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postes en avant de Seu d'Urgel.

ques jours de repos à ses troupes, après la red-
dition de Roses, que,
voulant établir ses quar-
tiers d'hiver en Catalogne, il ordonna au général
Charlet de prendre l'offensive en Cerdagne; de
déloger les Espagnols postés en avant de la Seu-
d'Urgel, et de prendre en flanc ceux qui cou-
vraient Campredon. Cinq colonnes, après avoir
marché toute la nuit du 17 février, attaquèrent
le 18 avant le jour les postes de Bexach, d'Estu-
nia, de Bar et d'Aristol. La première ayant sur-
pris les Espagnols, était sur le point d'atteindre
son but, quand ceux-ci venant à recevoir du ren-
fort, la rejetèrent, après un combat opiniâtre,
de l'autre côté de la Sègre. Les détachemens qui
devaient s'emparer de Bar et d'Estunia, rempli-
rent mieux leur tâche: mais l'attaque sur le pre-
mier poste ayant échoué, ils furent obligés de
se retirer durant la nuit, de peur d'être pris
en flanc. La colonne, dirigée sur Aristol avait eu
de grands obstacles à surmonter; pour y arri-
ver il fallut franchir le pont de Bar, défendu par
un gros corps espagnol. Cette entreprise offrant
des difficultés, le commandant républicain fit
jeter une partie de ses soldats à la nage, et par-
vint ainsi sur la rive gauche de la Sègre. Alors
l'ennemi étonné abandonna sa position, et se re-
tira sur Arsègre; d'où il rentra le lendemain dans
les postes que les Français avaient évacués la nuit,
suite du mouvement général.

par

Le mauvais succès de cette tentative détermina Combat de Baniolas. le général Pérignon à tourner ses efforts du côté de la Fluvia. Le 28 février et les jours suivans, il fit parader quelques corps de cavalerie sur la droite des Espagnols, dans la vue d'engager le comte Urrutia à dégarnir son centre et sa gauche. En effet, le 1er mars, mars, deux fortes colonnes passèrent la Fluvia la première, composée d'environ 5 mille hommes d'infanterie, et de 300 chevaux, sous les ordres du général Augereau, déboucha de Bezalu, et se porta sur Baniolas : l'autre, commandée par le général Sauret, forte de 4 mille fantassins et de 150 chevaux, franchit la rivière en face de Bascara, avec l'instruction de marcher parallèlement à la première, afin d'être en mesure de la soutenir. L'objet de ce mouvement était, à ce qu'il paraît, de couper la ligne espagnole et d'en rejeter la gauche sous Girone, pour ensuite accabler la droite dans le cul-de-sac formé par le Ter, la Fluvia et la mer. Mais, si ce but était sage, les moyens, pris pour y parvenir, ne répondaient point à ce qu'on devaitattendre d'un général qui avait si bien manœuvré dans la mémorable journée de Figuères. D'ailleurs Urrutia devina le projet de son adversaire, et ne laissa sur la droite qu'un rideau de troupes légères, pour masquer à la cavalerie républicaine le départ des forces dirigées vers les points qu'il supposait devoir être sérieusement

attaqués. L'occasion paraissait belle d'accabler les deux colonnes de Pérignon, en concentrant toutes les forces en arrière de Baniolas. Cependant, soit que le général espagnol ne calculât pas tous les avantages qui pouvaient résulter de cette manoeuvre, soit que le découragement de ses troupes ne lui permit pas de s'écarter du rôle défensif, il se contenta de se mettre en mesure de repousser l'agression dont il était menacé.

La colonne du général Sauret rencontra l'ennemi la première. Croyant n'avoir affaire qu'à de faibles postes, elle s'était avancée, sans beaucoup de précautions, à plus d'une lieue de la Fluvia: mais, là, elle fut arrêtée par les divisions des généraux Cuesta et Iturigaray, qui s'engagèrent aussitôt, et la forcèrent, après un combat assez vif, à repasser la rivière au plus vite.

Le général Augereau, qui conduisait la colonne de Bezalu, ignorant l'échec essuyé par son collègue, poursuivit sa marche sur Baniolas, lorsqu'il aperçut avec surprise, à la hauteur de Sernia, un corps nombreux s'avancer en bon ordre pour le combattre. C'était le chef d'état-major O'Farril, à la tête de la division Vives, à laquelle s'étaient ralliés plusieurs régimeus de cavalerie. Augereau fit halte dans une position excellente, couverte par un ravin profoud, et un bois qui garnissait à la fois ses flanes et ses derrières. O'Farril

sentit alors que la supériorité numérique ne compenserait pas les avantages d'un pareil poste, et fit mine de se retirer, afin d'attirer les Français sur un terrain moins désavantageux pour lui, et de donner aux renforts qu'il attendait le temps d'arriver. Son stratagème réussit : l'avant-garde d'Augereau se mit à la poursuite des Espagnols, qui se replièrent lentement en combattant, et ce général lui-même se porta en avant, avec le reste de sa division. Arrivé dans la plaine vers trois heures, il y trouva l'ennemi rangé en bataille, et disposé à recevoir le choc : l'action s'engagea aussitôt et se soutint jusqu'au soir avec des succès variés. Finalement, les efforts des Français şe brisèrent contre le centre et la gauche des Espagnols; Augereau s'apercevant à la chute du jour que O'Farril faisait manoeuvrer sa cavalerie par la gauche pour le couper de Sernia, ordonna la retraite, qui d'ailleurs s'effectua en bon ordre. Le lendemain, Augereau, informé de l'échec de Sauret, évacua Bezalu, puis rentra dans son camp sous Figuères, abandonnant quelques caissons, et un petit nombre de prisonniers. Immédiatement après cette affaire, Urrutia fit retrancher le col d'Oriols, y porta son avantgarde, construisit un pont sur pilotis en avant de Bascara, et jeta des postes d'avertissement sur la gauche de la Fluvia. Pérignon, abreuvé de dégoûts et navré de l'injustice du comité, ayant

quitté l'armée à cette époque, les Français laissèrent exécuter tous ces travaux, sans y mettre aucun obstacle; et, à l'exception de quelques affaires de postes en Cerdagne, tout le mois de mars s'écoula dans une parfaite tranquillité. Premier Le général Schérer arriva au commencement Bascara. d'avril: dès qu'il eut pris les renseignemens sur

combat de

le personnel et le matériel de l'armée, il prescrivit au général Augereau de pousser, le 24

avril, une reconnaissance sur la rive droite de la Fluvia, vis-à-vis d'Orfans, entre Bascara et Bezalu. Le général Bon, ayant franchi sans obstacle cette rivière en évitant de s'engager avec l'avant-garde ennemie, rapporta qu'il était facile de replier la ligne jusques sous les murs de Girone. Schérer le crut, et s'imagina pouvoir débuter par un succès. En conséquence, il ordonna au général Augereau de se présenter le lendemain devant Crespia, puis de forcer le pont d'Esponella; tandis que lui-même tenterait de passer la rivière sur celui de Bascara, et le général Sauret, plus bas, au gué de San-Pedro-Pescador. Cette attaque de front devait être soutenue par une diversion du général Charlet en Cerdagne, contre les postes qui couvraient la Seu-d'Urgel et Campredon.

Ce projet mal digéré ne pouvait obtenir d'heureux résultats, quand bien même, par un fatal hasard, le comte Urrutia n'eût pas arrêté pour

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