sous le lieutenant-général Crespo, les bords de la Déba, depuis Bergara jusqu'à son embouchure; les milices de Biscaye, au nombre d'environ 10 mille, garnissaient une partie de cette frontière, en commun avec les troupes de ligne; mais disséminées dans une foule de points, mal organisées et encore plus mal armées, elles servirent plus à faire nombre qu'à arrêter l'ennemi. L'aile de Crespo se liait d'assez loin avec le centre aux ordres du lieutenant - général Filangiéri; leur jonction avait lieu au port de Lecumbery que traverse la route de Tolosa à Pampelune. Cette disposition de la ligne de son adversaire donna l'idée au général français d'isoler ces deux corps, et de les accabler ensuite l'un après l'autre.

En conséquence, le 28 juin, le général Raoul, Filangiéri. commandant le camp d'Iziar, força le passage de Ja Déba près de Sasiola, et vint prendre poste sur les hauteurs de Motrico: le 29, il occupa celle d'Urreagui, sur l'extrême gauche de l'ennemi qu'il menaçait de prendre à revers. Le même jour, le général Willot, avec sa division, partagée en deux colonnes, manoeuvra contre le centre et la droite de Crespo; tandis qu'un troisième

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