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ni d'Actiar, où l'hiver consiste dans des brouillards, des pluies, des vents généraux, partiels et brise-vents, d'après la position des montagues de l'Europe et de l'Asie.

Oui, dans une même journée en hiver, les côtes sont assujetties à quatre changemens, comme je fus à portée de voir, justement à la Chersonnèse, qui formoit le sujet en question du respectable métropolitain.

Pour mettre dans son jour l'objection absolue d'un savant personnage, relativement aux brouillards qu'il suppose pas se former dans des pays méridionaux, il est à considérer toujours le local, avoir égard aux mares salines, à la distribution des montagnes, à la plage, aux vents et à la nature du sol, à son élévation et à l'approchement de la Mer.

D'ailleurs outre les brouillards, qui s'élèvent à Koslow, à la Chersonnese, à Sevastopol, etc. c'est à la fin de l'automne de même qu'en hiver, qu'il y en a de très-épais au détroit de Constantinople, qui empêchent aux pilotes fort souvent d'appercevoir les côtes; ce qui donne lieu à des bandes de Tures de la Romélie, d'allumer des feux, comme si c'étoient des fanaux ou des lampes, pour faire échouer les vaisseaux, qui viennent des Tome II.

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ports de la Mer Noire ou d'Azow, et ensuite faire des prises. Je fus à portée de voir les brouillards qui s'élèvent entre les promontoires très-connus d'Andro et Cap d'or, dans l'Archipel, ainsi qu'à Lemnos. Ces brouillards sont fort dangereux dans une Mer remplie d'écueils, et de bas fonds.

J'ajouterai encore, qu'en faisant le voyage de Corfou à Venise en 1785, à peu de distance de la forteresse de Zara, un brouillard s'éléva du sein de la Mer Adriatique, qui nous empêcha de pouvoir prendre le port de S. Jean de Veruda; d'abord les boussoles varierent; nne oscillation continuelle dans la méridienne, tandis que l'on devoit gågner le golfe nommé le Quarnaro et doubler deux fanx passages nommés les Selves, qu'on devoit laisser de côté: ce qu'il s'agissoit de faire au milieu de l'entrechien et loup, où nous étions.

Nous coûrumes le risque de périr par non-vuë. Ce ne fut que le lendemain vers midi, que le brouillard se dissipa, et que nous pûmes découvrir le clocher de l'église de Sainte Euphémie, de la ville de Rovigne, en Istrie. C'est un endroit si dangereux, qu'on prétend qu'il s'appelle Quarnaro, à cause du carnage qu'il fait des gens, qui estent engloûtis dans la Mer par les avalanches

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c'est-à-dire, qui naufragent ou par des tempêtes ou par des brouillards épais.

Le jour appellé de Sainte Thérése de la même année, je me suis trouvé dans l'endroit du golfe de Venise, nommé Premontoure. La veille de ce jour-là, vers le soir, le brouillard s'éléva si fort, qni nous empêcha de nous distinguer nous mêmes, qui étions sur le vaisseau; l'aiguille en mouvement à l'ordinaire, et nous mit dans l'impossibilité de connoître notre rhumb; dans quel parage nous étions et notre route. Ainsi l'on fit ce que l'on est accoutumé de faire dans de pareilles circonstances; l'on tira des coups de canon, pour demander du secours, après avoir déployé le pavillon de S. Marc.

Je pourroir citer une foule de faits qui s'opposent à l'assertion d'un personnage d'ailleurs trèsrespectable, lequel ne vouloit pas admettre des brouillards dans nos latitudes. J'ajouterai seulement. qu'à Tscherkask même et à la Mer d'Azow, en 'automne il arrivoit qu'à dix pieds de distance, on ne pouvoit pas distinguer les travailleurs, employés aux ouvrages que je faisois exécuter; ce qui arrivoit fréquemment, et qui duroit quelques heures du matin, jusqu'à ce que le Soleil vint peu-àpeu éclairer.

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D'ailleurs le climat est constamment agréable du côté de Taganrog, Lougan, et Bachmout.

Toutes les anomalies, que je viens de remarquer, ne sont qu'à la suite de l'état météorologique du pays; elles sont sensibles à la plage méridionale habitée par les Cosaques; le terrain étant plat, ouvert, environné de roseaux et près d'une Mer sans fond: elles sont remarquables depuis les districts nommés de Krivii, Zaplawsky, Bagayewsky, Bezserghienowsky, jusqu'à Tscherkask et à la Mer d'Azow.

FERTILITÉ DU SOL.

LE pays, que les Cosaques occupent, quoique

situé sous le climat le plus favorable à l'agriculture, ne produit que très-peu, en comparaison de ce qu'il pourroit produire; puisque la nature y est étouffée. Les terres qu'ils habitent offrent des landes agrèstes, où l'absolue nécessité a défriché quelques champs. D'ailleurs ce ne sont pas les Cosaques qui ont pris cette peine, mais des paysans

des

de la petite Russie, des Polonois, des fuyards et tombés des nuës. Cette vérité est si congens nue, que les Cosaques mêmes l'avouent.

Il est arrivé plusieurs fois que le Souverain a envoyé faire des perquisitions pour la quantité de soldats déserteurs et la foule des paysans des seigneurs Russes échappés de leurs maîtres. L'expédition la plus marquée fut par le général Tarakanow en 140.

Le Dr. Price, Mr. Anderson, le Dr. Harley, l'abbé d'Exquille, William Barton, malgré tous leurs apperçus sur la probabilité de la vie, ne parviendroient jamais à fournir un tableau de la mortalité des fuyards en question. Ces Messieurs n'auroient pas à se plaindre sur la mort prématurée de cette multitude d'individus, qui ayant le prix de la vie, n'ont pas vécu assez long tems, pour en épuiser les jouissances: le tableau des morts reste effacé par le nombre de vivans, qui paroissent sur le Don, sans s'en appercevoir.

Malgré toutes les expéditions, à la suite des plaintes des seigneurs Russes, il y a 70,000 paysans dans le pays des Cosaques; et comme le droit de possession est trop foible, ainsi l'on est encore en alarme, crainte de les perdre, ou que l'autorité suprême n'ordonne, qu'il soient rendus aux

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