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soient un germe de corruption, où l'humidité croupissante produisoit des exhalaisons puantes et mortelles. Après les gros débordemens, il paroissoit dans ce canal une quantité immense d'écrevisses. Les eaux, en décroissant découvroient graduellement le lit, et une grande quantité de ces animaux, surpris par la chaleur, y mouroient et infectoient l'air.

Or, en considérant, qu'une veine d'eau de la rivière pouvoit remplir différens objets, et en même tems éviter tous les inconveniens, j'ai établi la jonction de la Vargounka avec le Don.

Il est à remarquer, que la Vargounka n'est qu'un petit torrent, qui se forme derrière le fort de S.e Anne, qui en été reste à sec, en n'offrant que l'aspect d'un ravin ou d'une fondrière, qui aboutit au dit canal de la Protoka; et ce n'est que jusqu'au commencement du mois d'août, qu'il existe un filet d'eau, qui parvient jusqu'au pied de la ville.

Pour épargner la main d'œuvre j'ai profité de l'emplacement, c'est-à-dire du creux, ou des bas fonds, qui servoient de lit à la Vargounka en printems. C'est du point H jusqu'au point y (PL.III.) que j'ai suivi l'ancien cours, afin de creuser le moins possible; et en même tems j'ai rectifié plu

tité des travaux exécutés dans la suite des siècles, ont en plusieurs endroits comblé les plaines et les vallées, et causé la profondeur, où l'on découvre aujourd'hui une quantité immense d'animaux, de fossiles, et de plantes étrangères.

La nature peut se développer lentement (dit Bailly) tout confondre et tout compliquer pour se cacher. L'homme devancera toujours les siècles et il marquera ses œuvres du sceau de la certitude.

Si j'avois à sasser les raisonnemens de tous ceux qui ont parlé des dépouilles d'éléphaus, de rhinocéros et des plantes qu'on fouille dans les régions septentrionales, tandis qu'elles ne peuvent subsister que dans les pays les plus chauds, il y auroit beaucoup à dire, puisque les avis des géologues sont partagés, pour expliquer la cause du phénomène.

Pour supposer, que dans les tems primitifs, il y eut un plus grand degré de chalenr aux pôles, on peut imaginer différentes hypothèses.

Le systême de Descartes, le roman de Buffon, et la Protegée de Leibnitz tombent d'abord sous les On s'est figuré en premier lieu, que la yeux. Terre a été un Soleil, qui s'est éteint lorsque les matières combustibles ont été consumées, que sa croûte a été vitrifiée par cet incendie général;

qu'il s'y est formé des cavités et des soufflures plus ou moins considérables; enfin que la Terre se refroidit, que les eaux réduites en vapeurs condensées, ont formé les Mers, qui couvroient à cette époque les plus hautes montagnes.

En second lieu on a supposé, qu'une comète eût communiqué au Globe une vive chaleur. En troisième lieu, que le Soleil avoit plus d'intensité sur notre Globe, par les substances dont il est composé, en partie combustibles, et qu'il a été dans un état de déflagration. Qu'une partie en a été scorifiée. L'on s'est appuyé sur les tâches qu'on apperçoit à sa surface, qui annoncent une véritable combustion.

Il y a eu quelques autres enfin, qni ont tout attribué à la chaleur centrale primitive.

Si l'on se rapporte aux anciennes traditions, et que l'on admette le printems perpétuel; c'est alors, que la température douce de la Tartarie et plus encore la chaleur aux pôles pourroient être expliquées, mais les théories astronomiques sont elles d'accord avec cette tradition?

On trouveroit d'ailleurs dans ce changement la cause d'un mouvement successif des eaux de la Mer sur la surface de la Terre; ce qui ne se manifeste pas d'une manière assez convaincante.

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Aujourd'hui dit Mr. de Fontenelle (hist. de l'Acad. 1722, p. 2) que la physique est sortie de l'enfance, il n'est plus question des jeux de la nature et des effets du hasard, pour expliquer l'origine des coquillages fossiles; c'est un point décidé; tout le monde savant l'attribue à la Mer, et plusieurs naturalistes les ont appellé les reliques du déluge.

Pour ce qui concerne la chaleur, qu'on voudroit accorder au Globe dans les tems primitifs, si l'on doit se rapporter à Columellc, Juvenal, Strabon et Varron, d'autres conjectures pourroient avoir lieu ici.

La température de Rome déposeroit contre le systême, que le Globe va sans cesse en se réfroidissant (De re rustic. lib. 1. cap. I. Columelle). On ne voit plus dans cette capitale d'hivers, tels que celui qui fit périr tous les arbres dans cette ville,

il

y a vingt un siècles. Le Tibre n'y gèle plus comme au tems de Juvenal. On n'éprouve pas à Paris ces frimats, dont l'Empereur Julien gémissoit. On plante avec succès des vignes en Bourgogne et des oliviers en Provence, ce qui étoit impossible aux Gaulois contemporains des premiers Césars (Strabon Géogr. lib. 4 et Varron de ra rustica lib. I. )

Bien loin de généraliser le phénomène, ces résultats ne sont, ni peuvent être, que partiels.

Quant à la chaleur, parmi les autres élémens il est à considérer l'état de la surface de la Terre. Les terrains humides, couverts de forêts, de lacs, de Mers sont en général plus froids, que les terrains nus. Dans notre cas il est à remarquer les grandes forêts qui existoient anciennement, dans les régions dont il s'agit, qui ont été abattues; autre part la surface de la Terre cultivée, desséché des marais, resserré le cours des fleuves.

D'ailleurs il faut mettre sous le calcul le grand défrichement des montagnes; et voilà des causes partielles qui peuvent démontrer le changement de température, et expliquer comment il est arrivé, qu'un climat autrefois rigide, est devenu plus doux, et que la terre remuée, labourée produit aujourd'hui des fruits, qu'elle ne produisoit anciennement. Mussenbroek, convenant dans ce principe, a beaucoup accordé à l'action des sels, , pour modifier la température extérieure du sol.

Sans m'enfoncer sur les anomalies de la chaleur des hautes montagnes, qui peut augmenter ou diminuer, suivant certaines circonstances, ni entrant dans des raisonnemeus sur des régions situées auprés des Mers, l'on peut dire en général, que

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