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la raison doit se taire, s'il y a des observations qui se contredisent; pour lors il reste d'en étudier les causes, pour en expliquer les effets. Si dans les sciences d'observation on se laisse emporter par une impulsion séduisante, le jugement se dégrade, et l'amour propre joint ses poisons aux prestiges qu'on chérit.

Après avoir pris en considération les conjectures qu'on a faites sur l'influence, que peuvent avoir les astres sur sur notre Globe, l'on doit jetter un coup d'œil sur tous les ressorts qui existent dans les entrailles de la Terre; à sa surface et dans notre atmosphère.

Sans aller chercher des causes ailleurs, depuis que la physique a entr'ouvert le rideau derrière lequel la nature travaille; le philosophe n'a qu'à considérer l'activité non interrompue des fleuves tous les mouvemens des eaux, l'impétuosité des vents, les volcans, les moffetes, la chaleur centrale, la dégradation des montagnes et les travaux des hommes: causes très-réelles, qui par le laps du tems ont produit et peuvent produire des changemens sensibles.

L'on a même remarqué en géologie des espèces de pierres, qui semblent se former tous les jours dans la Terre, dans des cavernes, fentes

fentes et schissures, déduites par des principes séminaux, qui se développent par juxta-position et par apposition, comme les cristallisations, les incrustations, les stalactites, les stalagmites, des sédimens et des pétrifications. Voilà des molecules terrestres, salines, minerales, cristallines, bitumineuses diversement mêlées qui s'unissentensemble.

Ce qui a produit des considérables changemens sur la surface et dans l'intérieur du Globe, et qui fournit à l'homme un spectacle fort imposant, ce sont les volcans cnflammés et les fleuves. Sénéque dit, que le feu et l'eau sont les arbitres souverains de la nature. C'est à ces deux élémens, qu'elle doit son commencement et sa fin.

On peut lire Hérodote, Thucydide, Polibe, Platon, Aristote, Strabon, Pomponius Mela, Diodore de Sicile, Aristide, Sénéqne, Ptolémée, Pline, Varenius, de Buffon, Tournefort, Fournier, Stenon, Sulzer, Scheuchzer, Rays, Vallisnieri, d'Anville, de Luc, Bertrand, etc. qui ont recueilli bien des faits sur des changemens considérables, aisément reconnoissables, et qui représentent une image funeste de subversions; villes abimées, montagnes renversées, campagnes englouties, vallées comblées, promontoires détachés du

Continent, rivières détournées, lacs formés, abîmes ouverts, îles produites.

Ces grandes révolutions (dit Mr. de Jussieu ) dont nous n'avons plus d'exemples, si peu vraisemblables, hormis pour les Philosophes, sont de jour en jour plus attestées par des monumens authentiques, et par des espèces d'histoires écrites de la main même de la nature,

Pour commencer à parler des suites des volcans il est à remarquer, que la premiere éruption de

l'Etna suivit environ 1500 ans avant l'ère chrétienne.

C'est en 470 avant l'ère chrétienne, qu'il y eut un tremblement de terre, qui renversa le mont Taygète, détruisit Lacedemone, engloutit 20,000 de ses habitans et ouvrit plusieurs gouffres dans les environs. Collect. acad. t. VI. )

Quatre vingt douze ans avant l'ère chrétienne, Modène éprouva un grand tremblement de terre ; deux montagnes des environs furent ébranlées violemment, et parurent s'entre choquer, en jettant des tourbillons de flamme et de fumée. Pline cite ce fait.

La premier éruption du mont Vésuve est rapportée à l'année '79 de l'ère chrétienne, précédée de grandes chaleurs de tremblemens de terre,

des bruits comme des tonnerres, etc. suivie de la pcste. Heraclée, que l'on vient de trouver à 60 pieds de profondeur fut engloutie dans ce tems-là; et depuis cette époque jusqu'à l'année 1694 l'on comptoit vingt une éruptions mémorables. Pompeï, Herculanum, et Stabies trois villes au sud-ouest du Vésuve disparurent il y a dixsept siècles. La ville d'Herculanum se trouve aujourd'hui sous celle de Portici la nature des décombres, qu'on en retire, prouve son ancienne existence. L'an 17 de l'ère chrétienne, pendant la nuit, un tremblement de terre renversa douze ville d'Asie, selon Pline et Tacite, quatorze selon Nicephore, onze selon Saint Augustin. Elles sont nommées, Ephèse, Magnesie, Sardis, Mosthene, Hiérocésarée, Philadelphie, Tmole, Tymé, Myriue, Cimé, Apollonie, Hyriane, Dia, Cibara, etc. On rapporte, que ce tremblement ébranla la Sicile, la Calabre et plusieurs endroits du Pont, où la terre s'étant entr'ouverte, laissa voir des squéletes d'une grandeur prodigieuse.

L'an 177. de l'ère chrétienne, sous Marc Aurele, Smyrne fut renversée par un tremblement de terre.

Le premier tremblement, dont il soit fait mention dans les annales de la Suisse est celui, dont parle Marius, evêque d'Avanche, dans sa croni

que. En 563., dit-il, une grande montagne dans le Valais s'écroula subitement.

C'est en 860, qu'on éprouva un grand tremblement de terre dans la Syrie, en Perse, en Chorasan en Palestine. On entendit des bruits extraordinaires, et c'est dans la Collection académique, qu'on lit, qu'il périt alors 45,000 personnes. La Mer ferma avec du sable l'embouchure du Rhin auprès de Catt, d'où il résulta une grande inondation. Le Rhin renversa tout ce qui se trouva sur son passage et se jetta dans le lit de la Meuse.

En 1180. une partie de la ville de Naples fut détruite, celle d'Arian fut engloutie, et quelques autres entierement renversées.

En 1348 il y eut 36 villes ou châteaux qui furent renversés dans la Hongrie, la Stirie, la Carinthie, la Bavière et la Souabe. La terre s'entr'ouvrit en différens endroits. On crut que les exhalaisons puantes, que ce tremblement produisit, furent cause de cette peste, qui se répandit par toute la Terre, qui dura trois ans, et qui, à ce que l'on estimoit, fit périr le tiers du genre humain, ainsi qu'on lit dans le recueil de mémoires sur différens traités de l'histoire naturelle par le trés-connu

Mr. Elie Bertrand.

Trois vers, qui se lisent sur un mur de l'église

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